falaise-de-rocamadour


 
Saint Amadour,
un parfait inconnu

 
ROCAMADOUR
 
 
Saint Amadour,
un parfait inconnu
 
 
Nouveau reliquaire pour
saint Amadour en 2016
 
 
 
ROCAMADOUR
 
Une page d’histoire ignorée
sculptée sur la falaise.
 

Vierge Noire de Rocamadour
 
La Vierge Noire de Rocamadour marque sa différence
 
 
 
Origines du sanctuaire
de Rocamadour
 
Cobra dressé à l’entrée du sanctuaire
 
 
Les sculptures sur la falaise sont la clé des origines de Rocamadour
 
 
 
ARCHÉOLOGIE
 
La falaise de Rocamadour,
un écrin fragilisé et non protégé
 
Chapiteau de colonne palmiforme
 
Un patrimoine archéologique
et historique sans équivalence
en France et en Europe
 
 
Étude archéologique des sculptures sur la falaise
de Rocamadour
 
 
 
Les purges de la falaise

 
Une lente et méthodique destruction du patrimoine
 
Les purges de la falaise
 
Vestiges archéologiques et témoignages historiques arrachés à la falaise.
 
 
Il y a des silences
coupables et
des silences troublants
 
 
 
ROCAMADOUR
 
 
Rocamadour au XIXe siècle
Les restaurations des sanctuaires (1858-1872)
 
 
Templiers à Rocamadour dans le Lot en Quercy
 
 
 
HISTOIRE & PATRIMOINE
de ROCAMADOUR

 
 
Armorial de Rocamadour
 
 
Armoiries et Seigneurie
de Rocamadour
 
 


 
L’Histoire
ne s’invente pas

 
Robert de Lasteyrie (1), membre de l’Institut, a parfaitement résumé en quelques lignes les 60 pages d’études consacrées par Ernest Rupin aux légendes sur Saint Amadour en préface du livre « Rocamadour. Etude hist. et arch. Ernest Rupin. » (2).
 
 
    « en historien sincère, il (Ernest Rupin) a dû montrer l’inanité de pieuses légendes, auxquelles on sera surpris, après avoir lu sa réfutation, que tant d’hommes éclairés et sincères aient pu ajouter foi. » ( Robert de Lasteyrie, Préface : « Rocamadour. Etude hist. et arch. Ernest Rupin » -  p. VI)
 
Sommaire
 
 
 
Le Tombeau du Saint Homme
découvert en 1166 à Rocamadour

 
 
Au centre du deuxième parvis, situé entre la chapelle Saint Michel et la chapelle Notre-Dame, l’antique enfeu taillé à même la falaise «aurait» abrité le corps parfaitement conservé du Saint Homme découvert en 1166.


Fig. 1 Le Tombeau au centre du parvis - © Charly Senet 2012

 
 
D’après Jean Rocacher, aucun document historique ne permet de savoir comment le culte de saint Amadour a été transféré de la chapelle de la Vierge Noire à l’enfeu creusé dans la falaise. (3) (Jean Rocacher. Rocamadour et son pèlerinage. Et. Hist. et Arch. 1979 p.120)
 
 
Des légendes gravées dans le marbre
comme des certitudes historiques

Avec la découverte en 1166 du corps parfaitement conservé, au seuil de la chapelle Notre-Dame de Rocamadour, va naître autour du personnage et avec la même certitude historique, une multitude de légendes différentes les unes des autres.
 
ICI
FÛT DÉCOUVERT
EN 1166
LE CORPS
PARFAITEMENT CONSERVÉ
DE
St AMADOUR

 
 
« Ici fût découvert en 1166 le corps parfaitement conservé de Saint Amadour », pouvons-nous lire d’inscrit en lettres dorées, depuis la fin du XXe siècle, sur la plaque de marbre blanc scellée au centre du fronton pyramidal surmontant l’antique enfeu creusé à même la falaise.
 
    
 


Fig.2 Inscription fin du XXe siècle

 
« Je voudrais le marbre de la certitude
pour y installer mes doutes.
 » Jean Rostand

 
Cette citation empruntée à Jean Rostand (4) m’a semblé juste à propos pour faire remarquer qu’il n’y a pas si longtemps encore, dans la seconde moitié du XXe siècle, les visiteurs pouvaient lire, gravée dans le marbre de la certitude, une légende entièrement différente et particulièrement intrigante.


Fig.3 Inscription dans le marbre au cours du XXe siècle (carte postale n° 6)

   
 
« Ici fût découvert en 1166 le corps parfaitement conservé de Zachée, l’ami de N S, St Amadour », pouvons-nous lire sur cette inscription précédente.
 
 
ICI
FÛT DÉCOUVERT
EN 1166 LE CORPS
PARFAITEMENT CONSERVÉ
DE ZACHÉE
L’ami de N S, St AMADOUR

 
 
En témoignent plusieurs cartes postales qui circulaient encore dans la seconde moitié du XXe siècle.
 
 
 
Les cartes postales anciennes
du XXe siècle en sont témoins
 
Sur un lot d’environ 200 cartes postales (n° 4, 6, 14, 26, 34, 226, 721, 1568) où apparaît cette différente et précédente inscription, j’ai relevé des dates de correspondances qui s’étalaient sur une période allant de 1906 à 1962. Un échantillonnage plus important permettrait probablement d’être plus précis sur la période et, je n’en doute pas, apporterait d’autres informations intéressantes comme la légende au bas de cette carte postale n°226 ci-dessous où il est clairement indiqué « Tombeau de Zachée  » et non « Tombeau de Saint Amadour ».
 


Fig.4 Carte postale n°226. Rocamadour. - Tombeau de Zachée et Entrée de la Chapelle Notre-Dame

 
Notons que les cartes postales de Rocamadour nous enseignent qu’il n’y avait pas de plaque de marbre à la fin du XIXe, voire au tout début du XXe siècle.
 
Notons également que l’apparition de l’inscription au-dessus du Tombeau coïncide curieusement avec la parution en 1904 de l’ouvrage d’Ernest Rupin, dans lequel il fait la preuve que les légendes qui circulent sur Saint Amadour sont fausses et fantaisistes.
Nous verrons plus loin que Mgr Enard, évêque de Cahors (1896-1906), avait fait sienne la légende de Zachée.
 
Nous devons à Ernest Rupin la première étude historique sérieuse et approfondie sur ce personnage peu commun qui soit digne d’intérêt pour l’Histoire.
 
    


Fig.5 Tombeau du Saint au début du XXe siècle (carte postale écrite en 1902)

 
 
Comment est née et s’est déformée la légende
du Saint appelé Amadour à Rocamadour

 
 
La première des légendes prend racine à la fin du XIIe siècle dans un récit de l’abbé du Mont-Saint-Michel Robert Thorigny, appelé aussi Robert du Mont (Robertus de Monte) qui rapporte dans sa « Chronique de Sigebert » le passage d’Henri II Plantagenêt à Roc-Amadour en 1170. « Henricus, rex Anglorum perrexit causa orationis ad Rocam Amatoris, [...] » (Léopold Delisle. Rouen, 1872, tome II. p.23) (5)
 
 
Henri II Plantagenêt, roi d’Angleterre de 1154 à 1189, a étendu son influence en France en épousant Aliéonor (ou Aléonore) d’Aquitaine répudiée par le roi de France Louis VII en 1152. (Pour une image véridique d’Aliénor d’Aquitaine. Edmond-René Labande) (6).
 
 
Son chroniqueur, Robert de Thorigny nous fait connaître : « qu’en l’an 1166, un habitant de Roc-Amadour ayant manifesté le désir d’être enterré sous le seuil de la chapelle élevée à la Vierge, on trouva en creusant la terre un corps humain qui était intact. Convaincu que c’était celui de saint Amadour. » Le chroniqueur ne dit pas pourquoi ajoute Ernest Rupin en commentaire dans la phrase. (Rocamadour. Etude hist. et arch. Ernest Rupin 1904. p.26)
 
« On ignorait jusque-là où ce corps était caché, mais on savait la légende du saint et qu’il avait été enterré par là. Ce corps fut exposé à la vue des pèlerins, dans une belle chasse, près de l’autel, et il se fit là, par l’intermédiaire de Marie, des miracles nombreux et jusque-là inouïs.
Tous les auteurs ont accepté, sans les discuter, la date et le récit de l’abbé du mont Saint-Michel
 » (Les miracles de Notre-Dame de Roc-Amadour au XIIe siècle. Edmond Albe. Paris 1907 p.15) (7).

 
« la découverte du corps en 1166, dont parle Robert de Torigny (en 1183), n’avait pas une très grande importance aux yeux du moine de Rocamadour qui écrivait en 1172 (les miracles de Notre-Dame de Rocamadour). La légende que le chroniqueur normand reproduit d’après les dires de certaines personnes, « dicunt quidam », n’était sans doute qu’en voie de formation, et notre moine, homme consciencieux, comme on verra, ne croyait pas que ce fût une chose assez sûre pour en parler dans un livre qu’il écrivait d’après des notes et des procès-verbaux officiels. » (Les miracles de Notre-Dame de Roc-Amadour au XIIe siècle. Edmond Albe. Paris 1907 p.23).
 
 
 
Il faut attendre le début du XIVème siècle pour voir la légende changer d’orientation et se déformer avec l’arrivée du frère prêcheur Bernard Gui. Ce religieux qui n’a écrit qu’en latin et qui aimait se nommer lui-même Bernardus Guidonis (Histoire littéraire de la France, T.35, p.139) (8)
 
Nous verrons plus loin la version de Bernard Gui et comment d’autres religieux après lui et au cours des siècles suivants ont laissé libre court à leur imagination pour donner une origine apostolique au sanctuaire du Quercy.
 
 
Trop d’écrivains ont accordé une valeur
aux légendes qu’elles n’ont pas
Ernest Rupin
 
C’est en interrogeant les documents historiques en toute impartialité qu’Ernest Rupin a montré le peu de créance que méritaient certaines légendes auxquelles trop d’écrivains ont accordé une valeur qu’elles n’ont pas.
 
« On n’écrit point l’histoire et on ne sert pas la vérité en transformant en axiome plus ou moins dogmatique l’authenticité prétendue de certaines légendes... » (Ernest Rupin, Rocamadour. Etude hist. et arch. 1904. p.12)
 
Il serait injuste de ne pas mentionner ces rares auteurs religieux qui se sont dressés avant et après Ernest Rupin comme l’abbé Armand Benjamin Caillau au XIXe siècle et Edmond Albe, chanoine honoraire de Cahors au début du XXe siècle, pour critiquer, dénoncer et montrer l’absurdité de ces légendes.
 
 
Des légendes comme s’il en pleuvait
 
 
Saint Amadour
un Ermite d’Égypte

 
« Elle (la légende de saint Amadour) se trouve relatée dans un manuscrit acquis, vers 1878, par la Bibliothèque de Marseille à la vente Bory. [ ... ] Le texte écrit en provençal est du XIVe siècle, mais la légende relatée paraît plus ancienne. » (Rocamadour. Etude hist. et arch. Ernest Rupin 1904. p.12))
 
 
Avant l’acquisition du manuscrit par la Bibliothèque de Marseille, l’Abbé Caillau indiquait dans son « Histoire critique et religieuse de Notre-Dame de Rocamadour », parue en 1834 (9), que cette légende se trouvait rapportée dans un petit ouvrage imprimé à Toulouse chez Colomier, vers 1520 en langue patoise sous ce titre : « S’en sec la vida d’el gloriosor confessor sant Amadour nouvellamment translatado en commun lengatge de Tholose. »
 
Cependant le court extrait que l’Abbé Caillau nous propose pages 38 et 39, il dit le tirer d’une notice manuscrite sur Roc-Amadour fournie par M. Lacoste (10).
 
 
Cette légende rapportée dans « Vida del glorisso confessor sant Amadour, Colomier », on en trouve également un petit résumé dans « La Corrèze et Roc-Amadour », un article écrit par Alexis de Valon pour la « Revue des deux mondes » parue en 1851 (11).
 
 
Victor Lieutaud, Bibliothécaire de la ville de Marseille » a fait une transcription de l’original dans le « Bulletin de la Société des études littéraires, scientifiques et artistiques du Lot », en 1876 (12). Mais « La Vida de Sant Amador » me paraissant trop longue et ennuyeuse (8 pages), je ne vous propose que ce petit et suffisant résumé emprunté à Ernest Rupin :
 
« Fils d’un chevalier romain nommé Pécominus et d’Atrahea, Amadour n’aurait dû la vie qu’à un pacte blâmable fait avec le démon auquel Pécominus, désolé de n’avoir point d’enfants, se serait adressé, et aurait promis son premier né, se réservant néanmoins le secours de la Sainte-Vierge. Dès qu’Amadour fut né le démon s’en saisit et, accompagné d’une troupe de ses semblables, le conduisit en Égypte. Mais en passant dans les airs, il fut aperçu par saint Paul, qui, épouvanté de cette légion de diables, ils étaient 6,666, se met en prières, les fait fuir et délivre l’enfant. Il le baptise, lui donne le nom d’Amadour, et une biche venait d’elle-même l’allaiter tous les jours. Amadour, élevé en ermite par saint Paul, assiste à la mort de ce solitaire qui l’avait fait ordonner prêtre tout en lui faisant connaître les causes de sa naissance et son lieu d’origine. Le jeune anachorète, après avoir délivré, par ses prières, ses père et mère des peines de l’enfer, fut à Rome raconter au pape l’histoire de sa vie et lui demanda et obtint l’autorisation de bâtir une église dans les domaines de ses parents. Là, il érigea une chapelle où s’opèrent de nombreux miracles, et qui aujourd’hui porte le nom de Notre-Dame de Roc-Amadour. Il y fit transporter le corps de saint Paul et ceux de son père et de sa mère et y reçut lui-même la sépulture » (Rocamadour. Etude hist. et arch. Ernest Rupin 1904. p.13)
 
 
Une légende qui appelle
plusieurs commentaires

 
La majorité des auteurs qui ont fait référence à cette légende s’accorde à dire qu’elle ne mérite même pas d’être réfutée et ne la relate que par curiosité et comme le dit lui-même l’abbé Caillau : « pour ne rien omettre des opinions émises à différentes époques ».
 
Bien que je partage l’avis d’Ernest Rupin sur l’aspect fantaisiste de la légende et celui de l’Abbé Caillau qui juge le texte ridicule et le place au nombre des fables, cette légende a le mérite d’exister et elle montre néanmoins l’état d’esprit des religieux de l’époque. Nous verrons par la suite que les autres légendes ne sont pas plus vraisemblables et qu’au contraire, elles sont toutes aussi fantaisistes les unes que les autres.
 
« Le texte écrit en provençal est du XIVe siècle, mais la légende relatée paraît plus ancienne. Elle doit avoir un moment une certaine popularité, puisque rédigée probablement en latin, elle a obtenu les honneurs de deux éditions, l’une en dialecte Toulousain, l’autre en Catalan » (Ernest Rupin, Rocamadour. Etude hist. et arch. p.12)
 
N’oublions pas que, comme l’a fait remarquer Ernest Rupin, l’auteur de la légende a voulu faire d’Amadour un citoyen romain qui revient finir ses jours à Rome pour y construire une église à laquelle il lui donna le nom de Notre-Dame de Roc-Amadour :
 
« Celà ferait supposer que cette légende a été fabriquée, non pour donner l’origine du sanctuaire du Quercy, mais peut-être pour reculer l’ancienneté d’un autre lieu saint qui se trouve en Sicile, près de Messine, et qui est appelé Rocca-Amadori, Rocca-Amatorium, Roc-Amadour, Rupes-Amatoris. En cet endroit se trouve une abbaye de l’ordre de Cîteaux, fondée en 1197 par Barthélemy de Luc, de Messine, comte de Paterno, en souvenir, dit-on, du sanctuaire quercynois. » (Ernest Rupin, Rocamadour. Etude hist. et arch. 1904. p.13-14)
 
 
Le texte publié ne disait pas
où était Sainte Marie de Rocamadour

 
L’argument avancé par Edmond Albe dans « La Vie et les Miracles de S. Amator », (13), publiée en 1909 par les Bollandistes à Bruxelles (p.68), est assez faible, mais celui-ci suffit à semer le trouble dans les esprits et jeter le doute sur les interprétations d’Ernest Rupin :
 
« Le texte publié ne disait pas où était Sainte Marie de Rocamadour. Il nous apprend seulement qu’Amadour était né de parents romains et avait vécu en Égypte. Mais il revint à Rome, raconta toute son histoire au pape, qui
admirez l’invraisemblance,
voulut lui céder sa place. Amadour refusa ; il ne voulut même pas être cardinal, ni évêque, mais avec la permission du pape, il commença de bâtir ici une église, qui se nomme Notre-Dame de Rocamadour.
 
"Ici", cela manque de précision. L’abbé Foulhiac a compris : "dans les terres de son père" ; M. Rupin a pensé qu’il s’agissait d’une abbaye de Rocca-Amadori, qui aurait été fondée en 1197, près de Messine, et dont on ne sait presque rien. ».
 
Quoi qu’il en soit, si rien ne permet de dire avec certitude qu’Amadour a fini ses jours en Italie. Pour la même raison invoquée par E. Albe, rien ne nous autorise à affirmer qu’il les a finis à Rocamadour dans le Quercy.
 
 
Paul l’Ermite d’Égypte
décrit par Saint Jérôme au IVe siècle

 
Paul l’ermite est aussi connu sous le nom de Paul de Thèbes. Selon saint Jérôme (345-420) auteur de « la vie de Paul de Thèbes » (14), se serait retiré dans le désert au IIIe siècle à l’époque des persécutions des empereurs romains Dèce (249 à 251) et de Valérien (253 à 260).
 
Toujours d’après le récit de Saint Jérôme, c’est l’ermite égyptien Antoine et non Amadour qui aurait découvert le cadavre de Paul et c’est encore Antoine et non Amadour qui se serait chargé de sa dépouille en déposant le corps du saint dans une fosse préalablement creusée par deux lions dans le désert égyptien.
 
Nous venons de voir avec le récit de saint Jérôme au IVe siècle que l’auteur de la légende avait substitué les personnages en remplaçant l’ermite égyptien Antoine par Amadour.
 
Nous verrons par la suite que la majorité des auteurs de légendes consacrées à Amadour, ne se sont pas inspirés de faits historiques avérés, mais de textes puisés dans d’autres légendes et de certains passages de textes empruntés dans la Bible principalement.
Prenons simplement l’exemple de cette légion de diables au nombre de « 6,666 ». N’est-il pas directement emprunté au chiffre « 6 » et nombre « 666 » de la bête dans l’Apocalypse de Jean (chapitre 13, verset 18) ?
 
 
 
Amadour, un laboureur
face aux troupes d’Hérode

 
« Le chanoine Albe a attiré l’attention sur une légende dont les origines doivent se situer aux premières années du XIIIe siècle. Amadour est présenté comme un laboureur en train d’ensemencer le champ que traverse la Sainte Famille fuyant vers l’Égypte. L’Enfant Jésus prélève une poignée de blé dans le sac d’Amadour et le jette à la volée. Incontinent, la semence germe, se développe et les épis atteignent la maturité. Les troupes d’Hérode arrivent quelques instants plus tard et interrogent Amadour en vue de retrouver la trace de L’Enfant Jésus. Le laboureur répond qu’il l’a vu lorsqu’il semait son blé. Alors, croyant qu’il n’avait pas tout son bon sens, les soldats tournent bride et changent de piste. » (Jean Rocacher. Rocamadour et son pèlerinage. Et. Hist. et Arch. 1979 p.71)
 
 
 
Amadour abandonne tout pour rejoindre
la Sainte Famille dans leur fuite en Égypte

 
« Le poète Geuffroy de Paris, qui adapte la légende dans sa Bible des Sept Etats du Monde (1243) d’après un écrit et un auteur restés inconnus, donne la suite de l’histoire : » (Jean Rocacher. Rocamadour et son pèlerinage. Et. Hist. et Arch. 1979 p.71, Traduction p.75, Note 36 )
 
«  Et li preudom a tout guerpi,
La Dame et son enfant sivi.
Tant les sivi et tant les quist
Qu’il les trouva, ce dist l’escrit.
O eus se tint tout son aage
Et les servi par bon corage,
Diex l’en rendit bon guerredon
Qu’il est sains, si com lison.
Ce fut, si com dit l’autour,
Le beneoit saint Amadour.
Son cors, ce set-on tout de fi,
Est entiers, c’onques ne porsi.
Encore le voient mainte gent
A Rochemador, voirement,
Là où il gist, bien le set-on.
 »

   
 
«  Le prud’homme a tout laissé
pour suivre la Dame et son Enfant.
Tant les suivit et tant les chercha
qu’il les trouva, nous dit l’écrit
Avec eux il resta toute sa vie
et les servit de bon cœur.
Dieu lui en rendit bonne récompense :
car il est saint, comme nous le lisons.
Ce fut, ainsi que le dit notre auteur,
le béni saint Amadour
Son corps - on le sait de science certaine
est entier et jamais ne pourrit.
Beaucoup de gens, en vérité,
le voient ainsi à Rocamadour,
où il fut enterré, comme on le sait bien.
 »

 
 
Omniprésence de l’Égypte
dans les premières légendes d’Amadour

 
Comme le signale Jean Rocacher (p.72), Bernard Gui, comme Robert de Thorigny et Geuffroy de Paris, souligne le caractère intact du corps d’Amadour :
 
« C’est là que le bienheureux Amadour, avec son corps, que l’on voit encore non touché par la corruption du tombeau, attend la sainte résurrection » (Jean Rocacher. Rocamadour et son pèlerinage. Et. Hist. et Arch. 1979 p.72 ).
 
Faisant référence à Guillaume de Lacroix, l’abbé Caillau nous livre un autre témoignage dans son Histoire critique et religieuse de Notre-Dame de Roc-Amadour p.53 : « Ces restes précieux demeurèrent sans corruption pendant plusieurs siècles, de telle sorte que l’on disait en proverbe : Ceci est entier comme le corps de Saint-Amadour
ou bien, il est en chair et en os comme Saint-Amadour. »
 
Faut-il alors vraiment s’étonner qu’après avoir découvert un corps parfaitement conservé en 1166 à Rocamadour de voir surgir des légendes où l’Égypte est omniprésente. Les érudits de l’époque savaient très bien que seuls les égyptiens maîtrisaient la momification jusqu’à cette fabuleuse découverte et qu’un certain nombre d’entre eux s’interrogeait ou avait compris avant le grand nettoyage de la falaise que les sculptures sur la falaise sont la clé des origines de Rocamadour. Mais toute Vérité n’est pas bonne à dire
 
Rappelons simplement que si elle fût établie officiellement et à visage découvert au XIIIe siècle, l’Inquisition, cet épisode peu glorieux pour la religion catholique, sévissait déjà aux XIe et XIIe siècles :
 
« Le comte de Toulouse (et du Quercy), Guillaume III qui répondait à l’injonction qui lui fut adressée « au nom de Dieu » livra aux flammes ceux de ses sujets qui s’étaient abandonnés à l’erreur. La persécution fut violente ; elle amortit la vivacité de l’hérésie, mais ne l’extirpa point. [ ... ] » (Histoire de l’inquisition en France: Vol. 1 Par Étienne-Léon de Lamothe-Langon. 1829. Livre 1er p.8) (15).
 
 
La légende d’Amadour
selon l’inquisiteur Bernard Gui

 
Avant de voir la tournure que prend la légende avec Bernard Gui, il est important de connaître un peu mieux le personnage et le contexte religieux de l’époque :
 
Contexte religieux
fin du XIIIe, début du XIVe siècle

 
Bernard Gui (1260-1331). Ce n’est pas en dévoué serviteur de Dieu que se distingua Bernard Gui, mais en offrant ses services à une Église de plus en plus intolérante. Nommé inquisiteur de Toulouse le 16 janvier 1307, son « Manuel pour l’inquisiteur » (16) révèle un esprit tourmenté, un personnage obscur, qui poursuit et persécute avec machiavélisme les « bons amis de Dieu » ou « bons chrétiens » improprement appelés « Cathares ». Le Grand Inquisiteur de Toulouse en « Très Bon Chrétien » s’en prend aussi à d’autres tels que les Pauvres de Lyon ou Vaudois, les pseudo-apôtres ou Faux apôtres ou encore Frères apostoliques, les Béguins, les franciscains Spirituels et les Juifs convertis au christianisme qui retournaient au judaïsme.
 
L’Église lui donna le droit d’agir cruellement en toute impunité. Lorsque les prévenus refusaient de confesser leurs « erreurs » et de dénoncer leurs « complices » au cours des interrogatoires, la torture était employée pour leur arracher ce que les Inquisiteurs voulaient entendre. On employait d’abord la torture psychologique, privation de sommeil et privation de nourriture, emprisonnement avec des chaînes dans des basses fosses (cachot profond, étroit, obscur et humide). Si les prisonniers avaient enduré ses premières souffrances, la torture physique prenait la relève. Les tortionnaires avaient recours à plusieurs supplices, plus raffinés les uns que les autres, tels que le chevaletLe chevalet était une espèce de table sur laquelle était placé l’accusé soumis à la question. Les mains et les jambes attachées avec des cordes étaient enroulées et tendues à l’aide d’un tourniquet de telle sorte que tous ses os en étaient disloqués., l’estrapadeL’estrapade consistait à lier les mains du supplicié derrière le dos et à le hisser avec une corde au haut d’une longue pièce de bois, et puis on le laissait tomber jusque près du sol, de sorte que le poids de son corps lui disloquait les bras., les charbons ardents, les brodequinsLes brodequins: le supplice consistait à serrer les jambes (et les pieds) entre quatre planches et des lames métalliques. Le tortionnaire serrait fortement les membres avec des cordes, puis il enfonçait ensuite, à coups de maillet, des coins entre les planches afin de comprimer la chair et faire craquer et briser les os du supplicié., et tous les tourments inimaginables et cruels que seul l’Inquisition était capable d’inventer, mais rarement écrits ou jamais retranscrits.
 
Les peines allaient graduellement du pèlerinage imposé à l’humiliation par le port obligatoire de signes infamants. Les deux allaient souvent de pair. Le condamné pouvait se retrouver les mains attachées devant les portes des églises à subir les insultes des fidèles. La vie leur était rendue difficile et insupportable, on les privait de leurs droits civils, on leur interdisait d’entretenir des relations avec la population, privant ainsi les jeunes gens, d’une famille proscrite, de pouvoir un jour se marier. Les peines les plus lourdes allaient de l’emprisonnement à perpétuité à la peine de mort si le prévenu persistait à revendiquer son droit d’avoir ses propres croyances. Certains auteurs oublient un peu trop souvent de dire que si les condamnés étaient remis au bras séculier dans le cas d’une condamnation à mort, c’est-à-dire le bûcher, le bras séculier s’exposait à son tour, en cas de refus de livrer au feu le condamné, d’être excommunié et jugé de favoriser l’hérésie. Autant dire que l’Église avait les pleins pouvoirs et les rois de France tolérants et obéissants, l’ont souvent encouragée.
 
Le violent conflit qui opposa le roi de France Philippe le Bel et le pape Boniface VIII (1294-1303) ne s’est apaisé que sous Clément V (1305-1314) et notamment avec l’affaire des Templiers, puis l’avènement du pape Jean XXII (1316-1334) fut très favorable à l’action inquisitoriale menée par Bernard Gui durant plus de seize ans, entre 1307 et 1323.
 
Dans son premier sermon du 3 mars 1308, dans l’église cathédrale Saint-Étienne de Toulouse, l’inquisiteur de Toulouse Bernard Gui, avait reçu le serment des officiers de la cour royale et des consuls qui avaient juré sur les saints Évangiles d’être obéissants à Dieu et à l’Église romaine et aux inquisiteurs. (Le livre des sentences de l’inquisiteur Bernard Gui) (17).
Comme Ponce Pilate, l’Inquisiteur et subordonné Bernard Gui se lava les mains de tous les crimes qu’il commit au nom de son Église.
 
À toutes les peines que nous venons d’énumérer, on ajoutera la confiscation des biens (récupérés par le roi) et la destruction de leurs maisons avec interdiction d’y reconstruire à leurs emplacements destinés à recevoir des immondices.
 
Bernard Gui prenait un malin plaisir à laisser moisir les détenus en prison. L’un des accusés du registre de l’Inquisition de Toulouse, G. Salavert, est jugé après dix-neuf années de détention. G. Cavalier, condamné à la prison perpétuelle en 1319 par Bernard Gui avait été interrogé pour la première fois en 1301. (Histoire des tribunaux de l’inquisition en France. L. Tanon 1893. p.359, 402) (18).
 
Clément V décida par sa constitution Multorum, du concile de Vienne (1311/1312), que l’inquisiteur ne pourrait faire mettre un accusé à la torture sans l’évêque, ni l’évêque sans l’inquisiteur. Les inquisiteurs résistent. Bernard Gui conteste la décision du pape, il considère la torture comme étant d’usage habituel, il se plaint encore des entraves qui y seraient apportées par cette loi, et fait remarquer que les évêques appliquent la question, dans les affaires ordinaires, en toute liberté, et sans aucune restriction. (Histoire des tribunaux de l’inquisition en France. L. Tanon 1893. pp.376-377)
 
Sur quatre cent quatre-vingt-quatorze (494) hérétiques jugés par Bernard Gui, les fugitifs et les défunts exceptés, quarante (40) seulement, dont neuf impénitents et trente-et-un relaps, ont été abandonnés au bras séculier pour être brûlés. (p.478) (Histoire des tribunaux de l’inquisition en France. L. Tanon 1893. pp.478)
 
On peut penser que le nombre fut beaucoup plus élevé en réalité, mais rien qu’en se basant sur ce nombre on constate que 92 % des personnes jugées par Bernard Gui ont été brûlées sur le bûcher. Si on ajoute tous ceux qui sont morts en prison avant de connaître leur sentence, ils ne devaient pas être nombreux à survivre avec Bernard Gui.
 
Dans le Manuel de l’inquisiteur de Bernard Gui et dans Le livre des sentences de l’Inquisiteur Bernard Gui, on découvre que pour satisfaire ses obsessions macabres, Bernard Gui va jusqu’à juger les morts et faire déterrer les corps dans les cimetières pour en exhumer les ossements afin de les faire brûler. (Manuel de l’inquisiteur. Bernard Gui. Paris Les Belles Lettres 2012. ), (Le livre des sentences de l’inquisiteur Bernard Gui. J. Théry. IRHT, CNRS Editions 2010), (Histoire des tribunaux de l’inquisition en France. L. Tanon 1893. pp.407-412)
Bernard Gui fut sans nul doute l’inquisiteur le plus actif et le plus cruel de son époque et certainement le plus zélé défenseur de cette odieuse et répugnante croisade menée par l’inquisition.
 
Je ne souhaite à aucune mère, le malheur d’enfanter un fils tel que Bernard Gui, ni à aucun père d’éprouver toute sa vie le remords de l’avoir engendré.
 
Nous allons voir avec la légende qui suit, que le prêcheur et inquisiteur Bernard Gui couvert par la plus haute autorité de l’Église et récompensé par Jean XXII qui le promu en 1323 évêque de Tuy en Galice, puis l’année suivante évêque de Lodève en 1324 (Notices et extraits des manuscrits de la Bibliothèque du Roi... Flores chronicorum, M. de Bréquigny, Tome 2, 1789. p.4) (19), maîtrisait à merveille l’art du mensonge.
 
 
Jean XXII, né Jacques Duèse (1244-1334). Natif de Cahors, il succéda au pape Clément V mêlé à cette sombre affaire des Templiers en 1307. Jean XXII effectua son pontificat à Avignon entre 1316 et 1334.Lui aussi se trouva mêlé en 1317 à une ténébreuse affaire d’envoûtement et d’empoisonnement dont la culpabilité reposa principalement sur l’évêque de Cahors Hugues Géraud. Arrêté et déposé de son siège épiscopal, l’évêque de Cahors Hugues Géraud fut dans un premier temps condamné à la prison perpétuelle et à la confiscation de ses biens, puis supplicié et brûlé sur le bûcher à l’issue d’un second procès : « il (le maréchal Arnaud de Trian, membre de la famille du pape Jean XXII) fit conduire Hugues, peut-être attaché à la queue d’un cheval, jusqu’au lieu du supplice, et le fit lier au poteau du bûcher » (Ed. Albe, L’affaire des Poisons et des Envoûtements en 1317). (20).
« Une légende, peut-être pas très ancienne [ ... ] se basant sur la prétendue haine de la famille de Jean contre l’évêque de Cahors : On aurait fait représenter sur les vitraux d’une chapelle de l’église du lieu de Salviac, dont les de Jean des Junies étaient seigneurs, le supplice d’Hugues Géraud, le poursuivant ainsi dans la mort. » Edmond Albe qui ne veut pas polémiquer dit n’en avoir vu que des fragments et ne pas y avoir distingué grand-chose et aujourd’hui ils ont disparu. (Ed. Albe, L’affaire des Poisons et des Envoûtements en 1317. p.110 Note 1). Ce qui montre quand même que ces vitraux ont, à une certaine époque, fortement dérangé.
 
Si l’activité et les abus de l’Inquisition connurent un ralentissement sous Clément V (concile de Vienne 1311-1312), la répression inquisitoriale connue un regain avec le pape Jean XXII et l’adhésion totale de Bernard Gui à l’ecclésiologie théocratique.
 
Cette petite parenthèse montre combien derrière toutes ces légendes fantaisistes et naïves au premier abord, se trouvent aussi des personnages religieux loin d’être exemplaires et très éloignés des chemins de la grande vertu sur lesquels ceux-ci prétendaient et prétendent toujours vouloir nous conduire.

 
 
Selon Bernard Gui, Amadour et Véronique
auraient été les disciples de Saint Martial !

 
Avec Bernard Gui ou Bernadus Guidonis , la légende va prendre au XIVe siècle une tournure différente. Dans les « Flores Chronicorum » (21), il donne à Amadour une épouse qu’il nomme "Véronique" et fait du couple les disciples de Saint Martial :
 
« les Flores Chronicorum du célèbre inquisiteur dominicain Bernard Gui vont refléter une nouvelle nuance apportée sans doute par le XIVe siècle. Résumant les légendes relatives aux églises d’Aquitaine et au cycle de Saint Martial, Bernard Gui en arrive à ses disciples Amadour et Véronique » (Jean Rocacher. Rocamadour et son pèlerinage. Et. Hist. et Arch. 1979 p.72).
 
D’après le récit de Robert de Thorigny : « Saint Amadour avait d’abord été au service de la sainte Vierge Marie avec la fonction de porter et de nourrir son divin enfant. » (La Vie de et les Miracles de S. Amator. E. Albe. Extrait des Analecta Bollandiana, tome XXVIII. Bruxelles 1909. p.36)
 
À aucun moment, Robert de Thorigny ne fait mention du mariage d’Amadour avec Véronique ni, (entre autres) de l’intervention de saint Martial dans son récit. Les Actes de saint Amadour que nous allons voir plus loin étaient donc encore inconnus du chroniqueur à la fin du XIIe siècle. (Rocamadour. Etude hist. et arch. Ernest Rupin 1904. p.27)
 
« Bernard Gui commence cependant à enrichir cette légende en affirmant, sans aucune référence, que saint Martial est allé à Roc-Amadour et qu’il y a consacré un autel en l’honneur de la bienheureuse Vierge Marie, fait qui ne se trouve mentionné ni dans les Actes du saint, ni dans la Vie du premier apôtre de l’Aquitaine, mais que ne manqueront pas de reproduire les historiens qui viendront après lui. Il est pourtant raisonnable de reconnaître que lorsqu’on vient émettre des faits nouveaux sur des évènements, accomplis depuis des centaines d’années, il faut au moins présenter au public des preuves concluantes pour appuyer son assertion. [ ... ] » (Rocamadour. Etude hist. et arch. Ernest Rupin 1904. p.18)
 
« Bernard Gui ajoute des cheveux et des souliers aux précieuses reliques emportées par notre ermite : vêtements, ongles, ceinture et (le plus invraisemblable) du lait de la Vierge. Bernard Gui fait répartir par S. Martial les reliques apportées par S. Amadour aux églises nouvellement fondées : un soulier au Puy, un autre à Rodez, des cheveux à Clermont et à Mende. Notons qu’un reliquaire de Rocamadour, épave échappée aux multiples naufrages des trésors de ce sanctuaire, porte encore très lisible l’inscription Beate Marie (Cf. Rupin, Rocamadour, p. 309). Il y avait également des cheveux de la Vierge dans l’église de Gourdon, à 4 ou 5 lieues de Rocamadour (BSEL, t. XIV, pp. 183 et 186). Il y avait également à Figeac, avec une partie de quelques vêtements (catalogue des reliques de Figeac qui se trouve en tête du ms. Lat. 5219. De la Bibl. nationale), et Notre-Dame d’Auvert, au diocèse de Saintes, se glorifiait les mêmes trésors (E. Darley, O.S.B. Fragments d’anciennes chroniques d’Aquitaine (Bordeaux, 1906), pp. 68 et 73). [ ... ]
Le saint, après sa mort, donne son nom au lieu de son dernier séjour. C’est dit très expressément dans la Vie de Lucques. Les Actes n’en parlent pas (peut-être y avait-il d’autres leçons pour la fête de la translation), mais Bernard Gui et ses imitateurs, depuis S. Antonin de Florence jusqu’à Bonaventure de Saint-Amable, comblent cette lacune.
 » (La Vie de et les Miracles de S. Amator. E. Albe. Extrait des Analecta Bollandiana, tome XXVIII. Bruxelles 1909. p.60-62)
 
 
« Si nous n’avions aucun document, on pourrait peut-être dire – on l’a dit – que les archives se sont perdues, et que la tradition se trouvait très explicitement indiquée dans des pièces disparues. Mais nous avons des documents. C’est d’abord la Vie primitive de saint Martial, découverte, je crois, par M. le chanoine Arbellot, l’intrépide défenseur de l’apostolicité des églises d’Aquitaine. Il n’y a dans cette Vie ni le nom d’Amadour, ni celui de Zachée.  » (Les Miracles de Notre-Dame de Roc-Amadour. Edmond Albe 1909. p.24)
 
« M. Rupin a cru nécessaire de réfuter les légendes martialiennes, à tort, selon moi, puisque les légendes martialiennes ne renferment rien sur Roc-Amadour. [ ... ] ce n’est que vers le XIIIe siècle, et dans les légendes de Roc-Amadour, qu’Amadour est associé à saint Martial.  » (Les Miracles de Notre-Dame de Roc-Amadour. Edmond Albe 1909. p.25)
 
Contrairement à ce que pense le chanoine Edmond Albe, la vingtaine de pages consacrées par Ernest Rupin à saint Martial sont au contraire très précieuses. On y découvre justement ce que les religieux sont capables de faire et comment ils s’y prennent pour nous faire croire n’importe quoi.
Devrions-nous oublier cette fable inventée par Bernard Gui qui faisait de saint Martial un prétendu apôtre du premier siècle et d’Amadour et de sa prétendue femme nommée Véronique ses prétendus disciples et que ceux-ci n’étaient autres que les prétendus serviteurs de Marie et de son Enfant Jésus ?
 
« or il est bien établi aujourd’hui que saint Martial n’a pas vécu au premier siècle mais au troisième, et l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, jalouse de maintenir intactes les saines traditions de la grande critique française du XVIIIe siècle, a toujours repoussé la doctrine opposée. C’est là un point trop intéressant et d’une importance trop grande pour qu’on ne nous permette pas une digression qui ne laisse pas d’appartenir à notre sujet. » (Rocamadour. Etude hist. et arch. Ernest Rupin 1904. p.29)
 
« L’école historique ne se contente pas de réfuter les arguments qu’invoque l’école légendaire pour placer au premier siècle la mission de saint Martial, mais elle en apporte d’autres à son tour qui permettent d’établir que cette mission n’a eu lieu qu’au IIIe siècle seulement. » (Rocamadour. Etude hist. et arch. Ernest Rupin 1904. p.39)
 
Il serait trop long de les exposer tous en détail ici, alors retenons simplement ceci : « Rome n’a jamais assimilé saint Martial aux membres du collège apostolique. » (Rocamadour. Etude hist. et arch. Ernest Rupin 1904. p.50)
 
Ernest Rupin signale plusieurs cas dans son ouvrage où les religieux étaient passés maîtres dans l’art de la contrefaçon de documents. C’est notamment le cas pour prouver la mission apostolique de saint Martial où grattages et retouches de textes sont légion. Pour ne citer qu’un exemple, voyons celui-ci à la page 46 :
 
« Le zèle emporté de ces gratteurs, font remarquer les Bollandistes de Bruxelles, a fait commettre à l’un d’eux une bévue qu’il est intéressant de signaler. Il s’est donné la tâche d’effacer des manuscrits les passages où Martial est appelé simplement évêque, pour remplacer ce mot à l’occasion par celui d’apôtre. Or, en un endroit du livre des miracles de saint Martial il est question du matriculaire Loup « que Dieu », disait l’auteur, « avait prédestiné à être évêque (antistitem) de Limoges ». Notre fervent défenseur de l’apostolat n’a pas vu qu’antistes, à cet endroit, se rapportait à Loup et non pas à Martial, et il a fait disparaître ce mot que sa piété trouvait trop peu élogieux (Analecta Bollandiana, t. XIII (1893), p.465 et Cf. Sciences cath., t. IV, p.69).  » (Rocamadour. Etude hist. et arch. Ernest Rupin 1904. p.46)
 
Profitons-en pour signaler que le mot « Apôtre » désigne souvent le premier missionnaire et non un des disciples du Christ du premier siècle.
 
 
L’Évangélisation de la Gaule
n’est pas venue d’Orient, mais de Rome

 
« Si, comme quelques-uns le pensent, l’évangélisation avait, dès le premier siècle, éclairé toute la Gaule, les inscriptions des fidèles devraient s’y montrer dans toute son étendue. Il n’en est pas ainsi ; la région du Rhône où vinrent prêcher les disciples de saint Polycarpe (S. Irénée et avec lui Grégoire de Tours) est celle qui possède le plus grand nombre de ces monuments (inscriptions lapidaires), rares ou absents dans les autres provinces.
J’ajoute, et ce fait matériel concorde avec l’expression des Actes de saint Saturnin, "sensim et gradatim", que, sauf pour la célèbre épitaphe d’Autun, les premiers de nos marbres chrétiens, inscriptions et sarcophages (Les sarcophages chrétiens de la Gaule, p. 157), appartiennent aux localités les plus voisines de la mer, Marseille, Aubagne, la Gayole, Arles, et que l’antiquité de ces monuments décroit à mesure que l’on s’éloigne de la Méditerranée. «  C’est là une confirmation des données historiques qui montrent, dans le Sud de la Gaule, les premiers pas de l’Évangélisation, la foi se répandant plus tard dans le reste de notre patrie. Les découvertes à venir ne feront, j’en ai la confiance, qu’appuyer par des preuves nouvelles la généralité de ces résultats ». Ainsi disais-je il y trente-trois ans ; les fouilles sont venues nous apporter, depuis, de nombreuses inscriptions et l’état des choses est demeuré le même. Sur les trois cent cinquante inscriptions que contiendra notre nouveau recueil, cent trente-cinq appartiennent à la Viennoise, à la Seconde-Narbonnaise, aux Alpes-Maritimes, c’est-à-dire aux provinces les plus voisines de l’Italie, d’où l’évangélisation nous est surtout venue » (Edmond Leblant, l’Epigraphie chrétienne en Gaule et dans l’Afrique romaine, Paris 1890 pp.41-42. (22).
 
 
Saint Amadour
identifié à Zachée

 
« Les auteurs qui ont voulu soutenir cette thèse ont basé leurs récits sur les Actes du saint insérés dans l’immense recueil des Bollandistes : » (Rocamadour. Etude hist. et arch. Ernest Rupin 1904. p.14)
 
Voici ce que disent les Actes du saint :
 
    « Saint Amadour était hébreux et pratiquait la religion des Israélites. Il prit une épouse qui avait la même croyance que lui ; elle s’appelait Véronique. C’est elle qui fut guérie d’un flux de sang en touchant les vêtements du Sauveur et qui, sur le chemin du calvaire, lui présenta le voile où s’imprima en caractères sanglants les traits de sa face adorable, voile qui depuis lors fut appelé la Véronique à cause du nom qu’elle portait.
    Tous deux vivaient dans la paix du Seigneur en attendant la venue du Messie annoncée par les prophètes. Tous deux régénérés par le Christ dans la foi se livrèrent au service des divins époux. Véronique était l’humble compagne et servante de la Vierge ; Amadour, de son côté, ne quittait point le Sauveur, lui procurait tout ce qui lui était nécessaire et resta attaché à la Sainte-Famille jusqu’à la Passion et à l’Assomption de la Mère de Dieu.
    Persécutés par Saul, après le martyre de saint Etienne, les saints époux, se conformant aux ordres du Seigneur, quittèrent la Palestine, et s’embarquèrent sur un frêle esquif, se livrant à la merci des flots. Conduits par un ange, ils traversèrent la Méditerranée, entrèrent dans l’Océan et vinrent aborder à la côte de Médoc, au lieu appelé Pas-de-Grave, pour y construire une modeste cabane et s’adonner ensuite à la prière.
    Instruits que saint Martial venait de Limoges en Aquitaine, ils furent à sa rencontre, traversèrent la mer et débarquèrent à Mortagne où le saint évêque les attendait ; ce dernier leur fit un accueil des plus bienveillants et consacra près de cet endroit un oratoire en l’honneur de saint Etienne.
    Amadour et son épouse s’attirèrent, par leur piété, l’amour et la vénération de tous ceux qui les connaissaient et convertirent à la foi du Christ le duc de Bordeaux Sigebert et sa femme Bénédicte, auxquels saint Martial conféra le baptême. Sur les conseils de cet apôtre, Amadour laissa Véronique à Soulac et se rendit à Rome où il séjourna deux ans. Il rendit compte au chef de l’Église du succès des prédications de saint Martial en Occident, assista aux martyres de saint Pierre et de saint Paul et se dirigea ensuite sur Limoges, chargé de reliques qu’il remit à saint Martial.
    Sur ces entrefaites arriva la mort de Véronique. Amadour éleva alors à Mortagne deux ermitages pour y établir des solitaires qu’il forma au service de Dieu. Déterminé à passer le reste de ses jours dans la solitude, il vint dans le Quercy et choisit sa demeure au milieu d’une vallée profonde, sauvage, hérissée de rochers et infestée de bêtes féroces qui, à la grande joie des habitants, disparurent bientôt par l’effet des prières. Le pieux anachorète y construisit une chapelle en l’honneur de la Sainte-Vierge, où s’opérèrent tout de suite un grand nombre de miracles, et s’adonna à la pratique de toutes les vertus ; on venait de tous côtés pour l’entendre et pour suivre ses conseils.
    Informé, par révélation divine, de sa fin prochaine, le bienheureux Amadour se fit porter dans l’oratoire qu’il avait construit ; édifiant par ses paroles tous ceux qui l’entouraient, récitant souvent et avec dévotion la salutation angélique, il mourut le 13 des calendes (le 20 août).
 »

 
« Tout en reproduisant les Actes du saint, d’après une copie que le Père Odo de Gissey aurait prise de Roc-Amadour vers 1666, les Bollandistes n’ont point caché le peu de confiance qu’ils inspiraient ». (Rocamadour. Etude hist. et arch. Ernest Rupin 1904. p.14-17)
 
 
« D’après l’opinion courante, vulgarisée par Bernard Gui, mais présentée sous sa première forme abrégée par Robert de Torigny, Amadour n’était pas Zachée, mais tout de même Palestinien venu sur une inspiration d’en haut, soit seul (suivant le récit de l’abbé du Mont-Saint-Michel), soit avec sa femme Véronique (suivant les Actes conservés à Rocamadour). Il vit en ermite dans les solitudes du Val d’Alzou, non sans avoir pris avec S. Martial une part active à l’évangélisation de l’Aquitaine. » (La Vie de et les Miracles de S. Amator. E. Albe. Extrait des Analecta Bollandiana, tome XXVIII. Bruxelles 1909. p.57)
 
« Cette idée, on ne l’avait pas encore dans la seconde moitié du XIIIe siècle, [ ... ] Bernard Gui (ou Guidonis), évêque de Lodève, mort en 1331, qui a résumé dans un de ses ouvrages la légende de saint Amadour, telle qu’on la racontait de son temps, [ ... ], ne dit pas un mot de cette identification. » (Rocamadour. Etude hist. et arch. Ernest Rupin 1904. p.18)
 
« L’idée d’identifier Amadour avec Zachée n’existait pas non plus dans la première moitié du XIVe siècle (*). En effet, Pierre Subertus, évêque de Saint-Papoul, mort en 1454, en discourant, dans un de ses écrits, sur l’ermite du Quercy, ne relate que les faits contenus dans la Vie de ce saint et dans les ouvrages de Bernard Gui. » (Rocamadour. Etude hist. et arch. Ernest Rupin 1904. p.18)
 
(*) Je pense qu’il faut lire XVe siècle. Ernest Rupin a sans doute voulu faire référence à Pierre Soybert, aussi appelé Petrus Subertus, évêque de Saint-Papoul entre 1427 et 1451. Les dates semblent correspondre avec les dates indiquées par Ernest Rupin.
 
« On ne l’avait pas davantage à la fin du XIVe siècle ou au commencement du XVe. Un auteur de cette époque, saint Antonin (1389-1459), archevêque de Florence, parlant du célèbre pèlerinage se borne à répéter ce qui a déjà été dit par ses prédécesseurs. » (Rocamadour. Etude hist. et arch. Ernest Rupin 1904. p.18)
 
 
« Au XVIIe siècle un jésuite, le Père Odo de Gissey, interprétant mal un passage de saint Antonin, ne craignit pas d’identifier saint Amadour avec le Zachée de l’Évangile. » (L’abbaye de Saint-Martial de Limoges. Charles de Lasterye. Paris 1901. pp.28-29) (23).
 
Voici le texte, tel que nous pouvons le lire aujoud’hui :
 
   « Martial, cousin d’Etienne, premier martyr, n’étant encore âgé que de quinze ans, fut, d’après l’ordre de Jésus-Christ, baptisé par le bienheureux Pierre avec ses parents, et admis au nombre des soixante-douze disciples de notre Seigneur, auquel il demeura continuellement attaché. On prétend que c’est l’enfant qui avait les cinq pains d’orge et les deux poissons multipliés par Notre-Seigneur, ainsi qu’il est rapporté au sixième chapitre de saint Jean. Il vint à Rome avec le bienheureux Pierre, apôtre, et fut par lui envoyé en Gaule, ayant dans sa compagnie Amateur et Véronique, qui fut familière et amie de cœur avec la vierge Marie. Or, ce Zachée se consacra à la vie solitaire sur une roche appelée aujourd’hui Roc d’Amadour, et y finit ses jours. Quant à Véronique, elle suivit saint Martial dans ses prédications, et vint au territoire Bordelais, où elle atteignit une grande vieillesse. Le bienheureux Martial, primat de toute l’Aquitaine, éleva en ce lieu un autel à la bienheureuse Vierge Marie. » (Histoire critique et religieuse de Notre-Dame de Roc-Amadour, A. B. Caillau, Paris 1834. p.35).
 
Par quel miracle Amateur est-il devenu Zachée ? L’histoire ne le dit pas, mais manifestement, il y a eu une coupure dans le texte d’origine avec la volonté délibérée d’induire le lecteur en erreur en voulant faire remonter l’identification d’Amadour à Zachée deux siècles plus tôt comme nous allons le voir plus loin avec la bulle pontificale de Martin V.
 
Nous avons vu à la fin du paragraphe précédent que les Bollandistes faisaient remarquer à propos de saint Martial que certains religieux faisaient disparaître, par grattage, des mots dans les manuscrits afin de les remplacer par d’autres.
 
Nous verrons également plus loin qu’il y a une autre région en France qui prétend également posséder le corps de Zachée. De fait, Or, ce Zachée pourrait aussi s’interpréter « Cet autre Zachée ».
 
 
La Bulle pontificale de Martin V pour témoin
une hérésie selon la doctrine catholique

 
« Cette identification se trouverait relatée, pour la première fois au XVIIe siècle, dans un document émané de la chancellerie pontificale, s’il fallait s’en rapporter à Bertrand de Latour, le premier historien de la ville de Tulle, qui fit imprimer son ouvrage en 1633.  » (Rocamadour. Etude hist. et arch. Ernest Rupin 1904. p.19)
 
 
« Bertrand de Latour, chapitre III de son ouvrage, on lit : Nous ne devons pas oublier de dire ici que le saint que nous appelons aujourd’hui Amadour, était nommé Zachée avant d’habiter la grotte dont nous avons parlé plus haut. C’est sous ce nom qu’il est désigné par le souverain pontife Martin V, dans la bulle où sont mentionnées certaines indulgences accordées aux pèlerins qui vont visiter l’oratoire érigé en ce lieu à la Bienheureuse Vierge Marie. Dans ces indulgences accordées à la sollicitation du roi très chrétien Charles VII, la dixième année de son pontificat et l’an de l’Incarnation 1427, le pape s’exprime ainsi : Nous les avons accordées en faveur de la chapelle de la glorieuse Vierge, de Roc-Amadour, diocèse de Cahors, bâtie, dans les premiers temps de la religion chrétienne, par un disciple du Sauveur, appelé alors Zachée, et aujourd’hui Amadour (amateur du rocher), dont le corps vénérable repose en ce lieu », etc. » (Rocamadour. Etude hist. et arch. Ernest Rupin 1904. p.19)
 
« Odo de Gissey, à son tour, prétend avoir recueilli à Roc-Amadour quelques fragments de cette bulle, parmi des parchemins à demi brûlés et heureusement sauvés des flammes ; il en reproduit seulement la première partie et arrive aux mêmes conclusions que Bertrand de Latour qui écrivait une trentaine d’années avant lui. » (Rocamadour. Etude hist. et arch. Ernest Rupin 1904. p.19)
 
Contradiction de la Bulle de Martin V
avec les actes de saint Amadour

 
« on relève dans cette bulle une contradiction formelle avec ce que rapportent les actes de saint Amadour, lorsqu’elle affirme que le disciple du Christ s’appelait primitivement Zachée et que dans la suite seulement on lui donna le nom d’Amadour. Ces Actes, dont la rédaction est antérieure de plusieurs siècles à la bulle de Martin V, ne désignent le compagnon du Christ que sous le nom d’Amadour et tous les historiens que nous avons nommés n’en disent pas davantage. » (Rocamadour. Etude hist. et arch. Ernest Rupin 1904. p.20)
 
La Bulle de Martin V accordant des indulgences aux pèlerins de Rocamadour
est loin d’avoir l’importance que certains auteurs ont voulu lui attribuer

 
« Grâce à l’insistance de M. Rupin, le texte entier de la bulle a été retrouvée par le savant archiviste du Vatican, Mgr Wenzel. » (Les miracles de Notre-Dame de Roc-Amadour au XIIe siècle. Edmond Albe. Paris 1907 p.29)
 
« On ne connaissait cette bulle que par les citations de Bertrand de Latour et du Père Odo de Gissey, mais grâce aux actives recherches que Mgr Wenzel, le savant archiviste du Vatican, a bien voulu faire sur la demande de M. l’abbé Albe, on a retrouvé cet acte important dont nous reproduisons le texte sous le numéro XVIII des Pièces justificatives. On y verra qu’il a été copié d’une manière inexacte par Bertrand de Latour, mal interprété, et qu’il est loin d’avoir l’importance qu’on a voulu lui attribuer. » (Rocamadour. Etude hist. et arch. Ernest Rupin 1904. p.20)
 
« On sait que d’après l’usage suivi à la cour romaine,
les bulles de cette nature se composent ordinairement de deux parties
.
La première, reproduit intégralement les termes de la supplique ou pétition qui les motive, souvent même avec la copie des documents qui l’accompagnent, mais sans aucune trace de discussion critique, de réfutation de documents antérieurs, sans vouloir donner aux traditions qu’elle rapporte une autorité dogmatique quelconque ; on ne saurait donc lui attribuer une portée historique.
Dans la seconde partie, la chancellerie pontificale analyse consciencieusement ses propres actes, c’est donc la seule qui doit être prise en considération ; elle renferme l’énumération des faveurs accordées aux auteurs de la requête.
 » (Rocamadour. Etude hist. et arch. Ernest Rupin 1904. p.20)
 
Martin V ne discute point
il ne donne aucune approbation

 
« Dans l’espèce, l’antiquité de la chapelle de Roc-Amadour et sa fondation par Zachée est attestée, non par le pape, mais par les signataires de la supplique qui se bornent à affirmer un fait dont ils ne montrent point la réalité et dont aucun historien n’a encore eu connaissance.
Martin V ne discute point ; il ne donne aucune approbation. Il se contente après avoir transcrit, suivant l’habitude, la requête qui lui a été adressée à ce sujet, d’accorder, non pas parce que l’église de Roc-Amadour a l’origine dont on lui parle, comme le prétend Bertrand de Latour, mais uniquement « parce que les miracles opérés dans ce sanctuaire et les foules nombreuses qui s’y pressent le méritent », les indulgences qu’on lui a demandées.
 » (Rocamadour. Etude hist. et arch. Ernest Rupin 1904. p.20)
 
La Bulle de Martin V ne permet pas d’établir
l’identification de Zachée avec Amadour

 
« On ne peut donc s’appuyer sur cette bulle pour établir l’identification de Zachée avec Amadour. Aussi quand les chanoines de cette localité voulurent prouver, vers 1656, l’origine apostolique de leur église sur l’autorité de ce seul acte et demander au pape certains privilèges, on ne tint aucun compte de ce document et on n’accéda point à leur désir. C’est ce qui résulte de la lettre d’un des correspondants de l’abbé Raymond de Fouilhac qui s’occupait de réunir des matériaux pour son Histoire de la province de Quercy, restée à l’état de manuscrit et conservée à la bibliothèque de Cahors. Voici le passage de cette lettre datée de Paris le 25 février 1664 :
 
   « Monsieur nostre maistre….. J’ai bien de regret de ne pouvoir vous écrire autre chose, car je ne sais point d’autres auteurs sur ce sujet que ceux que le Père Odo cite. Ses citations me son suspectes, car au chapitre 24, page 287, il rapporte un fragment d’une bulle de Martin V, où il dit que saint Amadour était disciple de Nostre-Seigneur, qu’il s’appelait Zachée. J’ai une copie de cette bulle qui n’en dit pas un mot. J’en ai pris une copie exacte ; elle fut faite et envoyée à Mgr Raffrol ( ?) à Paris, il y a bien sept ou huit ans, pour MM. Les chanoines de Roc-Amadour, avec une autre de Pie II pour avoir occasion de demander certains privilèges qui leur ont été refusés… (Signé) Duplés »
Ernest Rupin indique en note (1) : (Bibliothèque de Cahors. Liasse Fouilhac ; feuilles détachées. Cette pièce a disparu depuis peu d’années et une simple fiche en constate l’existence. Mais M. Malinowski, professeur au lycée de Cahors, en avait heureusement pris une copie, vers 1876, copie qui se trouve actuellement aux Archives de M. Louis Greil, à Cahors). »

 
La bulle de Martin V a donc été mal copiée et mal interprétée par nos historiens modernes ; ce qui le prouve encore c’est qu’un des successeurs de ce pape, Pie II, en délivrant, en 1463, une bulle en faveur du même sanctuaire n’aurait probablement pas négligé de rappeler les termes employés par son prédécesseur, s’ils avaient eu la portée qu’on veut leur donner aujourd’hui, au lieu de se servir simplement de ce qui est contenu dans les Actes du saint, à savoir « qu’une des chapelles de Roc-Amadour conservait le corps du bienheureux Amadour, disciple du Christ (copie de cette bulle aux pièces justificatives, n°XX).
 
On voit maintenant le cas qu’il convient de faire de cette bulle de Martin V et c’est seulement sur l’autorité de cet unique document que les écrivains qui s’occupèrent de Roc-Amadour au XVIIe siècle ont établi la légende du saint en l’identifiant avec le Zachée de l’Evangile. » (Rocamadour. Etude hist. et arch. Ernest Rupin 1904. p.21)
 
Le Père Bonaventure de Saint-Amable ajoute quelques détails : « Ce crédule religieux déclare qu’on découvrit avec le corps de saint Amadour, en 1166, les lettres que saint Martial lui écrivait sous le nom de Zachée.
 
On serait bien en droit de demander quelques preuves de la véracité de ce fait, dont on ne commence à parler que cinq cents ans après la découverte des reliques du saint ermite, et qui était assez important par lui-même pour avoir été déjà signalé par tous ceux qui ont écrit sur saint Martial et sur saint Amadour. Toute la référence que peut en fournir le Révérend Père, c’est que le fait a été affirmé " par un vénérable vieillard au Père Séraphin, religieux de son ordre, passant à Roc-Amadour " ». (Rocamadour. Etude hist. et arch. Ernest Rupin 1904. p.22)
 
« Je sais bien que le P. Bonaventure de Saint-Amable parle de lettres de saint Martial à Zachée qu’on aurait trouvées sur le corps de saint Amadour quand les protestants le brûlèrent » (Les miracles de Notre-Dame de Roc-Amadour au XIIe siècle. Edmond Albe. Paris 1907 pp.29-30)
 
 
Prétentions de l’église de Levroux
à la possession du corps de Zachée

 
Selon certains docteurs de la doctrine chrétienne, on pourrait mourir en deux endroits à la fois.
 
« Je ne pense pas en effet que les documents sur lesquels s’appuient les derniers auteurs qui ont défendu cette tradition (Abbé Damourette), soient beaucoup meilleurs que les documents dont s’étayait la tradition de Roc-Amadour. Je renvoie au livre de M. Rupin. » (Les miracles de Notre-Dame de Roc-Amadour au XIIe siècle. Edmond Albe. Paris 1907 pp.31-32)
 
Ernest Rupin y a consacré environ six pages dont je ne rapporte ici que la première juste pour information :
 
« Il y a encore une autre raison qui ne permet pas de confondre saint Amadour avec Zachée et qui même laisserait entrevoir que les reliques de ce dernier, en admettant leur existence, ne se trouveraient pas au sanctuaire vénéré du Quercy. C’est que, suivant des traditions aussi anciennes que celles de Roc-Amadour, Zachée serait le même que le saint honoré dans le Berry sous le nom de Sylvain, dont le corps reposerait à Levroux, aujourd’hui chef-lieu de canton de l’arrondissement de Châteauroux.
 
D’après la tradition du Berry, Zachée, Sylvain, Amadour, seraient un seul et même personnage. De Roc-Amadour Zachée serait allé dans le Berry et c’est à Levroux, où auraient été déposés et où seraient encore conservés ses restes, que se serait continué son apostolat et consumé sa vie. Le P. Berthier, au milieu du XVIIIe siècle, disait en parlant de Levroux : "On y parait persuadé que ce saint (saint Sylvain) est le publicain Zachée de l’Evangile" (Berthier, Hist. de l’église gallicane).
 
Pour appuyer cette tradition, on fait valoir des arguments locaux qui, chose assez curieuse, sont identiques à ceux des écrivains qui soutiennent celle de Roc-Amadour.
 
Zachée a été appelé Amadour des mots Rupis Amator, "l’ami des rochers", parce qu’il a choisi sa solitude au milieu des rochers, dit-on dans le Quercy (Odo de Gissey).
 
Zachée a été appelé Sylvain du mot de silvianus, "homme qui habite les forêts", parce qu’il s’est retiré sur la fin de sa vie dans les forêts du Berry, affirme-t-on à Levroux (Abbé E. Duroisel). ». (Rocamadour. Etude hist. et arch. Ernest Rupin 1904. p.55)
 
 
La légende Zachée-Amadour officialisée
par les évêques de Cahors à la fin du XIXe siècle

 
« Tous les bréviaires de Cahors de 1710 à 1852 considèrent saint Amadour comme un simple solitaire. » (Rocamadour. Etude hist. et arch. Ernest Rupin 1904. p.22 (Note 4))
 
« Si on ne trouve pas cette identification dans les bréviaires du diocèse de Cahors imprimés au XVIIIe siècle et dans la première moitié du XIXe, on s’est empressé de la rétablir en 1852, lors de la révision de ce livre de prières. On y lit en effet qu’Amadour n’est autre que le publicain Zachée et que son épouse s’appelait Véronique. » (Rocamadour. Etude hist. et arch. Ernest Rupin 1904. p.57)
 
« Officielle depuis 1852, Mgr Bardou, évêque de Cahors l’introduisit dans le bréviaire  » (La Vie de et les Miracles de S. Amator. E. Albe. Extrait des Analecta Bollandiana, tome XXVIII. Bruxelles 1909. p.57)
 
« Mgr Enard, évêque de Cahors (1896-1906) l’a faite sienne, dans une "Lettre pastorale sur l’histoire de Roc-Amadour et l’indulgence plénière, en souvenir des grands pardons, accordée par le Souverain Pontife au pèlerinage pour l’année 1899". » (Rocamadour. Etude hist. et arch. Ernest Rupin 1904. p.14)
 
 
« Le 8 février 1899, Mgr Enard, évêque de Cahors, a publié une Lettre pastorale sur l’histoire de Roc-Amadour. Saint Amadour y est identifié avec Zachée, qui vint, « sur la recommandation expresse de la sainte Vierge », terminer ses jours en Gaule, accompagné de son épouse Véronique. [ ... ] l’évêque prétend rétablir la thèse sur une base rigoureusement scientifique.  » (La controverse de l’apostolicité des églises de France au XIXe s.iècle. p.215) (24).
 
Voici le genre d’argument scientifique de Mgr Enard, évêque de Cahors :
 
 «Les reliques qui restent à Roc-Amadour témoignent que le saint était de petite taille, c’est bien donc le Zachée de l’Evangile, dit-on à Roc-Amadour  » (Rocamadour. Etude hist. et arch. Ernest Rupin 1904. p.56 note 1 : Mandement de Mgr Enard, évêque de Cahors).
Être évêque n’empêche pas de dire d’énormes bêtises.
 
 
 
Sainte Véronique, l’épouse
de saint Amadour n’a jamais existé

 
« D’après les Actes du saint, Amadour était hébreu et pratiqua la religion des Israélites. Suivant la loi de Moïse il prit une compagne qui ne lui était en rien inférieure au point de vue des mœurs et de la foi et qui était bien de religion israélite, puisque c’est elle qui, au contact des vêtements du Christ, fut guérie d’une grave infirmité. Elle s’appelait Véronique, et c’est la même qui, sur le chemin du Calvaire, prit sur un voile l’empreinte des traits sanglants du Christ.
 
 
Les Bollandistes en reproduisant ces Actes n’ont pu s’empêcher de faire ressortir l’erreur qui s’y était glissée à ce sujet, car l’hémorroïsse de l’Evangile n’était pas juive mais idolâtre, ainsi que l’affirme Eusèbe de Césarée au chapitre XVIII du livre VII de son "Histoire Ecclésiastique" (25), en ajoutant qu’elle érigea, en mémoire du miracle opéré, une statue qu’il a vue de ses yeux ; cette statue fut dans la suite détruite par Julien l’Apostolat en haine de la foi chrétienne. Selon un sermon, attribué à tort à saint Ambroise, l’hémorroïsse était Marthe, la sœur de Lazare. D’après une tradition conservée à Bazas, sainte Véronique serait une dame des Gaules native de Bazas même.
 
 
L’Evangile ne nomme pas cette femme, il la désigne sous le terme générique de mulier (26). C’est dans les Evangiles apocryphes, au chapitre VII de celui de Nicodème, qu’on donne à l’hémorroïsse le nom de Véronique (27) et il n’est fait mention de ce nom que dans cet ouvrage, condamné par l’Eglise, et qui parait n’avoir été écrit qu’au Ve siècle (Alfred Maury, Revue de philologie, de littérature et d’histoire ancienne tome II, p. 428).
 
On ne peut donc confondre l’épouse de saint Amadour avec la femme dont il est parlé dans saint Matthieu. On ne peut non plus la confondre avec une sainte Véronique quelconque, car jamais il n’y a eu à cette époque une sainte Véronique et de nos jours on ne trouve ce nom ni dans aucun bréviaire ni dans aucune Vie des Saints.
 
Voici ce qui a donné lieu à cette confusion qui existe encore dans l’esprit de bien des personnes :
 
La représentation de la face du corps de Jésus-Christ sur des toiles a été dès l’aurore du XIe siècle, l’objet de la vénération des fidèles. Ceux qui étaient établis pour la régler devaient avertir que par le nom de Véronique, on n’entendait autre chose qu’une vraie image du Sauveur (Mabillon et Dom Calmet dans son dictionnaire de la Bible), peinte sur une toile. Les vendeurs de ces images étaient désignés sous le nom de Vendeurs de Véroniques (Du Cange, Glossaire, verbo Veronica).
 
Les peintres qui représentaient ainsi l’empreinte des traits du Sauveur faisaient ordinairement tenir le voile, sur lequel elle se trouvait, par une femme dont aucun évangéliste ne parle mais qui, d’après une ancienne tradition, se serait approchée de Jésus, montant au Calvaire, pour essuyer sa face divine. Insensiblement, et sans s’en rendre compte, l’attribut devint le sujet, l’accessoire fut transformé en objet principal, la substance inanimée prit vie, et, par interversion des rôles, on finit par rendre à cette femme le culte qui n’était destiné qu’à la Sainte-Face et on lui donna pour la première fois le nom de Véronique, tandis que l’effigie elle-même se vit nommer Sainte-Face, ou Suaire de sainte Véronique. On alla plus loin et on attacha la fête de cette prétendue sainte à des jours fixes dans les calendriers et dans les martyrologes.
 
Dès que l’Église s’aperçut de cette erreur, elle la condamna tout aussitôt. Le cardinal Baronius, l’un des commissaires établis en 1582 pour travailler à la révision du martyrologe, sous le pape Grégoire XIII, fit supprimer le nom de Véronique de la liste des saints, et peu après l’archevêque saint Charles Borromée retrancha du missel de tous les calendriers où il se trouvait. Il déclare dans le mandement publié à ce sujet que ce culte avait été introduit à tort par de simples prêtres qui n’avaient aucune autorité pour le faire.
 
Un grand nombre d’évêques corrigèrent à leur tour leurs bréviaires et firent disparaître cette dévotion non autorisée pour la remplacer par celle de la Sainte-Face de Jésus-Christ souffrant (Berthier, Histoire de l’église gallicane, liv. I, Commencement de l’église de Bourges, Paris 1730).
 
Sainte Véronique n’a donc jamais existé ; il serait alors bien difficile d’en faire la femme de saint Amadour et cette constatation doit nous faire regarder comme de plus en plus suspects les Actes de ce saint. » (Rocamadour. Etude hist. et arch. Ernest Rupin 1904. p.52-54)
 
 
Voilà la fable et l’imposture
d’Amadour identifié à Zachée

 
Rappelons que saint Martial n’a pas vécu au premier, mais au troisième siècle.
 
« Que saint Martial ait été le contemporain des Apôtres, qu’il soit venu avec Zachée dans l’Aquitaine, voilà la fable et l’imposture. » (Histoire critique et religieuse de Notre-Dame de Roc-Amadour, A. B. Caillau, Paris 1834. p.49).
 
Sous le maître autel, dans la Chapelle de la Vierge Noire, nous pouvons apercevoir Zachée dans l’arbre sous les regards de toutes les personnes assistant à cette scène relatée dans l’évangile de Luc.
 
Si l’on s’en tient à l’évangile selon saint Luc (Chapitre 19.1-7) :
 
«  Jésus entra dans Jéricho et traversa la ville.
Alors un homme du nom de Zachée qui était chef des péagers et qui était riche
cherchait à voir qui était Jésus ; mais il ne le pouvait pas, à cause de la foule, car il était de petite taille.
Il courut en avant et monta sur un sycomore pour le voir, parce qu’il devait passer par là.
Lorsque Jésus fut arrivé à cet endroit, il leva les yeux et lui dit : Zachée, hâte toi de descendre ; car il faut que je demeure aujourd’hui dans ta maison.
Zachée se hâta de descendre et le reçut avec joie.
À cette vue, tous murmuraient et disaient : il est allé loger chez un homme pécheur.
 »
 
   


Zachée dans l’arbre - © Charly Senet 2008

 
« Or si saint Amadour, le prétendu Zachée, était le serviteur de la Vierge et comme le compagnon et le protecteur de Notre-Seigneur, si son épouse Véronique était « l’humble compagne et servante dévouée de Marie », comme l’affirment les Actes du saint,
Amadour n’aurait pas eu besoin de monter sur un arbre pour reconnaître le Christ.
De plus, le peuple n’aurait pas murmuré de voir Jésus entrer dans la maison de ceux qui lui étaient si complètement dévoués depuis leur enfance
, « qui vivaient en paix dans la justice du Seigneur, attendant dévotement la naissance du Sauveur », et qui s’étaient entièrement attachés à sa personne, « régénérés depuis longtemps dans la foi », comme l’assurent toujours les mêmes Actes. Aurait-on pu reprocher à Jésus de descendre dans la maison d’un pécheur ? »
(Rocamadour. Etude hist. et arch. Ernest Rupin 1904. p.51-52)
 
Nous savons maintenant la foi que nous devons accorder aux Actes de saint Amadour et à toutes ces histoires plus invraisemblables les unes que les autres qui sont venues se greffer autour.
 
 
 
Saint Amadour identifié
à saint Amateur évêque d’Auxerre

 
« Cette opinion Amadour, évêque d’Auxerre a été soutenue pour la première fois, dans une pièce de vers que Lacoste cite comme ayant été écrits en l’église Saint-Amant-de-Coronzac, par des chanoines de Cahors, sur le tombeau de sainte Nectérie, et recueillis par l’abbé de Foulhiac.. » (Les miracles de Notre-Dame de Roc-Amadour au XIIe siècle. Edmond Albe. Paris 1907 pp.35-36)
 
Cette hypothèse a fait couler moins d’encre à Rocamadour, mais à dire vrai, celle-ci présente peu d’intérêt, non parce que, vous l’avez sans doute déjà deviné, elle est fausse comme les précédentes, mais parce qu’elle n’a pas suscité chez les religieux le même enthousiasme ni la même ferveur qu’ils ont montrée pour défendre la légende de Zachée.
 
 
Saint Amadour
simple solitaire du Quercy

 
La dernière légende, de nouveau en vogue ces dernières années, est celle qui considère Amadour comme un simple solitaire. Apparue vers le XVIIIe siècle, elle n’est pas vraiment nouvelle, mais elle n’avait pas rencontré l’adhésion des inconditionnels de la légende de Zachée au XIXe siècle et au début du XXe siècle. Nous l’avons vu avec les évêques de Cahors Mg Bardou et Mgr Enard. Mais on peut penser qu’elle a dû recevoir un meilleur accueil au sein de l’Église à la fin du XXe siècle, parce qu’elle mettait fin aux polémiques entre l’école légendaire et l’école historique. Et, elle mettait surtout un terme à tous les mensonges religieux empilés depuis le XIIe siècle qui avaient sévèrement entaché sa réputation.
 
Cette dernière légende qui fait d’Amadour un simple solitaire est toutefois difficile à soutenir . Prenons simplement en compte l’état du corps découvert en 1166. Il est très surprenant qu’aucun auteur n’y ait songé !
 
«  car tu es poussière,
et tu retourneras dans la poussière
 » (Genèse 3.19)

 
À moins de trouver un religieux (il ne doit pas en manquer) qui viendrait prétendre que le prénommé Amadour est mort à une époque glaciaire spontanée et limitée dans le temps, pour justifier le parfait état de conservation de son cadavre. Sinon, je ne vois pas comment il aurait pu vivre en solitaire et se retrouver momifié à Rocamadour.
Je le répète une nouvelle fois, seuls les égyptiens, à la date même de la découverte du corps en 1166, maîtrisaient la momification permettant de conserver les corps plusieurs siècles.

 
Souvenons-nous :
« Ces restes précieux demeurèrent sans corruption pendant plusieurs siècles, de telle sorte que l’on disait :
Ceci est entier comme le corps de Saint-Amadour
il est en chair et en os comme Saint-Amadour. »
(Hist. crit. et religieuse..., A. B. Caillau p.53).
 
« Son corps - on le sait de science certaine
est entier et jamais ne pourrit.
 ».
(Geuffroy de Paris, Bible des Sept Etats du Monde. J. Rocaher p.71)
 
Rappelons aussi, s’il était nécessaire, que le corps fût découvert à la fin du XIIe siècle en creusant une tombe. L’inhumation était une pratique très répandue en Gaule. Bien que ses habitants aient aussi, à l’époque gallo-romaine, pratiqué l’incinération. Les Romains (les plus riches) avaient coutume de brûler leurs morts et d’en recueillir les cendres dans des urnes. Dans les deux cas, on a recours à la présence d’autres personnes.
 
Le corps n’a pas pu être découvert dans la terre, pour la simple raison que, même momifié, avec l’humidité du sol, il se serait détérioré. Il était donc à l’abri avant sa prétendue découverte en creusant une tombe.
 
Nous verrons plus loin comment, avec des analyses scientifiques de ses restes, nous pourrions obtenir de précieuses informations sur les origines de ce prétendu « simple solitaire » du Quercy.
 
 
Que savons-nous exactement sur cet inconnu
qui s’est fait appeler Amadour à Rocamadour ?

 
La première fois où le nom Amadour apparaît, c’est dans une légende que le chroniqueur normand Robert Thorigny reproduit d’après une vague rumeur (1) ou d’après les dires de certaines personnes (2) de Rocamadour à la fin du XIIe siècle. [ (1) E. Rupin. Rocamadour. Et. Hist. 1904 p.64  (2) E. Albe, Les miracles de ND de Rocamadour. 1907 p.23 ].
 
Nous savons avec certitude que toutes les versions de « La Vie de saint Amadour » dans les « Actes du saint » appelé Amadour à Rocamadour ne sont que supercherie. Elles ont toutes été fabriquées, quel que soit le nom qu’il a pu recevoir : Amadour, Amador, Amator, Amateur,... dans les différentes variantes et interprétations trouvées dans les textes suspects en France, en Belgique, en Italie, en Espagne et au Portugal depuis le XIIIe ou le XIVe siècle.
 
Amadour n’a pas pu avoir pour épouse « sainte Véronique » puisqu’elle n’a jamais existé. Il est donc peu probable, que le couple « Amadour et Véronique » inventé par l’Inquisiteur Bernard Gui, puis reproduit dans les Actes de saint Amadour, puisse avoir existé.
 
« Amadour et Véronique », les disciples de saint Martial ne sont que pure invention de l’Inquisiteur Bernard Gui.
 
Même si saint Martial a réellement existé, il est établi qu’il a vécu au troisième siècle et non au premier siècle comme l’ont affirmé Bernard Gui, et sans relâche tous les religieux après lui, depuis le XIVe siècle.
 
Remarquons que s’il est prouvé que saint Martial a vécu au troisième siècle démontre que Bernard Gui était un menteur et que celui que l’on nomme Amadour n’était pas son contemporain, mais n’apporte pas la preuve que notre inconnu n’a pas vécu au premier siècle. Nous verrons plus loin que les analyses de ses restes trancheraient définitivement cette question.
 
Le nom d’Amadour
au cours des siècles

 
XIe siècle « L’évêque de Cahors Dieudonné (1031-1035) n’en fait aucune mention aux conciles de Limoges qu’eurent lieu en 1028 et 1031 où furent discuté avec tant de véhémence la question de l’apostolicité de saint Martial. Aucun argument n’aurait été aussi puissant puisqu’il aurait été établi que saint Martial avait eu pour compagnon Amadour, le gardien même du Sauveur et le serviteur dévoué de la Vierge. » (E. Rupin. p.27).
 
XIIe siècle C’est sans aucune référence que Robert de Thorigny mentionne le nom Amadour pour la première fois en 1183. Puis, la découverte du corps en 1166, dont il parle n’avait pas une très grande importance aux yeux du moine de Rocamadour qui écrivait en 1172 « Les miracles de Notre-Dame de Rocamadour » (E. Albe p.23).
 
XIIIe - XVe siècles, nous l’avons vu, les religieux ont donné libre court à leur imagination. L’inquisiteur Bernard Gui a enrichi copieusement la première légende de Robert de Thorigny et les autres religieux après Bernard Gui, se sont engouffrés dans la brèche grande ouverte et tous les auteurs, sans distinction, ont continué, sans réfléchir, à propager les mensonges au cours des siècles.
 
XVIe siècle « Le manuel de 1593, à l’usage des ecclésiastiques du diocèse de Cahors, ne mentionne même pas le nom d’Amadour dans le calendrier des saints qui figure en tête de l’ouvrage. » (E. Rupin. p.59).
C’est plutôt surprenant ! Plus de 400 ans après la découverte du corps en 1166. Il faut reconnaître que la découverte de l’illustre personnage ne semblait pas jouir d’une grande importance dans la région.
 
XVIIIe - XIXe siècles « le savant abbé Legros (1744-1811), qui s’est occupé si activement des saints et des pieux personnages ayant eu un rapport quelconque avec le Limousin et qui a laissé à ce sujet six volumes manuscrits, in-4°, de 500 à 600 pages chacun, conservés à la bibliothèque de Limoges, ne consacre aucune biographie, aucune notice sommaire à saint Amadour. On ne trouve au tome III de ces ouvrages, et à la date du 23 août, que cette simple mention : « A tulle, saint Amadour et sa femme Véronique dont on n’a que des traditions fort incertaines ». Dans sa table des saints, qu’il dénomme Martyrologe du diocèse de Limoges, il le fait figurer comme un simple ermite. » (E. Rupin. p.71).
 
 
XIXe - XXIe siècles : « Saint Amadour ne figure pas davantage dans la liste des saints répertoriés dans le « dictionnaire iconographique des figures, légendes et Actes des saints en première partie de  «l’Encyclopédie théologique » publiée par l’abbé Migne en 1850 (28).
 
 
Le seul Saint Amadour connu en France au XIXe siècle : « Amadour ou Amateur », on le trouve dans « Histoire de la ville de Troyes et de la Champagne Méridionale. » paru en 1870. Cet Amadour se fête le 8 janvier et il est mentionné en tant que premier évêque de Troyes mort vers 340 (29).
 
Notons pour information que ce dernier est également le seul à être référencé dans la « Liste chronologique des saints de France, des origines à l’avènement des carolingiens » (VIIIe-Xe siècle) dans « Revue d’histoire de l’Église de France » (30).
 
 
Dans le « Grand livre des saint de Jacques Baudoin » paru en 2006, l’auteur ne fait que relater et résumer les diverses légendes qui ont été fabriquées au cours des siècles. Notons qu’il a pris soin de le signaler dans le chapitre « III - Les sources » à la page 17 de son ouvrage (31). Il ne me semble donc pas nécessaire d’y revenir, puisque nous les avons toutes, précédemment, analysées en détail et nous savons maintenant que nous pouvons rejeter toutes les affirmations qu’elles contiennent.
 
Rappelons que c’est sans aucune référence que Robert de Thorigny mentionna le nom Amadour pour la première fois en 1183, (17 ans après la découverte du corps en 1166) et que les interventions de Véronique et de saint Martial dans sa « Vie », lui étaient aussi inconnues que « les Actes du saint ».
 
En définitive, nous ignorons tout de la raison pour laquelle on donna le nom Amadour au corps découvert en 1166, mais tout laisse à penser que son nom fut inventé comme sa « Vie » et « les Actes du saint » l’ont été bien après sa découverte.
 
 
Véritable histoire d’Amadour,
ce parfait inconnu à Rocamadour

 
Après avoir vu l’inexistence de saint Amadour de Rocamadour dans les listes des saints dans les siècles qui ont suivi sa découverte, rappelons que l’évangélisation de la Gaule est venue de Rome et non d’Orient et qu’elle est arrivée beaucoup plus tardivement à l’intérieur du pays. Il paraît donc peu vraisemblable qu’une région isolée comme Rocamadour ait servi de base arrière pour précher et diffuser la bonne parole de Rome en Gaule. Il paraît tout aussi peu vraisemblable que celui qu’on a appelé Amadour à Rocamadour, se soit retiré de la civilisation dans l’intention d’évangéliser le Quercy.
 
« ne faisons pas dire aux documents ce qu’ils ne contiennent pas.
La vérité y gagnera...
 », écrivait Ernest Rupin (p.72). On ne peut que se ranger à son opinion et l’approuver.
 
Signalons que l’excellente étude d’Ernest Rupin sur Rocamadour à l’origine de la parution en 1904 de ce document historique que nous lui devons n’a pas empêché les mensonges de continuer à se répandre, puisque nous avons vu que les évêques de Cahors à la fin du XIXe siècle : Mgr Bardou en 1852, puis après lui à partir de 1896, Mgr Enard ont indentifié officiellement celui qui avait été appelé Amadour à Rocamadour comme étant le Zachée de l’Évangile.
Au début du XXe siècle, Mg Enard (1896-1906) n’a pas hésité à faire graver le nom de « Zachée » dans le marbre chrétien ou plus exactement dans le marbre de la certitude. Cette plaque de marbre, visible au-dessus du tombeau sur les cartes postales qui circulaient encore dans la seconde moitié du XXe siècle, en témoigne.
N’oublions pas que l’abbé Caillau avait déjà en 1834 critiqué sévèrement la Vie et les Actes du saint et pour reprendre ses paroles, dénoncer la fable et l’imposture de cette identification.

 
C’est pourquoi je me permets de dire, avec tout le respect que je dois à l’érudit Ernest Rupin pour son travail et son courage, que s’il avait seulement mentionné, dans son chapitre consacré à l’« ARCHÉOLOGIE », les sculptures qu’il avait forcément vu et observées sur la falaise, il aurait au moins réussi à épargner, en partie, ces rares témoins sur le passé de Rocamadour détruits en nombre par les incessantes purges de la falaise, qui ont été menées tout au long du XXe siècle et se sont poursuivies au début du XXIe siècle.
 
Pourquoi et qui a empêché Ernest Rupin d’en parler ? La question reste posée.
 
La Vérité se trouve sous nos yeux,
elle a laissé des traces sur la falaise de Rocamadour

 
J’ai plusieurs fois attiré l’attention de la région sur les sculptures encore présentes sur la falaise de Rocamadour (Mairie, Préfecture, Syndicat Mixte du Grand Site de Rocamadour, SRACP du Lot, DRAC Toulouse, DRAC Bordeaux, La Dépêche du Midi). Je l’ai également fait en publiant le premier résultat de mon étude archéologique en 2013 et j’attire une nouvelle fois l’attention sur les détails que l’on peut observer sur la falaise avec des documents photographiques anciens tels que la photographie d’Ernest Rupin insérée à la page 209 (fig.40) de son ouvrage paru en 1904 et avec d’anciennes cartes postales de Rocamadour que vous trouverez dans la seconde partie de mon étude archéologique mise en ligne en 2016.
 
Il est étonnant dans un pays dit laïque comme la France, qu’aucun archéologue ne se soit intéressé de près à toutes ces sculptures sur la falaise de Rocamadour qu’on ne trouve nulle part ailleurs en France et en Europe. Dire la vérité lorsqu’elle se trouve sous nos yeux, ne me semble pas porter une atteinte à la religion, c’est simplement une question de déontologie. Nous avons vu précédemment que certains religieux ne se sont pas cachés derrière de faux prétextes pour faire taire les mensonges de leurs collègues.
 
Quelle que soit la raison qui a amené Ernest Rupin à ne pas en parler à son époque, il a malgré tout, avec cette photographie (fig. 40) particulièrement, voulu attirer l’attention de ses successeurs. Force est de constater qu’ils ne sont pas nombreux à avoir suivi ses traces dans la région de Rocamadour.
 
« Ne rien voir, ne rien entendre, ne rien dire »
telle semble être la devise de Rocamadour pourrions-nous résumer
 
Ne commettons pas l’erreur de ne pas prendre en considération les sculptures sur la falaise de Rocamadour pour comprendre qui était et d’où venait celui à qui on donna le nom Amadour. Si on s’est toujours refusé à Rocamadour de mentionner les sculptures sur la falaise, ce n’est pas sans raison ni sans arrière-pensée.
 
C’est pourquoi, il m’a paru important et indispensable devant ce déni archéologique de toute une région de combler cette grave lacune pour ne pas priver les générations futures d’une page de notre HISTOIRE commune en proposant en 2016 un extrait du second volet de l’étude archéologique que je mène depuis 2011 sur la présence de vestiges archéologiques jamais signalés sur falaise de Rocamadour.
 
Terminons avec les restes du corps du saint Homme qui aurait été détruit puis brûlé par les protestants en 1562.
 
 
Les reliques
du saint Homme

 
 
Nous avons des témoignages historiques confirmant le saccage du sanctuaire de Rocamadour par les protestants en 1562, mais les détails reproduits par Odo de Gissey, qu’il dit détenir de vieillards qui en ont gardé la souvenance, sont aussi suspects que ceux qu’il a reproduits pour la légende d’Amadour (il en est de même pour la Vierge Noire) :
« La précieuse relique fut livrée aux flammes, mais le feu la respecta. » Bessonies, pris de rage, se serait alors emparé d’un marteau de forgeron et se serait écrié, en frappant à coups redoublés :
« Je te briserai puisque tu ne veux pas brûler. » (Rocamadour. Etude hist. et arch. Ernest Rupin 1904. p.162)
 
 
Accordons-nous un moment de réflexion
 
1. Pourquoi les protestants auraient-t-ils perdu leur temps à vouloir brûler le corps de saint Amadour, alors que leur principal objectif était de rafler un maximum d’objets de valeur ? :
« Les brigandages commis furent estimés à la valeur de plus de 15,000 livres, (environ 140000 francs de notre monnaie ?) somme énorme pour cette époque » (E. Rupin, p.162) Soit effectivement l’équivalent de plus de 54 millions d’euros en 2015 ! (32) Une somme suffisamment importante et un argument suffisamment convaincant pour nous inciter à réfléchir sur les réelles motivations de la présence des protestants à Rocamadour ?
 
2. Les principales victimes des bûchers connues dans l’Histoire jusqu’au XVIe siècle, sont toutes les femmes et les hommes persécutés par l’Église catholique, dont le seul crime était d’avoir eu une opinion différente de la sienne.
 
3. Est-ce que pour la première fois de sa vie, Bernard Gui entendit le cri des suppliciés et le bruit de leurs os brisés ? Aurait-il, à la veille de sa mort, éprouvé de la compassion pour les souffrances qu’il leur avait infligées et fait endurer ? Aurait-il ressenti de l’admiration devant les accusés qui résistaient aux plus dures pressions et, comme :
« les vaudois (ou pauvres de Lyon) Jean de Vienne et sa femme Huguette, lui déclaraient jusqu’au bout « vouloir préserver, vivre et mourir » dans leur « erreurs » (c’est-à-dire dans leur foi chrétienne, mais non pas « catholique » et romaine) ? » (Le livre des sentences de l’inquisiteur Bernard Gui. Julien Théry. 2010. Intro IX-X, sentence pp. 175-184)
 
4. Les cas de profanation de tombes dans les cimetières avec exhumation des corps et, ou des ossements pour les brûler, c’est dans le livre des sentences de l’inquisiteur Bernard Gui qu’on en trouve plusieurs exemples.
 
5. Quelle a pu être la réaction de Bernard Gui en découvrant pour la première fois ce corps parfaitement conservé à Rocamadour ? L’histoire qu’il a inventée montre à elle seule que son esprit était sérieusement ébranlé. Tous ses préjugés et toutes ses croyances étaient soudainement remis en question.
 
6. N’est-ce pas Bernard Gui qui, le premier, a commencé à fabriquer une légende en inventant une fausse Vie à « Amadour » et qu’il lui a donné une fausse épouse « Véronique », et fait du faux couple les faux disciples de « saint Martial », ce faux apôtre du premier siècle ?
 
Ne pourrions-nous pas tout simplement envisager l’hypothèse d’un Bernard Gui arrivé en fin de vie, s’interrogeant sur ses propres « erreurs », sur tous les actes horribles et malveillants qu’il a commis durant toute sa vie et plus particulièrement lorsqu’il était au service de l’Inquisition. Ou, hypothèse tout aussi vraisemblable, qu’on l’ait incité à les reconnaître et à se repentir. Serait-il possible alors de penser, dans un cas comme dans l’autre, que ce Bernard Gui ait reconnu, sous protectorat de son Église, qu’il valait mieux reconnaître ce corps mystérieusement bien conservé, non comme un paria, mais comme un saint Homme ?
 
 
Le reliquaire contenant les restes
du saint Homme

 
Le reliquaire où furent placés ses restes se trouvait dans la crypte St Amadour, sous l’église Saint-Sauveur, avant de rejoindre vers 1968 le musée d’art Sacré Francis Poulenc sur le parvis des sanctuaires (33), un musée fantôme depuis au moins une dizaine d’années.
 
 
Amadour, le grand retour à Rocamadour
L’année 2016 sera la Mission Zachée !
 
Selon la teneur d’un article paru sur le site du sanctuaire de Rocamadour, leurs auteurs semblent vouloir en 2016 ressusciter de ses cendres la légende « Amadour identifié à Zachée ». La fable et l’imposture démystifiées entre la fin du XIXe et le début du XXe siècle.
 
Extraits de l’article " Mission Zachée " :
 
« avec le 850° anniversaire de la découverte du corps intact de saint Amadour en qui beaucoup ont cru reconnaître la figure évangélique de Zachée, selon la légende, retiré en Quercy [ ... ] L’évêque de Cahors Mgr Camiade propose de prendre pour texte phare de l’année 2016 [ ... ] la conversion du publicain Zachée (Luc 19,1-10) qu’une tradition ancienne rattache à la fondation du sanctuaire »
( http://rocamadour.eu/2016-lannee-saint-amadour ), consulté le 10.02.2016
 
Rocamadour annonce comme un retour l’installation du « nouveau reliquaire » et les reliques en août 2016. C’est une vieille recette ecclésiastique qui a fait ses preuves pour promouvoir la popularité d’un saint tombé dans l’oubli. Pour donner de l’éclat à la cérémonie, il est prévu d’envoyer 8 ânes portant une statue de Notre-Dame de Rocamadour visiter tous les villages du diocèse avec une procession en bouquet final.
 
Dans de nombreux cas, après ce genre de manifestation, s’ensuivait au moyen-âge, une série de miracles. Attendons-nous donc à voir bientôt surgir le second tome du livre « les miracles de Notre-Dame de Rocamadour ».
 
   


Reliquaire restes st Amadour

 
La dépêche du Midi n’a pas manqué d’en faire l’écho dans son article du 30 01 2016
 http://www.ladepeche.fr/article/2016/01/30/2266514-2016-sanctuaire-dame-met-marche-annee-saint-amadour.html 
 
En résumé, on efface tout et on recommence. Notons qu’il s’agit d’un « nouveau reliquaire ». S’y prendrait-on autrement pour détruire des indices archéologiques ? Qu’en est-il réellement des restes ? Personne ne semble le savoir à Rocamadour, comme nous allons le voir tout de suite.
 
 
C’est Bizarre que nous soyons le dernier des pays,
où l’on ne nous apprenne rien sur les origines du lieu où nous habitons.
[Abbé Lafon (1923-2015)]

 
 
L’abbé Jean Lafon, prêtre du diocèse de Cahors, originaire de Rocamadour (Magès), nous apporte un éclairage avec son témoignage dans « Rocamadour, une cité en équilibre » paru en 1998 (34) :
 
« Je crois que les ossements sont au château, aux archives du pèlerinage. Moi je râle ! Parce qu’on a mis les châsses au musée. On ne fait pas ça ! Même dans beaucoup de pays où ils ont un saint fondateur ou n’importe quoi, même si ce sont des mairies communistes ou des athées, on fait la fête ce jour-là et on ne met pas ça au rancard ! On a enlevé les ossements, qu’ils soient de saint Amadour, je n’en sais rien, mais c’est un support de l’histoire et on doit les laisser dans leur châsse, la mettre en évidence, et pour les fêtes bien la présenter, qu’il y ait une tradition qui continue. Sinon les enfants de Rocamadour ne savent rien. C’est Bizarre que nous soyons le dernier des pays, quand même, où l’on ne nous apprenne rien sur les origines du lieu où nous habitons. »
 
D’après une personne bien informée de Rocamadour, les restes de notre saint personnage se trouvaient, il n’y a pas très longtemps encore, abandonné et oublié dans une vulgaire boîte de chaussures en carton. Les religieux de Rocamadour semblent avoir placé beaucoup plus de vénération à leur ancien reliquaire qu’aux antiques restes du vénérable saint Homme qu’il contenait.
 
 
Analyse des ossements de saint Amadour
par M. le docteur Souilhé le 12 mars 1899

 
Si à Rocamadour, on ne sait pas trop bien où se trouvent véritablement les ossements du saint, le diocèse de Cahors semble au contraire, être très bien informé sur ce qu’ils sont devenus :
« Or, dans l’examen des reliques de saint Amadour fait le 12 mars 1899 par M. le docteur Souilhé, sur la demande et en présence de Mgr Enard, évêque de Cahors, il fut reconnu que l’on était encore en possession de plusieurs os du crâne du saint, entr’autres de l’os pariétal droit en entier et d’une portion du pariétal gauche. » (Rocamadour. Etude hist. et arch. Ernest Rupin 1904. p.60 note 3 « Lettre pastorale sur l’Histoire de Roc-Amadour, 1899, p.42 »).
 
« Les reliques, pieusement recueillies après le brasier des pillards protestants, ont été analysées, et sont bien celles d’un homme », pouvons-nous lire sur le site religieux nominis. Nous voilà bien renseigné !
( http://nominis.cef.fr/contenus/saint/1701/Saint-Amadour.html), consulté le 11.01.2016.

 
 
 
Analyses scientifiques
des ossements du Saint Homme
 
Comme je l’ai déjà dit au chapitre VIII, paragraphe 5.1 de mon étude archéologique, nous ne sommes plus au Moyen-Âge, ni même à la fin du XIXe, voire début du XXe siècle. Nous pouvons obtenir des informations considérables en analysant les ossements ou leurs restes :
 
Absorbé par le tube digestif, le strontium se retrouve concentré dans le système osseux. Les mesures de certains ossements permettent de faire des datations et de déterminer la zone géographique où un être humain a vécu pendant son enfance et au cours de sa vie. Une expertise scientifique des restes du corps du Saint Homme, qui aurait été détruit par les protestants au XVIe siècle, serait d’un point de vue historique accueillie avec un immense intérêt.
 
L’Église ne manque pas, au sein de sa communauté, de savants et de spécialistes qui connaissent mieux que quiconque ce que ces nouvelles méthodes d’analyses peuvent révéler. On est donc en droit de se demander si le peu de soins apporté à la conservation des restes de cet illustre personnage n’est pas une façon de nous priver de connaître un jour la vérité sur ses origines.
 
Pour terminer, je vous propose de découvrir un exemple de fraude reliquaire révélatrice. Cet exemple concret montre les méthodes d’analyses scientifiques mises en œuvre pour expertiser des reliques. Vous verrez que ce n’est pas les scientifiques ni les moyens techniques qui nous font défaut aujourd’hui.
 
 
La fausse relique
de Jeanne d’Arc

 
Figure emblématique de l’histoire de France, Jeanne d’Arc fût lâchement abandonnée par le roi de France Charles VII avant d’être jugée pour hérésie et sorcellerie par l’Église catholique. Une vingtaine d’années après avoir été brûlée vive sur un haut bûcher à Rouen en 1431, elle est réhabilitée par la même Église qui l’élève au rang de martyre. Six siècles plus tard, elle est béatifiée et canonisée. L’Église catholique fait de Jeanne d’Arc une sainte.
 
 
Le résumé de l’article de Jean-Michel Bader paru dans le figaro.fr du 5 avril 2007 (35) ci-dessous, montre que les moyens techniques dont nous disposons aujourd’hui nous permettent de faire rapidement la lumière sur le contenu d’un reliquaire :
 
« C’est à la suite d’une annonce de l’Agence France Presse émettant l’hypothèse d’une fausse relique en décembre 2006, que l’Église catholique donna le feu vert à des prélèvements sur ces restes pour une analyse scientifique. Une équipe pluridisciplinaire de 18 chercheurs a travaillé six mois et découvert un certain nombre d’anomalies incompatibles avec la crémation d’un corps humain ».
 
« Certains prélèvements ont été vaporisés dans un spectromètre de masse, un spectromètre infrarouge et un appareil de spectrométrie optique. Ils confirment que la substance noirâtre entourant les ossements n’est pas le produit d’une combustion, mais qu’ils ont été imprégnés d’un produit d’embaumement contenant des bitumes, des produits d’origine végétale et minérale, explique Philippe Charlier. Et ce n’est absolument pas ici le cas. »
 
« L’analyse au microscope électronique de bandelettes de tissu entourant la relique a montré que celles-ci étaient typiques du lin égyptien d’une époque récente. »
 
« La datation au carbone 14 effectuée par Archéolabs TL (Le Châtelard, Isère) donne une fourchette (entre 700 et 230 ans avant J.-C), elle est assez large, mais elle confirme que ce ne sont pas des ossements du quinzième siècle. »
La relique ne peut donc pas être celle de Jeanne d’Arc.
 
« Deux experts en parfumerie, Sylvaine Delacourte (Guerlain) et Jean-Michel Duriez (Patou), ont prêté leur concours en humant, indépendamment l’un de l’autre, les restes qui se trouvaient joints aux ossements dans le bocal de verre soufflé trouvé en 1867. Ils ont identifié deux odeurs spécifiques dont le plâtre qui pourrait provenir du socle du bûcher et une odeur de vanille, incompatible avec une crémation. »
 
« Les diverses analyses arrivaient à la même conclusion : les restes n’avaient pas été brûlés, mais embaumés. »
 
Charly SENET
Le 27 février 2016
 
 
à bientôt pour d’autres informations, il y a tant à dire
 














Bibliographie et notes
 


(1) Robert de Lasteyrie (1849-1921). Professeur, historien de l’art, un des fondateurs et président de la Société historique et archéologique de la Corrèze, élu membre de l’Institut (Académie des inscriptions et belles-lettres), homme politique... Auteur de plusieurs publications archéologiques et historiques, il est aussi l’auteur de la préface de « Rocamadour. Etude hist. et arch. Ernest Rupin » p V-VIII
 
Pour en savoir plus sur  Robert de Lasteyrie
 
(2) Ernest Rupin  ROC-AMADOUR. Étude historique et archéologique. Préface de M. le Cte Robert de LASTERYRIE, Membre de l’Institut. PARIS, Librairie G. BARANGER Fils, 5, Rue des Saints-Pères, 5. 1904. Édition originale 416 p.
 
    Rocamadour, Étude historique et archéologique Ernest Rupin. Le Livre d’histoire. Monographie des villes et villages de France. Préface de M. le comte Robert de Lasteyrie, Membre de l’Institut, (2001) Fac-similé de l’édition originale 1904, 416 p. 1ère réédition.
 
Ernest Rupin (1845-1909). Né à Brive le 6 mai 1845. Archéologue, historien de l’art et historien local.
 
Pour en savoir plus sur  Ernest Rupin
 
(3) Jean Rocacher, ROCAMADOUR et son pèlerinage Etude Historique et Archéologique Tome 1  & Tome 2.
Préface de Marcel Durliat. Privat Association « Les Amis de Rocamadour » 1979. Exemplaire numéroté
Le Tome 2 regroupe les documents graphiques et photographiques anciens
 
Jean Rocacher (1928-2008). Né en 1928 à Tulle, diplômé de théologie. Membre titulaire en 1983 à la Société Archéologique du Midi de la France (S.A.M.F), il était aussi membre de l’Académie des Sciences, Inscriptions et Belles Lettres. »
 
Pour en savoir plus sur  Jean Rocacher
 
(4) Carnet d’un biologiste, Jean Rostand. Paris, Seuil 1959.
 
Jean Rostand (1894-1977), Essayiste, Historien, Philosophe, Biologiste, il fut élu à l’Académie française le 16 avril 1959.
 
(5) Chronique de Robert de Torigni, abbé du Mont-Saint-Michel, suivie de divers opuscules historiques de cet auteur et de plusieurs religieux de la même Abbaye. Le tout publié d’après les manuscrits originaux. Pr Léopold Delisle, Tome II, Rouen 1873.
 
(6) Pour une image véridique d’Aliénor d’Aquitaine par Edmond-René Labande professeur à la faculté des Lettres de Poitiers. « Bulletin de la Société des Antiquaires de l’Ouest 4e série tome II 1952. » pp.175-234
 
(7) Les miracles de Notre-Dame de Roc-Amadour au XIIe siècle Texte et traduction d’après les manuscrits de la Bibliothèque nationale avec une introduction des notes historiques et géographiques. Edmond Albe, Chanoine honoraire de Cahors. Paris 1907 ».
 
(8) Histoire littéraire de la France, ouvrage commencé par des religieux Bénédictins de la congrégation de Saint-Maur et continué par des membres de l’Institut. Académie des Inscriptions et Belles Lettres. Tome XXXV, suite du XIVe siècle. Paris 1921. Bernard Gui, frère prêcheur. pp.139-232
 
(9) Histoire critique et religieuse de Notre-Dame de Roc-Amadour, suivie d’une neuvaine d’instructions et de prières, ouvrage dédé à Monseigneur d’Hautpoul, évêque de Cahors par A. B. Caillau, Paris 1834. p.38
 
(10) Histoire générale de la province de Quercy. Guillaume Lacoste. Publié par les soins de MM. L. Combarieu et F. Cangardel archivistes – Bibliothécaires. Tome 1. Cahors 1883.p.210
 
(11) Revue des deux mondes, Tome 9, vingt-et-unième année - nouvelle période. Paris au bureau de la Revue des deux mondes. 1851. «  La Corrèze et Roc-Amadour » par Alexis de Valon, p.457
 
(12) Bulletin de la Société des études littéraires, scientifiques et artistiques du Lot Ed. A. Laytou Cahors 1876. « La vida de st Amadour, texte provençal inédit du XIVe siècle (dialecte catalan) publié d’après le manuscrit de la Bibliothèque de Marseille » Victor Lieutaud p.109-129
 
(13) La Vie de et les Miracles de S. Amator. E. Albe. Extrait des Analecta Bollandiana, tome XXVIII. Société des Bollandistes. Bruxelles 1909.
 
(14) Vie de Paul de Thèbes et vie d’Hilarion par Saint Jérôme ; traduction, introduction et notes, par Pierre De Labriolle. Paris : Bloud, 1907.
 
(15) Histoire de l’Inquisition en France: depuis son établissement au XIIIe siècle, à la suite de la croisade contre les Albigeois jusqu’en 1772, époque définitive de la suppression. Par Étienne-Léon de La-mothe-Langon. Tome 1. Paris 1829.
 
(16) Manuel de l’inquisiteur. Bernard Gui. Edition et traduction de G. Mollat avec la collaboration de G. Drioux. Paris Les Belles Lettres 2012.
 
(17) Le livre des sentences de l’inquisiteur Bernard Gui. Extraits choisis, traduits et présentés par Julien Théry. « Lire le Moyen Âge » - IRHT, CNRS Editions 2010.
 
(18) Histoire des tribunaux de l’Inquisition en France par Louis Tanon, président de la cour de cassation Paris L. Larose et Forcel éditeurs Paris 1893
 
(19) Notices et extraits des manuscrits de la Bibliothèque du Roi lus au Comité établi par Sa Majesté dans l’Académie royale des Inscriptions & Belles Lettres : Tome Deuxième. 1789, Notices de l’ouvrage de Bernard Guidonis, intitulé : Flores chronicorum, par M. de Bréquigny.
 
(20) Edmond Albe, autour de Jean XXII, Hugues Géraud évêque de Cahors. L’affaire des Poisons et des Envoûtements en 1317. Cahors et Toulouse 1904.
 
(21) Notice sur les manuscrits de Bernard Gui par Léopold Delisle. Paris 1879.
 
Le principal ouvrage de Bernard Gui, intitulé Flores cronicorum scu Cathalogus pontificum Romanorum, est une chronique universelle, commençant à Jésus-Christ et descendant jusqu’au commencement du XVe siècle... p.188-189
 
« Dans les épîtres dédicatoires de la chronique, il se nomme Frater Bernardus Guidonis » : Notices et extraits des manuscrits de la Bibliothèque du Roi..., Flores chronicorum, par M. de Bréquigny. Tome 2 1789. p.2.
 
(22) Edmond Leblant, l’Epigraphie chrétienne en Gaule et dans l’Afrique romaine, Paris 1890
 
(23) L’abbaye de Saint-Martial de Limoges. Étude historique, économique et archéologique précédée de recherches nouvelles sur la vie du saint. Charles de Lasteyrie, ancien élève de l’école des Chartes. Paris 1901.
 
(24) La controverse de l’apostolicité des églises de France au XIXe siècle par Albert Houtin, Troisième édition revue et augmentée Paris 1903.)
 
(25) Eusèbe de Césarée. Histoire ecclésiastique Livre VII. Chapitre XVIII. Les signes a Panéas de la grande puissance de notre Sauveur :
« Puisque je suis venu à mentionner cette ville, je ne crois pas juste de passer un récit digne de mémoire même pour ceux qui seront après nous. L’hémorrhoïsse, que les Saints Évangiles nous apprennent avoir trouvé auprès de Notre Sauveur la délivrance de son mal, était, dit-on, de là ; on montre même sa maison dans la ville et il reste un admirable monument de la bienfaisance du Sauveur à son égard.
En effet sur une pierre élevée à la porte de sa maison, se dresse l’image en airain d’une femme qui fléchit le genou, les mains tendues en avant, semblable à une suppliante ; en face d’elle se tient une autre image de même matière représentant un homme debout, magnifiquement drapé dans un manteau et tendant la main à la femme ; à ses pieds se trouve, sur la stèle même, une sorte de plante étrangère, qui s’élève jusqu’à la frange du manteau d’airain ; elle est un antidote pour toutes sortes de maladie.. On dit que cette statue reproduit l’image de Jésus ; elle est demeurée même jusqu’à notre époque, en sorte que nous l’avons vue nous-mêmes lorsque nous sommes venus dans la ville. Il n’y a rien d’étonnant à ce que les anciens païens, objets des bienfaits de notre Sauveur, aient fait cela, puisque nous avons vu aussi que les images des apôtres Pierre et Paul et du Christ lui-même étaient conservées dans des tableaux, peints : ainsi qu’il était naturel, les anciens avaient, sans distinction, coutume de les honorer comme des sauveurs, démette manière, selon l’usage païen en vigueur parmi eux. »
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Eusèbe de Césarée. Histoire ecclésiastique Livre VII, Chapitre XVIII. 1-4 (consulté le 1 février 2016). Si le lien ne fonctionne pas :  http://remacle.org/bloodwolf/historiens/eusebe/histoire7.htm#XVIII Livre VII. Chapitre XVIII ou  http://remacle.org/bloodwolf/historiens/eusebe/histoire7.htm Livre VII.
 
(26) Matthew 9 Latin: Biblia Sacra Vulgata : « 20. et ecce mulier quae sanguinis fluxum patiebatur duodecim annis accessit retro et tetigit fimbriam vestimenti eius » http://biblehub.com/vul/matthew/9.htm
Evangile selon Matthieu Chap 9 20.1-3
« 20.1 Et voici qu’une femme atteinte d’une perte de sang depuis douze ans s’approcha par derrière et touche la frange de son vêtement,
20.2 car elle se disait : Si je puis seulement toucher son vêtement je serai guérie.
20.3 Jésus se retourna et dit en la voyant : Prends courage, ma fille, ta foi t’a guérie. Et cette femme fut guérrie à l’heure même. »

 
(27) Les Évangiles apocryphes. Évangile de Nicodème. Traduction française : Gustave Brumet. Oeuvre numérisée par Marc Szwajcer
Chapitre VII : « Et une femme nommée Véronique dit : "Depuis douze ans j’étais affligée d’un flux de sang, et je touchai le bord de son vêtement et aussitôt mon flux de sang s’arrêta.". Les Juifs dirent : "D’après notre loi, une femme ne peut venir déposer en témoignage". » Traduction française : Gustave Brumet, œuvre numérisée par Marc Szwajcer : Les Évangiles apocryphes. Évangile de Nicodème (consulté le 1 février 2016). Si le lien ne fonctionne pas : http://remacle.org/bloodwolf/apocryphes/nicodeme.htm
 
(28) Encyclopédie théologique ou série de dictionnaires sur toutes les parties de la science religieuse. Abbé Migne, Tome 45. Première partie : dictionnaire iconographique des figures, légendes et actes des saints, tant de l’ancienne que de la nouvelle Loi. Paris 1850. »  pp.44-45
 
(29) Histoire de la ville de Troyes et de la Champagne Méridionale. T. Boutiot, Vol I. Troyes et Paris, 1870. p.87.
 
(30) Cristiani Léon. Liste chronologique des saints de France, des origines à l’avènement des carolingiens (essai critique). In: Revue d’histoire de l’Église de France, tome 31, n°118, 1945. pp. 5-96.
 
(31) Grand livre des saints. Culte et iconographie en Occident. Jacques Baudoin. Préface de Jean Richard, Membre de l’Institut. Éditions CREER 2006. P.84.
 
(32) Compte tenu de l’érosion monétaire due à l’inflation, les 140000 anciens francs estimés par Ernest Rupin en 1904, date de parution de son étude historique, correspondraient à plus de 54 millions € en 2015.
 
Rappel: 100 anciens francs = 1 nouveau franc en 1960 et 1 € = 6,55957 FF en 2002.
L’Instittut national de la statistique et des études économiques (Insee) met à votre dispostion son convertisseur de Francs en euros : http://www.insee.fr/fr/service/reviser/calcul-pouvoir-achat.asp Convertisseur de monnaie insee (conversion réalisée le 12 février 2016)
 
(33) Le musée d’art Sacré Francis Poulenc a été créé en 1968. Installé dans le palais abbatial, il a été rénové en 1990-1995. Inscrit aux Monuments historiques par arrêté du 31 mai 1999.
Répertoire des musées français Museophile : Le musée d’art Sacré Francis Poulenc (consulté le 1 février 2016). Si le lien ne fonctionne pas :  http://www.culture.gouv.fr/documentation/museo, puis recherchez Rocamadour
 
(34) Rocamadour, une cité en équilibre sous la direction de Michelle Chauveau. Préface André Jallet. Editions Carnet de notes, 1998. p.370 Coauteurs: Bénédicte. Avellaneda, Isabelle Desaphy, Claude Lecompte, Gérard Terrassier. Participation: Maryse Baschiera, Claude Rivals, René Pascal et Jean-François Bare. Photographe Patrice Behin
 
(35) La relique de Jeanne d’Arc est une momie d’Égypte, c’est l’article de Jean-Michel Bader publié dans Le Figaro.fr le 05.04.2007 et mis à jour le 15.10.2007 (consulté le 12 février 2016).  http://www.lefigaro.fr/sciences/2007/04/05/01008-20070405ARTFIG90024-la_relique_de_jeanne_d_arc_est_une_momie_d_egypte.php.
Les restes de Jeanne d’Arc viennent d’une momie. Edité par Matthieu Durand le 04 avril 2007, un article à lire également dans Ici.tf1 :  http://lci.tf1.fr/science/nouvelles-technologies/2007-04/restes-jeanne-arc-viennent-momie-5520561.html.
Thierry Lefebvre. Jeanne d’Arc victime d’une plaisanterie de potard ? In : Revue d’histoire de la pharmacie, 94e année, nº356, 2007. pp. 522-525, un autre article intéressant à lire sur :  http://www.persee.fr/doc/pharm_0035-2349_2007_num_94_356_6414
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Charly SENET
Le 27 février 2016



















Charly Senet Auteur du livre Angélus
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Dépôt:  Étude Notariale 2010 - Académie des Sciences Paris 2011, 2012
Dépôt Étude archéologique Académie des Sciences Paris:  1er et 2e sem 2012, 2014