falaise-de-rocamadour


 
La Vierge Noire de Rocamadour
une effigie qui marque sa différence

 
ROCAMADOUR
 
Une page d’histoire ignorée
sculptée sur la falaise.
 

Vierge Noire de Rocamadour
 
La Vierge Noire de Rocamadour marque sa différence
 
 
 
ROCAMADOUR
 
 
Saint Amadour,
un parfait inconnu
 
 
 
Origines du sanctuaire
de Rocamadour
 
Cobra dressé à l’entrée du sanctuaire
 
 
Les sculptures sur la falaise sont la clé des origines de Rocamadour
 
 
 
ARCHÉOLOGIE
 
La falaise de Rocamadour,
un écrin fragilisé et non protégé
 
Chapiteau de colonne palmiforme
 
Un patrimoine archéologique
et historique sans équivalence
en France et en Europe
 
 
Étude archéologique des sculptures sur la falaise
de Rocamadour
 
 
 
Les purges de la falaise

 
Une lente et méthodique destruction du patrimoine
 
Les purges de la falaise
 
Vestiges archéologiques et témoignages historiques arrachés à la falaise.
 
 
Il y a des silences
coupables et
des silences troublants
 
 
 
ROCAMADOUR
 
 
Rocamadour au XIXe siècle
Les restaurations des sanctuaires (1858-1872)
 
 
Templiers à Rocamadour dans le Lot en Quercy
 
 
 
HISTOIRE & PATRIMOINE
de ROCAMADOUR

 
 
Armorial de Rocamadour
 
 
Armoiries et Seigneurie
de Rocamadour
 
 


 
 
L’histoire et la tradition se taisent sur l’origine
de la statue de Notre-Dame de Roc-Amadour
Abbé Cheval
 
    La Vierge Noire de Rocamadour se distingue en plusieurs points de la majorité de ses semblables et si je ne suis pas parvenu à vous en convaincre à ma page d’accueil Rocamadour: un lieu sacré depuis l’Antiquité, les descriptions de trois érudits, l’abbé Cheval en 1862 (1), Ernest Rupin en 1904 (2) et Jean Rocacher en 1979 (3), tentent à le démontrer.
 
Leurs témoignages sont intéressants à plus d’un titre. D’abord, ils ont eu tous les trois le privilège de l’approcher de près pour l’étudier. Ensuite, leurs observations espacées dans le temps (1862, 1904 et 1979), couvrent une période qui s’étend sur un peu plus d’un siècle et s’articule entre les XIXe et XXe siècles.
 
Sommaire
 
 
Iconographie
 
    Le siège, sur lequel la Mère est représentée assise, a été sculpté dans la même pièce de bois. L’Enfant qu’elle porte assis sur son genou gauche a été sculpté séparément (4). La Mère et l’Enfant assemblés se présentent tous les deux de face.
 
En raison de la position éloignée des appuis latéraux du siège, c’est tout naturellement que les bras s’écartent du corps et que les avant-bras s’alignent dans le prolongement des accoudoirs où les mains ouvertes, les doigts coupés, viennent prendre appui en extrémité.
 
 
Une silhouette
en avance sur son temps

 
Un corps qui s’exprime
 
    « La Vierge est vêtue d’une robe étroite qui accuse les formes du corps et qui, fermée à l’encolure, ne forme aucun pli et se trouve collante sur la poitrine et sur les épaules ; les manches sont extrêmement justes sur les avant-bras. » (Ernest Rupin, Rocamadour. Etude hist. et arch. 1904. p.291)
 
« À Rocamadour, la figure et le corps de la Vierge présentent un certain mouvement ; la poitrine est gracieusement indiquée. On sent que l’artiste avait une tendance à s’éloigner des traditions adoptées jusqu’à ce jour et tâchait, dans ses productions, de chercher ses inspirations dans la nature même. » (Ernest Rupin, Rocamadour. Etude hist. et arch. 1904. p.292)
 
L’abbé Cheval et Jean Rocacher, plus pudiques, ont préféré insister sur la maigreur de ses membres : « Les vêtements, à peine drapés, ne dissimulent pas les formes amaigries du corps.  »(Guide du pèlerin à Roc-Amadour par l’abbé Cheval. 1862 p.33)
 
« La taille démesurément amincie, la maigreur des bras, l’allure tombante de la poitrine, l’allongement des membres inférieurs qui disparaissent dans les plis d’une lourde robe, tout contribue à accentuer le caractère longiligne de ce corps dont la verticalité souligne le hiératisme. » (Jean Rocacher. Rocamadour et son pèlerinage. Et. Hist. et Arch. 1979 p.93)
 
Un visage expressif
 
    Jean Rocacher devient un peu plus loquace lorsqu’il aborde la description du visage : « La rudesse de l’exécution et la rigidité des attitudes sont heureusement compensées par l’expressivité de la figure. En dépit de son énorme visage posé sur un cou trapu, en dépit de son front bas que couvre sa chevelure et de ses joues épaisses aux pommettes saillantes, Notre-Dame de Rocamadour exhale une douceur que ni ses grandes mâchoires ni son nez triangulaire ne peuvent atténuer. » (Jean Rocacher. Rocamadour et son pèlerinage. Et. Hist. et Arch. 1979 p.93)
 
L’esquisse d’un sourire
 
    Jean Rocacher termine la description du visage en l’illuminant : « Elle est faite d’un sourire qui effleure ses lèvres et remonte vers ses yeux mi-clos. » (Jean Rocacher. Rocamadour et son pèlerinage. Et. Hist. et Arch. 1979 p.93)
 
Les yeux clos
 
    Ne dit-on pas que le regard est le reflet de l’âme ? Le regard éteint d’une Mère portant son Enfant trouble profondément Jean Rocacher. Il est d’ailleurs important de noter qu’il est le seul à se poser la question. La réponse, la connaît-il probablement, mais il la rejette parce qu’elle est contraire à ses convictions. Alors, il va tenter d’y répondre sans y parvenir. L’hypothèse qu’il va émettre ne fait que soulever de nouvelles interrogations :
« le buste et le visage paraissent beaucoup moins restaurés que les parties basses. Malgré tout, quelques traces de polychromie obligent à se poser la question des yeux et du regard. L’artiste a-t-il voulu nous donner une madone aux paupières closes ou bien avait-il fait figurer la pupille et l’iris par les procédés qu’utilisaient les émailleurs de Limoges ? »
(Jean Rocacher. Rocamadour et son pèlerinage. Et. Hist. et Arch. 1979 p.94)
 
Ses cheveux sont libres
comme sa manière d’être

 
    Le front dégagé, ses cheveux laissés libres sont répartis symétriquement de part et d’autre du visage. La chevelure ramenée derrière la nuque retombe sur le milieu du dos en coupe droite (fig.1).
« ses cheveux flottent librement » écrivait l’abbé Chevalt (Guide du pèlerin à Roc-Amadour par l’abbé Cheval. 1862 p.32) qui l’a côtoyée plusieurs années au cours du chantier de restauration des sanctuaires qu’il a personnellement dirigé entre 1858 et 1872
 
« ils sont légèrement ondés sur les tempes. » écrivait Ernest Rupin en 1904 (Ernest Rupin, Rocamadour. Etude hist. et arch. p.291) qui l’a étudié avant la maladroite restauration dénoncée par Jean Rocacher comme nous allons le voir immédiatement.
 
« Le trône, les membres..., la chevelure de la Vierge ont été en grande partie refaits. » s’indignait Jean Rocacher en 1979 et tenant pour responsable une maladroite restauration de la statue entreprise sous la seule responsabilité du supérieur des chapelains après la seconde guerre mondiale (Jean Rocacher, Rocamadour et son pèlerinage. Etude hist. et arch. p.94 )
    
 


Fig.1 Vierge Noire de Rocamadour de dos

 
Elle ne porte pas de voile
 
 
« Une particularité qu’il convient de signaler, c’est que les cheveux apparaissent sous la couronne et que la Vierge ne porte point de voile. » (Ernest Rupin, Rocamadour. Etude hist. et arch. p.291)
 
En se montrant telle qu’elle est (5), la Vierge Noire de Rocamadour ne désavoue-t-elle pas cet apôtre «Paul» qui juge les femmes sur ce ton si méprisant ?
 
« Toute femme qui prie ou qui prophétise la tête non voilée, déshonore sa tête : car c’est comme si elle était rasée. »  Paul, apôtre de Jésus-Christ - 1er épitre de Saint Paul aux Corinthiens. Chapitre 11. 5
 
Actes des apôtres, Marie, mère de Jésus est dans la prière avec les femmes et ses frères... (Acte 1.14)
 
Le cas pour être insolite n’est cependant pas unique.
Ernest Rupin tente vainement de trouver une explication en s’appuyant d’abord sur une plaque commémorative, puis sur une peinture dont la comparaison se termine avec la mode vestimentaire des femmes au XIIIe siècle :

 
(1) « Sur une plaque commémorative d’une fondation faite par Jean Avantage, évêque d’Amiens (1437-1456), la Vierge, assise, est vêtue d’un manteau sans voile; un diadème seul couvre sa tête (Bulletin archéologique du Comité des travaux historiques, année 1889, p. 195 ) »
 
(2) « M. De Rossi l’a déjà constaté sur une peinture qu’il a publiée. (Imag. Select. Tav. V.), et il pense que cette anomalie se rattache à un système délibéré qui prévalut pendant une certaine période et qui probablement avait en vue d’honorer l’intégrité virginale de Marie. On l’aurait ainsi représentée parce que les vierges ne portaient point de voile ; elles ne l’adoptaient qu’à l’époque de leur mariage.
 
(3) Cette manière de voir est conforme à l’opinion de Quicherat qui dit qu’au XIIIe siècle, les filles, jusqu’au moment de leur mariage, laissaient pendre leurs cheveux sur le dos, comme une crinière ; ce qui demeurera très longtemps en France le signe de la virginité et fut observé par l’imagerie à l’égard de la Sainte-Vierge. »
 
1 - Concernant la plaque commémorative; il convient d’abord d’insister sur l’époque concernée, puisqu’il ne s’agit pas du XIIIe, mais du milieu du XVe siècle. Cependant le personnage est suffisamment intéressant pour qu’on s’y attarde un instant. Nommé à l’évêché d’Amiens en 1437 par Philippe le Bon, duc de Bourgogne, dont il était son médecin, Jean Avantage ne s’était pas fait que des amis au sein de l’église (6).
Tout comme Jean Avantage se distingue des autres évêques de son temps, la représentation de la Vierge sur cette plaque en cuivre émaillé est effectivement singulière et on peut même dire «exceptionnelle et rare», à la lecture de sa description faite dans ce bulletin archéologique p.195-196 qui accompagne sa représentation pl. V p. 194 :


Plaque commémorative d’une fondation faite par Jean Avantage, évêque d’Amiens mort en 1456
(pour information, la plaque comporte un texte commémoratif sous l’illustration)

 
« Sur la gauche de la composition, on voit la sainte Vierge assise dans une chaire; elle est vêtue d’un vaste manteau, sans voile, ses longs cheveux retombent naturellement sur ses épaules, un diadème couvre sa tête. Elle tient sur ses genoux l’Enfant-Jésus, et dans sa main droite une pomme. L’Enfant est entièrement nu, la tête entourée du nimbe crucifère. L’artiste lui a donné une posture dans laquelle on sent déjà une recherche de réalisme, mais au détriment de la gravité et de la majesté qui conviennent à l’Homme Dieu. Il ne bénit pas ; sa main gauche s’appuie assez vulgairement sur le genou de sa mère » (Bulletin archéologique du comité des travaux historiques et scientifiques année 1889. Paris Ernest Leroux, Éditeur. Description p.195-196, planche. V p.194
 
2 - N’ayant malheureusement pas encore trouvé de document montrant cette peinture publiée par De Rossi, je ne peux pas porter de jugement, mais retenons qu’il pense à une anomalie. L’idée que les vierges ne portaient point de voile et qu’elles ne l’adoptaient qu’à l’époque de leur mariage reste très discutable pour la période qui nous concerne et nous verrons pourquoi plus loin.
 
3 - Dans Histoire du costume en France (7) Quicherat écrit à la page 187 : « La coiffure de nattes tombantes était passée de mode. Les filles, jusqu’au moment de leur mariage, laissaient pendre leurs cheveux sur leur dos comme une crinière : ce qui demeura très longtemps en France le signe de la virginité, et l’imagerie n’a pas manqué de l’observer à l’égard de la sainte Vierge. »
 
En montrant simplement Jeanne de Boulogne à genoux les mains jointes en signe de prière sur un vitrail de la cathédrale de Chartres, Quicherat n’apporte pas la preuve que cette mode féminine aurait pu être observée par l’imagerie à l’égard de la sainte Vierge au XIIIe siècle.
Certes, la jeune fille est représentée les cheveux longs retombant dans son dos, mais la gravure que Quicherat nous propose à la page 188 est isolée de son contexte et elle ne permet pas de nous forger une opinion sur la nature même de cette image naïve principalement destinée à la piété populaire.
  


Jeanne de Boulogne XIIIe siècle (Quicherat)

 
Observons maintenant cette même représentation un peu moins réductrice que j’ai découvert dans Monuments français inédits pour servir à l’histoire des Arts... Nicolas Xavier Willemin 1825 p. 299 (8).


Mahault Comtesse de Boulogne et Jeanne de Boulogne sa fille

  
 
Jeanne de Boulogne est née en 1219, mariée à Gaucher, comte de Nevers en 1236, elle est décédée en 1251 sans postérité. Jeanne de Boulogne était la fille de la comtesse Mahault décédée en 1258 et du prince Philippe de France, comte de Clermont et de Boulogne, fils du roi Philippe Auguste. En 1241, Mahault Comtesse de Boulogne, veuve de Philippe de France décédé en 1232, de l’avis et consentement de saint Louis épousa en secondes noces, Alphonse de Portugal, frère de Sanche Roi de Portugal. (Recherches historiques sur la ville de Boulogne-sur-Mer, et sur l’ancienne province du Boulonnais. M. Abot de Bazinghen. Publié par le baron Wattier 1822.)
 
 
L’église a certes bénéficié des avancées techniques dans tous les domaines au cours des siècles comme celui de l’art particulièrement : peinture, sculpture et architecture. Et s’il n’est pas rare d’observer des femmes de la noblesse représentées sur des vitraux, c’est tout simplement parce que leur entourage ou elles-mêmes en ont fait don à l’église et leur tenue vestimentaire très pudique ne reflète pas toujours les mœurs de la noblesse comme du clergé à toutes les époques concernées par ces représentations.
 
On ne peut d’ailleurs pas véritablement dire que l’église s’est préoccupée de suivre les modes vestimentaires des jeunes filles et des femmes au cours des siècles. Les seules fois où l’église s’en est mêlée, c’était pour la condamner sévèrement.
 
L’exemple que nous fournit Quicherat quelques lignes plus haut à la même page 187 est absolument truculent :
« Nous savons, des Languedociennes, qu’elles se passaient volontiers de surcots, qu’elles fendaient leur sorquanie sur la poitrine, et que par une large ouverture lacée à de grands intervalles, elles exhibaient le tissu transparent d’une chemise froncée, plissée, brodée de soie et d’or. En 1298, le consulat de Narbonne fit une loi contre cette inconvenance. Les cottes lacées furent défendues ainsi que les chemises brodées. Les mariées seulement furent autorisées par tolérance à avoir une chemise de cette sorte pour leur noce, et à la porter pendant leur première année de ménage, mais pas un jour de plus. C’est le cas de rappeler que Jacques de Yitry (un grand clerc qui sut prêcher mieux que personne en son temps, et qui devint cardinal) avait mis au nombre des industries diaboliques la confection des chemises trop joliment ornées. Les moralistes avaient toujours fait la guerre aux modes scandaleuses sur le dos des consommateurs. Celui-ci s’en prit aux fabricants. Il menaça de la damnation éternelle les ministres de la frivolité. »
 
Le voile, signe distinctif
des honnêtes femmes
.

 
« Jusqu’au XIIIe siècle, les municipalités interdisaient aux prostituées, la coiffe ou le voile des femmes honnêtes  » (9). On ne peut pas être plus précis pour dire que le voile était plus que recommandé d’être porté par les jeunes femmes, sous peine d’être immédiatement cataloguées par les moralistes du moyen-âge.
 
Mais la ségrégation ne s’arrête pas là. « C’est à partir de la seconde moitié du XIIIe siècle, disent les historiens, que la meretrix est tenue pour impure. À la veille de s’embarquer pour sa seconde croisade, en 1269, saint Louis, rappelant l’ordonnance de 1254, exhorte à veiller à sa stricte application et à laver ces taches que sont la prostitution, le jeu, le blasphème, l’injustice. Il s’agit en même temps de subordonner la croisade à la réforme de la chrétienté et de purifier un peuple souillé pour le rendre digne de se présenter devant le Haut juge. L’exclusion protectrice frappe les prostituées comme elle frappait les autres bannis. Touchée par les courants eschatologiques, Avignon se dote, au milieu du XIIIe siècle, de statuts qui «précisent qu’au marché, les Juifs et les prostituées ne doivent toucher les vivres que sous peine d’avoir obligatoirement à les acheter.» (Jacques Rossiaud, La Prostitution). Comme celui du Juif et du lépreux, le contact de la prostituée est réputé abominable. Il faut donc pouvoir la reconnaître pour s’en écarter. C’est pourquoi lui sont imposés des signes extérieurs, bien visibles. Les municipalités qui, jusqu’au XIIIe siècle, se bornaient à lui interdire la coiffe ou le voile des femmes honnêtes, exigent d’elle désormais qu’elle porte un manteau rayé sans attaches, puis des signes encore plus apparents et plus caractéristiques : des galons, appelés parfois jarretières, et des aiguillettes aux couleurs vives (statuts de Marseille de 1265, «meretricibus»). Ces attributs sont à la prostituée ce que la rouelle est aux juifs et la crécelle aux lépreux. » (Sophie Albert. Discours et usages de la toilette dans l’Occident médiéval. Presse de l’université Paris Sorbonne 2006 p.24) »
 
Dépouillée de toute qualité morale,
comme de tout voile
.

 
S’abritant derrière son Iconographie de la Vierge, type principal de l’art chrétien depuis le IVe jusqu’au XVIIIe siècle, Édouard Laforge donne, en 1863, l’impression d’exprimer l’opinion majoritaire des hommes à l’égard des femmes à la fin du XIXe siècle :
 
« Le type féminin religieux, dans l’antiquité païenne, était Vénus ;
Vénus, qui n’était ni vierge, ni épouse, ni mère, ni fille, ni sœur,
ni rien de ce que peut être la femme en bien,
mais qui était tout ce qu’elle peut être en mal.
Dépouillée de toute qualité morale, comme de tout voile,
armée de tous les attraits, de tous les appas séducteurs
dont le roi des poètes avait composé sa ceinture,
elle était la plus victorieuse de toutes les divinités,
la dominatrice des dieux et des hommes, qu’elle couvrait de honte après leur défaite,
en les attelant à son char triomphal.
 » (10).

 
Le port du voile
a été introduit par l’Église

    On pourrait multiplier les exemples à l’infini, mais est-ce vraiment nécessaire ?
Nous avons vu au début de ce paragraphe avec l’apôtre Paul que le port du voile pour les femmes avait été introduit avec le christianisme naissant par l’église catholique.
 
Édouard Laforge nous a montré ci-dessus, avec son (Dépouillée de toute qualité morale, comme de tout voile), que les mentalités n’avaient guère évolué sur cette question au XIXe siècle.
 
Les religieuses n’ont-elles pas toujours porté le voile et ne le portent-elles pas encore de nos jours ?
 
Ces trois nonnes, que nous voyons ci-contre gravir les marches du Grand escalier conduisant les pèlerins comme les touristes à l’intérieur du sanctuaire de Rocamadour, illustrent parfaitement notre propos
 
    


Rocamadour - Escalier des pèlerins (cpa n°42)

 
La chevelure de la Vierge Noire
de Rocamadour a été en grande partie refaite

 
Le perspicace Jean Rocacher a préféré taire cette singularité que la Vierge ne porte point de voile, mais il ne peut pas être plus clair lorsqu’il dit : « la chevelure de la Vierge a été en grande partie refaite. » tenant pour responsable une maladroite restauration de la statue entreprise sous la seule responsabilité du supérieur des chapelains après la seconde guerre mondiale. Jean Rocacher ne cache pas ses doutes sur l’authenticité de la statuette actuelle et il semble même en savoir beaucoup plus que ce qu’il veut bien nous dire comme nous allons le voir plus loin.
 
Si on compare les descriptions de la chevelure faites par nos trois érudits, l’abbé Chevalt écrivait en 1862 : « ses cheveux flottent librement ». Ernest Rupin écrivait en 1904 : « ils sont légèrement ondés sur les tempes. » et ce constat amère de Jean Rocacher en 1979 : « la chevelure de la Vierge a été en grande partie refaite. », on est obligé d’admettre qu’il y a eu une volonté délibérée d’effacer cette liberté de mouvement dans les cheveux de la Vierge comme on a longtemps caché les formes de son corps en la recouvrant d’une robe qui l’enveloppait entièrement de la tête aux pieds elle et son fils.
 
On est en droit de penser qu’à chaque restauration, les cheveux se lissent à chaque fois un peu plus. Un jour, aurons-nous certainement la surprise de découvrir la Vierge Noire de Rocamadour avec sur la tête, le voile qu’elle n’a jamais porté.
 
Des vêtements pour les statues de la Vierge,
afin de mieux dissimuler les formes de la femme

 
Ernest Rupin écrivait en 1904 : « placée dans une niche au-dessus de l’autel de la chapelle miraculeuse. On ne la voit pas, ou du moins on la voit très mal. Comme dans beaucoup d’autres endroits de pèlerinages, elle est toujours revêtue d’une longue robe qui la serre au cou et s’étend dans le bas en éventail. Une ouverture ménagée vers le milieu de la robe laisse passer la tête de l’Enfant-Jésus ». (Ernest Rupin, Rocamadour. Etude hist. et arch. p.289)
 
« On ne sait pour quel motif et à quelle époque on a commencé à habiller les statues de la Vierge.... Ce n’est que vers la fin du XVe siècle qu’on trouve dans les documents la mention de vêtements pour les statues de la Vierge... Ceux de 1348 et de 1383 parlent de sceptre en argent, d’anneau et de « keuve kiefs » ou couvre-chef, mais on ne voit figurer les robes d’étoffe que plus tard, en 1497. Il est donc probable que ce n’est qu’à partir de cette époque que les Vierges miraculeuses ont été revêtues d’un vêtement en étoffe ». (Ernest Rupin, Rocamadour. Etude hist. et arch. p.290)
 
Sous cette parure, Ernest Rupin écrit page 291 : « La Vierge est vêtue d’une robe étroite qui accuse les formes du corps et qui, fermée à l’encolure, ne forme aucun pli et se trouve collante sur la poitrine et sur les épaules ; les manches sont extrêmement justes sur les avant-bras ».
   


Vierge Noire de Rocamadour vêtue
(Fig.42 E. Rupin. Et. Hist et arch. p.217).

 
Quel objet tenait l’Enfant
dans sa main gauche ?

 
    L’Enfant tenait dans sa main gauche un objet dont l’émiettage du bois par l’action du temps a rendu complètement méconnaissable et laisse place à l’imaginaire.
 
La fig.2 nous vient d’un cliché anonyme et non daté. (Jean Rocacher, Rocamadour et son pèlerinage. Etude hist. et arch. Tome 2 (fig.86) ). Quoiqu’il en soit, la photo ne peut pas être antérieure à l’invention de la photographie vers le milieu du XIXe siècle. Nous en reparlerons plus loin en abordant son authenticité
 


Fig.2 Vierge Noire de Rocamadour
Avant restauration.

    
    L’abbé Cheval qui pourtant avait déjà noté l’émiettage du bois en 1862, avait cru y reconnaître le livre des évangiles (Guide du pèlerin à Roc-Amadour par l’abbé Cheval. 1862 p.32). Un livre écrit bien longtemps après l’enfance et la mort du Christ
 
Plus tard en 1904, Ernest Rupin n’en dit aucun mot, mais sa description est accompagnée de photographies, où on peut voir fig.73, l’enfant tenir dans sa main gauche un objet ressemblant à un livre (Ernest Rupin, Rocamadour. Etude hist. et arch. p.293). On est en droit de penser qu’il est apparu après une restauration à lire Jean Rocacher.
 
75 ans plus tard encore, en 1979, Jean Rocacher qui n’ignore rien des travaux d’Ernest Rupin, s’interroge : « Quel objet tenait-il dans sa main gauche repliée ? »  (Jean Rocacher, Rocamadour et son pèlerinage. Etude hist. et arch. p.94)
 
L’Enfant aurait-il pu bénir
de sa main droite ?

 
    Ici encore, on aurait apprécié que l’abbé Cheval nous apporte ses lumières et ses connaissances en art architecturale. Malheureusement, il se contente de recopier tout bêtement des extraits de la bible qu’il termine par un passage emprunté à Saint Luc, 2, 49:
 
« D’une main il bénit, de l’autre il tient le livre où sont écrits les enseignements qu’il vient répandre sur la terre, pour la régénérer. Il est tout entier à sa mission ; et si une caresse maternelle venait l’en détourner, on croirait entendre sortir de sa bouche ces paroles qu’il adressa à ses parents dans le temple : Ne savez-vous pas qu’il faut que je sois occupé aux choses qui regardent le service de mon père ? »  (Guide du pèlerin à Roc-Amadour par l’abbé Cheval. 1862 p.33 et 34)
 
 
Jean Rocacher s’interroge avec beaucoup plus de sérieux que l’abbé Cheval : « Quel geste faisait-il de sa main droite actuellement coupée ? »  (Jean Rocacher, Rocamadour et son pèlerinage. Etude hist. et arch. p.94)
 
Ernest Rupin ne se pose même pas la question puisque la main a disparu.
 
« Il tient le livre fermé et devait bénir de la main droite, actuellement disparue » (Vierges Noires. Sophie Cassagnes-Brouquet p.94)
 
En observant le profil droit de l’enfant (fig.3), on distingue nettement que la main droite est absente à la hauteur du poignet. Ensuite, si on examine attentivement l’alignement et l’inclinaison du bras et plus particulièrement de l’avant-bras, on remarque qu’il n’est pas nécessaire de faire médecine pour être convaincu que dans cette position précise des membres, l’enfant se trouvait, et se trouverait dans l’incapacité de pouvoir « bénir » de sa main droite, même si celle-ci s’y trouvait encore.
 
    


Fig.3 Main droite disparue

 
La couronne primitive
en bois n’existe plus

 
    « La tête porte un rudiment de couronne en bois. Cette couronne n’existe plus ; peut-être a-t-elle été enlevée à une époque relativement récente pour maintenir un diadème en métal.
Le fait s’est produit pour la statue de Notre-Dame-des-Miracles, à Saint-Omer (Annales archéologiques, t. XVIII, p. 260) ; il a pu être renouvelé pour celle de Roc-Amadour.
 » (Ernest Rupin, Rocamadour. Etude hist. et arch. p.290)
 
« Quelques années avant l’arrivée de l’abbé Chevalt à Rocamadour, exactement le 8 septembre 1853, Mgr Bardou avait posé sur la tête de Notre-Dame une couronne d’or et de pierres précieuses offerte par Pie IX (11). Ce couronnement avait sans doute entraîné un léger rabotage de la couronne primitive qui était solidaire du bois de la tête des deux statues. » (Jean Rocacher, Rocamadour et son pèlerinage. Etude hist. et arch. p.94)
 
Notons au passage qu’en un demi-siècle seulement, la couronne primitive et solidaire de la tête de la statue a fait l’objet de deux transformations.
 
Attribution de l’œuvre ?
 
« Un véritable archéologue doit se tenir en garde contre les erreurs que peuvent commettre, sur l’antiquité de certains tableaux et autres objets d’art, les personnes qui, ne pouvant en juger elles-mêmes, s’en rapportent à tel ou tel signe pour établir l’authenticité ; mais lorsque la tradition, et une tradition constante, a consacré l’antiquité ou l’auteur d’une œuvre, il ne suffit pas d’un déni pour les détruire ou les révoquer en doute ; il faut la preuve du contraire.  » (Iconographie de la Vierge : type principal de l’art chrétien depuis le IVe jusqu’au XVIIIe siècle par Édouard Laforge. 1863 p.36-37)
 
En ce qui concerne la Vierge Noire de Rocamadour, la tradition ne semble pas particulièrement constante. Plus illustres, les uns que les autres, entre sculpteurs et livreurs, c’est l’embarras du choix :
  • Saint Luc
  • Saint Amadour
  • Lazare
  • Zachée
  • Les Croisés
 
    Aucune des attributions de l’œuvre n’a pu résister à l’analyse sérieuse des historiens, mais il faut reconnaître à ces religieux qui ont enfanté ces pieuses fictions, appelées traditions, la très fertile imagination dont ils ont fait preuve au cours des siècles.
 
Mais force est de constater qu’il ne doit pas être facile aux pèlerins de savoir à quel Saint se vouer ?
 
 
Salvimen d’Alquié et l’abbé Fouilhac, l’attribuent à l’évangéliste saint Luc :
 
« À Roc-Amadour, il y a une des plus célèbres dévotions de la Vierge qui soit en France et où l’on voit une image de la même sainte Vierge faite par saint Luc ».
« L’abbé Fouilhac, dans ses Mémoires mss. Sur le Quercy, dit aussi qu’une tradition particulière attribue à saint Luc la statue de Roc-Amadour ». (Ernest Rupin, Rocamadour. Etude hist. et arch. note (4) p. 291-292) (12).
 
 
« le père Odo de Gissey, un peu plus modeste, la considère comme l’œuvre même de saint Amadour :
« La statue de la Vierge n’est que de bois, travaillée sans beaucoup de façon par saint Amadour, ou par quelqu’un de son ordonnance.
 », mais, selon son habitude, il n’en fournit aucune preuve en dehors de son appréciation personnelle » (Ernest Rupin, Rocamadour. Etude hist. et arch. p. 292 et note (1)) (13).
 
 
« Le chanoine Rembry : " Amadour bâtit, au milieu des rochers, une petite chapelle où il plaça une image de la Vierge, qu’il avait sculptée de ses propres mains  " ». (Ernest Rupin, Rocamadour. Etude hist. et arch. p. 292 et note (1)) (14).
 
« la tradition voulait que ce fut l’évangéliste Luc qui l’ait lui-même sculptée. Elle aurait été ensuite apportée en Occident par Zachée, ... »
« ... Cette légende, assez tardive, est intéressante à plus d’un titre. Elle apparaît pour la première fois en 1663 dans un ouvrage d’édification » (Vierges Noires. Sophie Cassagnes-Brouquet p.68) Le titre et l’auteur de l’ouvrage ne sont pas précisés.
 
« Elle succède peut-être à une effigie plus ancienne dont la tradition rapporte qu’elle aurait été sculptée par Lazare et apportée en Occident par Zachée, l’époux de Véronique, devenu saint Amadour. » (Vierges Noires. Sophie Cassagnes-Brouquet p.93) source non précisée
 
 
« D’après le docteur J.-L. Faure, «La Vierge de Roc-Amadour aurait été, dit-on, rapportée des croisades . » (Ernest Rupin, Rocamadour. Etude hist. et arch. note (4) p. 291-292) (15).
 
«Mais du jour où on a voulu faire remonter le pèlerinage aux temps apostoliques, on a été entrainé à donner à cette image de la Vierge un âge des plus avancés.» écrit à juste titre Ernest Rupin (Ernest Rupin, Rocamadour. Etude hist. et arch. p. 291) Le cas le plus frappant concerne la Ville du Puy-en-Velay.
 
La Vierge Noire du Puy aurait été façonnée
six siècles avant la naissance même de Marie !

 
 
Le Jésuite Odo de Gissey (1567-1643), attribue la sculpture de la Vierge Noire du Puy au prophète Jérémie et elle aurait été rapportée d’Égypte par Saint-Louis (Faujas de Saint-Fond. Recherches sur les volcans éteints du Vivarais et du Velay. 1778 p. 420) (16).
 
Personnage de la Bible hébraïque, Ancien Testament pour les chrétiens, le prophète Jérémie aurait vécu entre le VIIe et VIe siècle avant Jésus-Christ.
 
 
« Odo de Gissey qui publia en 1620 ses "Discours historiques de la très ancienne dévotion de Notre Dame du Puy" eût à sa disposition le "DE PODIO" », un manuscrit écrit par Etienne de Médicis (1475-1565). Mège de son vrai nom, Etienne de Médicis, marchand et consul du Puy en 1530 et 1536, était également chroniqueur pour la Ville du Puy. (Chroniques de Estienne de Médicis. Augutin Chassaing Tome I. 1869p. XLIII) (17).
« Pour les premiers siècles, on le sait, le Velay n’a Presque pas d’autres annales que les légendes et les traditions de son église ». (Chroniques de Estienne de Médicis. Augutin Chassaing Tome I. 1869) XXVII).
 
On pourrait multiplier les citations et leurs références, mais on s’écarterait de notre sujet principal. Alors, revenons sans plus tarder à la Vierge Noire de Rocamadour.
 
 
Type iconographique imposé
par le concile d’Éphèse en 431 !
Nouvelle stratégie ?
 
« La Vierge de Rocamadour : Petite statuette de couleur sombre, presque noire, datée par la plupart des historiens du XIIe siècle, Marie de Rocamadour est une Vierge romane dite de Majesté, sculptée selon le type iconographique imposé par le concile d’Éphèse en 431, lors de la proclamation de la Maternité Divine. (Rocamadour une cité en équilibre sous la direction de Michelle Chauveau. Préface André Jallet. Editions Carnet de notes, 1998. p.50.) source non précisée (18).
 
La diversité des représentations des Vierges à l’enfant qui se trouvent dans les églises, les musées et dans les collections privées qui ont marqué les différentes époques tout au long des siècles qui ont suivi ce concile d’Éphèse au Ve siècle, qu’elles soient « Noires » où « Blanches » suffit à elle seule pour rejeter catégoriquement cette affirmation abusive. Voyons ce que disaient l’abbé Chevalt et Jean Rocacher :
 
« La statue de Notre-Dame de Roc-Amadour n’offre point cette beauté idéale, ces formes spiritualisées sous lesquelles on aime à se représenter la Mère du Sauveur. Elle a été taillée dans un tronc d’arbre par une main pieuse, mais inhabile à traduire les sentiments de l’âme qui la guidait ». (Guide du pèlerin à Roc-Amadour par l’abbé Cheval. 1862 p.31-32)
 
« Dès que le culte de la Vierge prit un caractère officiel dans la vie de l’Église (Concile d’Éphèse en 431) les chrétiens s’empressèrent de lui élever des oratoires et de les enrichir de reliques : « Si la simple dédicace d’une église à Marie était un moyen propre à obtenir ses grâces, combien plus efficace encore devait être la vertu de ses reliques. On se les disputa de bonne heure. Il ne fallait pas songer à posséder son corps, que le ciel avait ravi à la terre. Mais tout ce qui avait été sanctifié par son contact devint objet de culte. Les Chrétiens de Palestine étaient plus à même que personne de se procurer ces reliques, dont quelques-unes au moins étaient d’une authenticité douteuse. » (Jean Rocacher, Rocamadour et son pèlerinage. Etude hist. et arch. p.96) (19)
 
Le concile d’Éphèse en 431
 
La décision de déclarer Marie, « mère de Dieu », Theotokos en grec, prise au concile d’Éphèse en 431, n’a pas été sans susciter de controverse au sein même de l’Église.
 
Combattue farouchement par l’archevêque de Constantinople Nestorius en 428 (20) , il faut bien reconnaître, sans prendre parti pour l’un ou l’autre camp, qu’à la lecture des Saintes Écritures, cette décision a de quoi surprendre.
 
La place de Marie dans les Évangiles
 
Marie apparaît très rarement dans le Nouveau Testament :
 
Actes des apôtres, Marie, mère de Jésus est dans la prière avec les femmes et ses frères... (Acte 1.14)
Évangile de Marc, Marie est quasiment ignorée (Marc 3.31-34 et Marc 6.3)
Évangile de Jean, la mère de Jésus est uniquement évoquée lors des Noces de Cana (Jean 2.1, 2.3 et 2.12)
Évangile de Matthieu, Marie apparaît un peu plus, mais aussi étrange que cela puisse paraître, ce n’est pas Marie, mais Joseph qui reçoit l’annonce de la conception miraculeuse (Matthieu 1.18-23). (Matthieu 12.46-50) reprend sensiblement les mêmes thèmes développés par (Marc 3.31-34)
 
Notons au passage cette nouvelle énigme lorsque l’ange du Seigneur apparaît en songe à Joseph (Mathieu 1.21-23) et lui dit :
 
Mt 1.21 « elle enfantera un fils, et tu lui donneras le nom de Jésus... »
Mt 1.22 « Tout cela arriva afin que s’accomplisse ce que le Seigneur avait déclaré par le prophète (*) » :
Mt 1.23 « Voici, la vierge sera enceinte, elle enfantera un fils, et on lui donnera le nom d’Emmanuel, ce qui signifie Dieu avec nous ».
(*) voir prophète Esaïe 7.14 (ancien testament)
 
On est en droit de se demander par quel mystère encore, le nom de Jésus a remplacé celui d’Emmanuel annoncé par le prophète ?
 
Dans l’Évangile de Luc, Marie occupe une plus grande place (Luc 1.26-56), (Luc 2.1-20, 2.22-38, 2.40-51) en comparaison avec les évangiles de Marc, Jean et Matthieu. Mais tout est relatif et rien ne laisse présager que cinq siècles après la mort de son fils, les pères de l’église vont l’élever au rang du Très-haut.
 
Luc 1.35 :« L’ange lui répondit : Le Saint Esprit viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te couvrira de son ombre. C’est pourquoi, le saint [Enfant] qui naîtra sera appelé Fils de Dieu ».
 
Entre
LA MERE DU FILS DE DIEU
et
LA MERE DE DIEU,
IL Y A UNE ÉNORME DIFFÉRENCE

 
Mais, avec deux DIEUX : le PÈRE et le FILS,
et deux DÉESSES : la MÈRE, Anne et la Fille, Marie devenue MÈRE de DIEU,
où en est le Christianisme avec un DIEU UNIQUE ?
 
 
Marie, mère de Dieu, mère du créateur et de son bienfaiteur, soulève de nombreuses interrogations et lance un véritable défi aux artistes peintres et sculpteurs pour représenter la mère de la mère de Dieu. Édouard Laforge résume parfaitement la complexité de la situation :
 
« Dans les peintures primitives, sainte Anne, mère de la Vierge, était rarement introduite, parce que la généalogie terrestre de la mère de Dieu ne pouvait trouver place dans des représentations sublimes et mystiques ; mais à partir du milieu du XVe siècle, sainte Anne devint, d’après les légendes, un personnage important et, quand il fallait l’introduire, le peintre n’était pas peu embarrassé de la place qu’il devait lui donner. Il paraissait peu convenable de la mettre plus bas que la fille ; elle ne pouvait pas non plus lui être supérieure ; on tranchait alors la difficulté en les faisant asseoir toutes les deux sur le trône, sainte Anne s’occupant de l’Enfant Jésus que Marie tenait dans ses mains. On voit à la galerie nationale de Londres un exemple en ce genre par Francia. » (21) (Iconographie de la Vierge : type principal de l’art chrétien depuis le IVe jusqu’au XVIIIe siècle par Édouard Laforge. 1863 p.332).
 
Personnellement, je préfère la peinture de Léonard de Vinci (1503-1519) « La Vierge, l’Enfant Jésus et Sainte Anne », conservée au musée du Louvre à Paris.
Le cadre est naturel, la hiérarchie des âges est observée, personne ne tient le rôle principal, aucune tête n’est auréolée, les personnages sont naturels et humains.
 


«La Vierge à l’enfant avec Sainte-Anne»,
de Léonard de Vinci au Musée du Louvre

   
 
« L’œuvre réunit dans un paysage sainte Anne, la Vierge Marie et l’Enfant Jésus, soit trois générations, dont deux issues de conception divine. Elle fut sans doute conçue comme un ex-voto rendant grâce à sainte Anne pour la naissance de la fille de Louis XII, mais Léonard travailla trop longtemps à sa réalisation pour la livrer. La composition est exemplaire des recherches de Léonard sur l’agencement des figures et fut une grande source d’inspiration pour les artistes de la génération suivante.
Les conditions méconnues d’une acquisition prestigieuse
« L’origine de l’œuvre serait une commande du roi de France, Louis XII, pour célébrer la naissance de sa fille unique Claude en 1499 (Anne est le prénom de sa femme, elle est aussi la patronne des femmes stériles ou enceintes). Mais le tableau ne fut pas livré à Louis XII car il est mentionné en 1517 par un observateur dans l’atelier de Léonard, alors pensionné par François Ier à Cloux, près d’Amboise. Une hypothèse, qui repose sur le signalement du tableau en 1651 au Palais Cardinal, affirme que la Sainte Anne serait entrée dans les collections royales par l’intermédiaire de Richelieu. Mais selon la thèse la plus vraisemblable, c’est François Ier qui l’aurait acquise auprès de l’assistant de Léonard, Salaï, contre une forte somme d’argent dont les archives ont conservé la trace. Malheureusement, avant l’inventaire Le Brun de 1683, aucune mention d’un tel tableau parmi les œuvres exposées au château de Fontainebleau ne confirme cette proposition ». Musée du Louvre Paris. (consulté le 7 avril 2015)
Auteur: Séverine Laborie.
Illustration : http://ddata.over-blog.com/1/86/00/16/juillet-2012/Leonard/Leonard-de-Vinci--Vierge-a-l-Enfant-avec-sainte-Anne--ver.jp
 
Origine de la Vierge Noire
de Rocamadour

 
    Le premier document historique qui fasse mention de cette statue est du XIIIe siècle. Une bulle de Grégoire IX ordonne le 20 décembre 1235 à son légat, l’archevêque de Vienne, de faire une enquête concernant des faits extrêmement graves reprochés à l’abbé de Tulle, Élie de Ventadour qui se sont produits à Rocamadour » (Ernest Rupin, Rocamadour. Etude hist. et arch. 1904. p.291) Nous aurons l’occasion d’examiner les détails de cette affaire plus loin.
 
Les données archéologiques
pour la Vierge Noire de Rocamadour

 
« Les données archéologiques nous permettent d’être ici affirmatif, malheureusement elles ne nous autorisent point à accorder à cet objet précieux une époque plus reculée que le XIIe siècle.
La statue de Roc-Amadour est une Vierge-reliquaire ; or, on ne connaît point de Vierge-reliquaire antérieure au XIIe siècle ; les ornements qui décorent le haut et les manches de la robe appartiennent à cette époque.
Les représentations les plus anciennes de la Vierge nous la montrent avec un caractère hiératique bien marqué ; elle regarde toujours droit devant elle, la figure raide, la position du corps est rigide, la robe large, revêtue en partie d’un manteau aux plis symétriques et nombreux.
À Rocamadour, la figure et le corps de la Vierge présentent un certain mouvement ; la poitrine est gracieusement indiquée. On sent que l’artiste avait une tendance à s’éloigner des traditions adoptées jusqu’à ce jour et tâchait, dans ses productions, de chercher ses inspirations dans la nature même.
Il résulte de ces considérations et des détails si caractéristiques dont nous avons parlé au sujet du costume, que la statue de la Vierge à Roc-Amadour est une œuvre de la fin du XIIe siècle. Telle est au surplus l’opinion de personnes bien compétentes que nous avons consultées à ce sujet : MM. Barbier de Montault, Alfred Darcel, Victor Gay, Jules Helbig, Jules Quicherat, Robert de Lasteyrie, Charles de Linas et Emile Molinier.
. » (Ernest Rupin, Rocamadour. Etude hist. et arch. p.292)
 
« La datation proposée pour ces Vierges du type Sedes Sapientiae (vers 1170-1180) ne pose aucun problème pour Rocamadour : c’était la période de plein essor du pèlerinage, de rédaction du Livre des miracles... . » (Jean Rocacher, Rocamadour et son pèlerinage. Etude hist. et arch. p.96-97)
 
Vierges Noires
détruites et profanées
 
On accuse souvent, les huguenots (protestants) au XVIe siècle et les révolutionnaires d’être les principaux responsables des disparitions ou destructions des Vierges Noires, mais on insiste rarement sur les actes de vandalisme commis par les ecclésiastiques eux-mêmes :
 
« L’évêque Guillaume de Briçonnet ordonna de détruire une idole d’Isis qu’on voyait encore de son temps dans le monastère de Saint-Germain, à Paris qu’il dirigea entre 1507 et 1534. (La narration de ce fait est dans l’Histoire de l’abbaye de Saint-Germain-des-Prés.), et à sa place fit ériger une croix. » (22).
 
« Il se montra en son temps l’adversaire le plus zélé de la secte Luthérienne. Il défendit les danses et les jeux indécents de la jeunesse ». (Histoire de la ville de Lodève, PARIS H.G. Montpellier 1851 p.351-353). Cette ingérence des autorités religieuses dans les affaires civiles a déjà été évoquée au paragraphe sur le voile.
 
En quoi l’évêque Guillaume de Briçonnet était-il si différent des iconoclastes ?
 
La Vierge Noire de Rocamadour profanée
par l’abbé Élie de Ventadour en 1235

 
« À la tête d’une bande armée, et revêtu d’une armure militaire, il (l’abbé Élie de Ventadour) se rend à Roc-Amadour, non comme un moine mais comme un ennemi, fait verser beaucoup de sang et maltraite les habitants qu’il dépouille finalement de tous leurs biens. Sa rage ne s’arrête pas là : elle le pousse contre la statue de la Vierge qu’il profane et fait fouler aux pieds de ses gens soudoyés. » (Ernest Rupin, Rocamadour. Etude hist. et arch. p.114) (23).
 
« Quant à la bienheureuse Vierge dont les mérites ont enrichi ce lieu de multiples présents et l’ont rendu partout célèbre par de nombreux miracles, il (l’abbé Élie de Ventadour) ne respecta pas son image bénie, mais la couvrit de toutes sortes d’outrages, la fit lapider par ses soldats, et celle que le monde entier vénère il la fit fouler aux pieds par ses bandits » (Jean Rocacher, Rocamadour et son pèlerinage. Etude hist. et arch. p.95) (24).

 
Quelle est son authenticité ?
 
    À plusieurs reprises, Jean Rocacher doute et s’interroge sur l’authenticité de la Vierge Noire de Rocamadour.
 
« À partir du moment où Ernest Rupin s’intéresse à Rocamadour et prend des photographies (fig.4) (25), on peut suivre la dégradation de la statue » (Jean Rocacher, Rocamadour et son pèlerinage. Etude hist. et arch. p.94)
 
« L’expression que nous lui connaissons actuellement est-elle bien celle que lui avait donnée son sculpteur ? » s’interroge Jean Rocacher qui poursuit comme s’il connaissait déjà la réponse : « On peut en douter lorsqu’on examine de près le délabrement de son corps et de sa parure (fig.2) » (26).
 
Plongé dans sa réflexion, Jean Rocacher poursuit : « Déjà, l’abbé Chevalt remarquait en 1862 : " Elle ne porte aucune trace de mutilation ; mais par l’action du temps le bois s’émiette et tombe en poussière. » (Jean Rocacher, Rocamadour et son pèlerinage. Etude hist. et arch. p.94) et (Guide du pèlerin à Roc-Amadour par l’abbé Cheval. 1862 p.32)
 
« Á l’usure du temps va s’ajouter celle de l’humidité puisque Mgr Cros la fera emmurer de 1942 à 1944 pour éviter qu’elle ne soit emportée par les Allemands. Restaurée bien maladroitement sous la seule responsabilité du supérieur des chapelains aussitôt la guerre finie, la statue semble sauvée de la ruine. » (Jean Rocacher, Rocamadour et son pèlerinage. Etude hist. et arch. p.94)
 
« Mais quelle est son authenticité ? Le trône, les membres inférieurs de la Vierge et de l’Enfant, la chevelure de la Vierge ont été en grande partie refaits. L’avant-bras gauche et la main droite également. Les doigts déjà coupés, n’ont pas été reconstitués.  » (Jean Rocacher, Rocamadour et son pèlerinage. Etude hist. et arch. p.94)
 
« Il est très possible que cette statue vénérée autour de 1172 soit celle que nous connaissons. N’oublions pas cependant qu’elle fut profanée au XIIIe siècle par Hélie de Ventadour » (Jean Rocacher, Rocamadour et son pèlerinage. Etude hist. et arch. p.95)
    


Fig.4 Vierge Noire de Rocamadour
Revue de l’art chrétien. 1892. p.10

Restaurations de la statuette
 
Malheureusement, nos informations sur les restaurations de la statue de la Vierge Noire de Rocamadour ne commencent qu’à partir du XXe siècle et se limitent à celles renseignées par les Monuments Historiques sur le site du Ministère de la Culture.
 
Le 23 octobre 1830, à l’époque du roi Louis-Philippe (1830-1848), Ludovic Vitet devient le premier inspecteur des monuments historiques.
« La circulaire du 29 septembre 1837 était suivie d’une première liste de monuments établie à partir des rapports des préfets, grâce au zèle des correspondants locaux du Ministère et aussi grâce aux travaux des sociétés savantes qui se mettaient en place un peu partout en France. » (Jean Rocacher, Les restaurations des sanctuaires de Rocamadour  Suppl. au Bull. de Litt. Ecclésiastique. Institut Catholique de Toulouse. Chronique n°3-1987 p.17-18)
 
La dernière restauration semble avoir été réalisée en 2003 et celle dont parle Jean Rocacher après l’emmurement de la statue entre 1942 et 1944, elle aurait vraisemblablement été réalisée en 1951 (27).
 
Les vicissitudes de la Vierge Noire
de Rocamadour aux XIIIe, XVe, XVIe et XVIIIe siècle

 
« Lapidée » et « foulée aux pieds » en 1235
 
Nous avons vu au paragraphe précédent que la statue de la Vierge Noire de Rocamadour avait été profanée par l’abbé et Seigneur Elie de Ventadour en 1235. Dans quel état se trouvait-elle après avoir été «lapidée» et «foulée aux pieds» ?
 
Sortie des décombres de sa chapelle écrasée
en 1476 et laissée en état de ruines jusqu’à 1479

 
« un énorme bloc de rocher s’étant détaché de la montagne au-dessus de l’église la plus importante y commit d’immenses dégâts ; la chapelle miraculeuse resta presque ensevelie sous les ruines. Le chapitre de Rocamadour se borna à faire quelques réparations urgentes à l’église Saint-Sauveur mais laissa dans un complet abandon l’oratoire de la Vierge. Justement ému de cette coupable négligence, et attristé de la prolongation de cet état de choses, Denis de Bar, évêque et seigneur de Tulle, entreprit à ses frais la reconstruction de cet oratoire ». (Ernest Rupin, Rocamadour. Etude hist. et arch. p.154-155)
 
On ne connaît pas les détails de cet accident, mais nous savons grâce à Ernest Rupin, page 154, que la chapelle resta en état de ruines pendant trois ans, entre 1476 et 1479, et que les dégâts devaient être considérables puisque même l’église Saint-Sauveur fut touchée.
 
L’histoire ne nous dit pas dans quel état la Vierge Noire fut sortie des décombres au cours de ces trois années d’abandon ?
 
 
 
La chapelle de la Vierge est ravagée et
les statues sont détruites par les Huguenots en 1562

 
« A la tête d’un corps de ses coreligionnaires, il (Bessonies) se présente devant Roc-Amadour le 3 septembre 1562, y entre sans coup férir et se signale par sa barbarie et pas son impiété. Sa bande de pillards dévaste toutes les églises, principalement la chapelle de la Vierge. Les croix brisés, les autels renversés, les statues de saints abattues et détruites ».
 
« Seules, la statue de la Vierge et la cloche en fer suspendue à la voûte de la chapelle miraculeuse échappèrent à ce désastre  ».
 
Tous ces détails sont connus par Odo de Gissey qui les reproduit d’après le récit qui lui en fut fait lorsqu’il se rendit à Roc-Amadour, et dont plusieurs vieillards avaient conservé la souvenance. Un seul auteur contemporain, Théodore de Bèze, en parle, mais calviniste ardent, il s’étend peu sur ce pillage fait pas ses coreligionnaires ; il se borne à dire que « Roquemadour fut démoli et rompu » sans prononcer le nom de Bessonies. Selon lui, les chefs huguenots qui commirent cet acte de barbarie, qui aurait lieu le 2 et non le 3 septembre, étaient Duras, Marchastel et Bordet ou Dubordet (Ernest Rupin, Rocamadour. Etude hist. et arch. p.162-163) ». (28)
 
On peut comprendre pour la cloche, c’est assez diifficile à détruire, mais pour la statue de la Vierge, c’est un peu moins compréhensible. Nous avons vu au paragraphe « Attribution de l’œuvre » avec l’ origine de la Vierge Noire du Puy la facilité avec laquelle le Jésuite Odo de Gissey (1567-1643), savait se montrer merveilleusement habile pour donner une version personnelle et plus attrayante à l’histoire.
 
Notre-Dame de Rocamadour échappe aux bûchers
et à la fureur des révolutionnaires (1789-1799)

 
« temps légendaire de notre histoire;
  plus grand que celui de Louis XIV,
  moins flou que celui de Saint Louis »
A. Malraux
(Préface de Saint-Just et la force des choses. 1954)

 
Les bûchers de la révolution :
les victimes jetées dans les flammes des « bûchers de la révolution » n’étaient pas faites de chair et de sang à la différence des « bûchers de l’Inquisition »
 
« Faible d’abord, et devenant ensuite terrible... l’Inquisition s’empare de la scène à mesure qu’elle grandit ; bientôt elle efface tous les autres personnages, que dès cet instant nous faisons disparaître pour la laisser elle seule dominer.
Etablie principalement par les soins de Louis IX, l’Inquisition remplit de meurtres les treizième et quatorzième siècles ; sa rage se calma pendant la durée du quinzième ; mais elle se ralluma avec le seizième, lorsque le protestantisme lui fournit un nouvel aliment. La force des choses la fit tomber dans le dix-septième. Elle succomba parmi nous vers 1770, et, qui le croirait ? par le crédit de la comtesse Dubarry !
 » (Histoire de l’inquisition en France: Vol. 1 Par Étienne-Léon de Lamothe-Langon. 1829. p. XLVIII) (29).
   
 
Aimer son prochain
Selon l’inquisition :
 
bûcher des Templiers. Source: British Library catalogue of illuminated manuscrits
Selon l’Évangile de Matthieu 22.39
 
Questionné par un docteur de la loi, Jésus lui répondit : Voici le second commandement :
Tu aimeras ton prochain comme toi-même
 
Nous aurons d’autres occasions d’évoquer le roi Saint Louis un peu plus loin, au chapitre «  Saint Louis : du Mythe à la réalité.
 
Notre-Dame de Rocamadour semble aussi avoir échappé à la férocité des révolutionnaires et de leurs bûchers.
Le cas de Notre-Dame du Puy rapporté à la conférence ecclésiastique du diocèse du Puy, tenue en 1844 (30), mérite qu’on s’y attarde un instant :
 
« Voici comment ce fait déplorable nous est raconté dans un manuscrit que nous avons sous les yeux et qui malheureusement présente tous les caractères de vérité » (p.147). Nous ne demandons qu’à le croire et c’est pourquoi, nous aurions souhaité connaître le titre et l’auteur du manuscrit pour servir l’histoire.
 
« La statue de Notre-Dame du Puy, après avoir été dépouillée de ses richesses et mise à nu par des prêtres jureurs, fut arrachée du maître autel de la cathédrale, le 30 nivôse an II de la république (19 janvier 1794) et transférée (pour faire place à la déesse de la Raison) aux archives de la cathédrale. Plus tard, des officiers municipaux prirent la détermination de la faire brûler. En conséquence, le 8 juin 1794, fête de la Pentecôte, ..., assistés par les canonniers, les gendarmes et un piquet de troupe de ligne, furent prendre la statue, la mirent sur la charrette du déboueur de la ville, ... D’un coup de sabre un canonnier lui ayant coupé le nez, ... » (p. 147)
 
Étonnant ! N’était-il pas d’usage pendant la révolution de couper la tête ?
 
« En 1525 un nommé Leclerc, coupable de renversement de statues saints, eut à Paris, les bras tenaillés, le poing coupé, et le nez arraché après quoi il fut brûlé à petit feu.
On lit dans Joinville que Louis IX fit cuire le nez et les lèvres à un bourgeois de Paris qui avait juré.
 » (Dictionnaire de la pénalité par M. B. Saint-Edme. Tome 4. 1824. p.466, 469)

 
« En 1687, une ordonnance du Roi Louis XIV prévoit la condamnation des filles de mauvaise vie (prostituées) qui se trouveront à deux lieues aux environs de Versailles et des camps de l’Eure à avoir "le nez et les oreilles coupés". » (Roger (Nadine), Soldats et prostituées : un couple indissociable dans la société de Louis XIV, Revue Historique des Armées, 1995.)
 
Revenons à ce qui est arrivé à la statue de Notre-Dame du Puy, après avoir avoir eu le nez tranché :
 
« On la traîna donc à la place du Mantouret et on la livra aux flammes avec un grand nombre de tableaux, de statues d’église et de papiers précieux, aux cris de « Vive la république » (p.148)
 
Sophie Cassagnes-Brouquet apporte un élément intéressant d’un point de vue historique dans "Vierges Noires", mais malheureusement elle ne précise pas sa source :
« Lorsque la populace du Puy-en-Velay s’écrie sur le passage de la Vierge Noire, jadis vénérée, « Brûlons l’Égyptienne », elle n’a peut-être pas oubliée la légende qui veut que l’image ait été ramenée des croisades par Saint Louis. » (Vierges Noires. Sophie Cassagnes-Brouquet p.228)
 
Saint Louis,
du Mythe à la Réalité.
 
Comme après chaque croisade, de nombreux chrétiens d’Orient furent massacrés en signe de représailles et lorsque saint Louis a envahi l’Égypte, il a créé de graves tensions conduisant au troisième génocide des Coptes, les chrétiens d’Égypte. (Histoire des coptes d’Égypte. Magdi Sami Zaki. Éditions de Paris 2005. p.102, 692) ». (31).
 
Pourquoi Saint Louis s’en est-il pris à l’Égypte pour libérer Jérusalem ?
Ça, c’est une autre histoire.

 
La France est la seule à répondre à l’appel à la Croisade lancée au concile tenue à Lyon entre le 28 juin et le 17 juillet 1245. Aucun souverain chrétien n’imita le roi Louis IX.
Louis IX quitta Paris le 12 juin 1248 et il embarqua à Aigues-Mortes le 25 août 1248 pour Limassol, sur la côte méridionale de Chypre le 17 septembre 1248. Il y resta avec son armée jusqu’à mai 1249. Puis contre l’avis de plusieurs conseillers, le grand maître et le maréchal du Temple ainsi que le maréchal de l’Hôpital, il s’embarqua pour Damiette dans l’intention d’envahir et d’attaquer l’Égypte ! Louis IX refusa d’essayer d’obtenir pacifiquement certaines rétrocessions territoriales en Judée. Il interdit expressément aux Templiers de poursuivre avec l’Émir Égyptien les pourparlers commencés. Comment expliquer son attitude ?

 
Toujours est-il qu’il préféra faire parler les armes et que sa croisade fut un véritable échec. Le roi était absent, terrassé par la maladie selon son historien Joinville, lorsque le 6 avril 1250, son armée fut défaite à Mansourah et Louis IX fut prisonnier. Libéré le 8 mai 1250 contre une énorme rançon et la remise de la place de Damiette, il resta ensuite en Syrie quatre ans, du 13 mai 1250 au 24 avril 1254 avant de s’embarquer le 25 avril 1254 à Saint-Jean-d’Acre pour regagner la France presque deux ans après la mort de sa mère en novembre 1252. (Histoire des croisades Tome III. 1188-1291. René Grousset p.435-534) » (32).
 
« Rentré en France, Louis IX conclut avec Henri III d’Angleterre le désastreux traité de Paris (1259) qui, en échange de l’hommage lige, restituait au roi d’Angleterre des fiefs importants. La fin de règne fut marquée par l’aberrante huitième croisade qu’il dirigea contre Tunis, sous l’influence de son frère Charles d’Anjou, roi de Sicile. » (Jean Duplessy. Les Monnaies françaises royales. Tome I, de Hugues Capet à Louis XVI (987-1793) -  1999 Maison Platt p.92)  » (33).
 
C’est devant Tunis que le roi mourut le 25 août 1270, non pas en Martyr, mais de la peste. Le 11 août 1297, Louis IX est cannonisé par le pape Boniface VIII. Louis IX devient alors Saint Louis
 
«  Boniface VIII prononce son second sermon pour exalter le très saint roi Louis. Il y développe le thème
Rex pacificus magnificatus est.
Le vrai roi se domine soi-même et gouverne ses sujets avec justice et sainteté : ce fut bien son cas. Il est pacifique, or Louis cultiva la paix non seulement pour ses sujets — chacun sait à quel point il gouverna pacifiquement son royaume — mais aussi pour les étrangers : la paix toujours inséparable de la justice. Cette paix du cœur qu’il eut en ce monde est maintenant pour lui la paix de l’éternité.
 » (Louis Carolus-Barré. Les enquêtes pour la canonisation de saint Louis – de Grégoire X à Boniface VIII – et la bulle Gloria laus, du 11 août 1297 In: Revue d’histoire de l’Église de France. Tome 57. N°158, 1971. pp. 19-29.)

 
À partir de ce que nous avons vu précédemment, ce n’est pas réellement le sentiment que nous pouvons avoir de Saint Louis. Lorsqu’on s’intéresse de près à l’histoire de son règne, on peut certes dire que Louis IX était un homme de pouvoir et s’il a rendu de grands services à l’Église, il était loin d’être un saint homme.
 
C’est à « Louis IX » et à Montargis que, le 14 mars 1241, le comte de Toulouse Raymond VII fit le serment de combattre l’hérésie et à combattre Montségur dès qu’il pourrait s’en rendre maître.
 
C’est au nom de « L’Église » et de « Saint Louis  » que le 16 mars 1244, plus de deux cents Parfaites et Parfaits furent jetés dans le brasier d’un bûcher mettant fin à plusieurs mois de siège à Montségur et achevant l’épopée cathare dans les larmes, le sang et les cendres. (L’Épopée cathare. 4. Mourir à Montségur 1230-1244. Michel Roquebert. collection tempus. Privat 1989 et Perrin, 2001 et 2007 pour la présente édition. p.29, 562-569)
 
« Il le fait avec toute la dureté de l’Église qui, dressée contre l’hérésie, encadre, surveille et contraint. On connaît les mots confiés à Joinville : « Quand on entend médire de la foi chrétienne, il ne faut la défendre qu’avec l’épée, dont on doit donner dans le ventre autant qu’elle peut entrer. » Louis est le protecteur des inquisiteurs du Languedoc, et c’est en son nom, protégé par ses sergents, que Robert le Bougre étend ses persécutions au nord du royaume. Pour régner sur de bons chrétiens et conduire ses sujets au salut, il va même jusqu’à prohiber les jeux, pourchasser la prostitution, punir très cruellement le blasphème. Quant aux Juifs, il leur interdit d’exercer l’usure, fait brûler les exemplaires du Talmud, leur impose le port d’insignes distinctifs ». (Histoire de la FRANCE, des origines à nos jours. Sous la direction de Georges Duby de l’Académie de française. Larousse, 1995 pour la Collection In Extenso. p.277)
 
 
Saint Louis à Rocamadour
au début du mois de mai 1244
.
 
« Aussi les historiens font connaître que Louis IX, accompagné de ses trois frères et de la reine Blanche, sa mère, se rendit en action de grâce à Roc-Amadour, en 1245, pour avoir obtenu la guérison d’une grave maladie (4). (Ernest Rupin, Rocamadour. Etude hist. et arch. p.197) ». (34)
 
« Bien que la chronique du saint roi Louis IX ne pécise pas le chemin suivi par la famille royale et son escorte, nous savons par une vieille chronique limousine (42) que le pèlerinage royal reçu en procession aux portes de Limoges et conduit jusqu’aux reliques de Saint-Martial, au printemps 1244. » (Jean Rocacher, Rocamadour et son pèlerinage. Etude hist. et arch. p.399) (35)
 
Selon un itiniraire qu’aurait suivi Saint Louis, il aurait fait un bref séjour en Quercy en mai 1244. Arrivé le 2 mai 1244 à Rocamadour (Rupem Amatoris), il se trouvait déjà à Argenton-sur-Creuse (Argenthonum) le 11 mai 1244 avant de rejoindre Paris en juin 1244. (Recueil des historiens des Gaules et de la France, tome XXI, par Guigniaut et Wailly. (36)
 
Nous avons assez parlé du roi Saint Louis, revenons à notre sujet principal : la Vierge Noire de Rocamadour.
 
Mal en point au XIXe siècle,
la statue est emmurée au XXe siècle

 
La statue de Roc-Amadour
était mal-en-point en 1892

 
« Si on ne se décide pas à employer quelques moyens urgents, on peut prédire que la statue de Roc-Amadour n’existera plus dans un siècle. En la plongeant dans un bain de sulfate de cuivre ou de chlorhydrate d’ammoniaque mélangé avec du bichlorure de mercure, on arrêterait du moins l’action ravageante des vers. » (L’œuvre de Limoges écrit par Ernest Rupin. Extrait paru dans Revue de l’art chrétien en 1892 p.10) (37)
 
Notre-Dame de Rocamadour résiste
à la seconde guerre mondiale (1939-1945)

 
« Á l’usure du temps va s’ajouter celle de l’humidité puisque Mgr Cros la fera emmurer de 1942 à 1944 pour éviter qu’elle ne soit emportée par les Allemands. » (Jean Rocacher, Rocamadour et son pèlerinage. Etude hist. et arch. p.94)
 
Un mystère non encore élucidé :
Notre-Dame de Rocamadour est Noire

 
« La statue entière est noire. Il n’est pas présumable que cette couleur lui ait été donnée à dessein. Le bois dont elle est formée, a dû noircir en vieillissant dans une atmosphère chargée de la fumée des cierges et de l’encens brûlés en son honneur. »  (Guide du pèlerin à Roc-Amadour par l’abbé Cheval. 1862 p.32)
 
« La statue de Roc-Amadour est en bois recouvert de lames d’argent fort minces ; elle a noirci en vieillissant dans une atmosphère chargée de la fumée des cierges et de l’encens brûlé en son honneur...  »  (Ernest Rupin, Rocamadour. Etude hist. et arch. 1904. p.290)
 
Jean Rocacher est plus loquace sur cette question :
 
« Sauf dans ses parties restaurées, de couleur plus claire, Notre-Dame de Rocamadour paraît être de couleur noire, plus exactement de couleur brun très sombre tirant vers le noir.
La Vierge que venaient prier les pèlerins était-elle noire ? La plus ancienne mention connue de Notre-Dame de Rocamadour ne nous fait connaître ni sa forme ni sa couleur.
 » 
 
« La couleur noire ne sera pas mentionnée avant le XVIIe siècle. En effet, voici comment le P. Odo de Gissey décrit, en 1632, la statue de Notre-Dame de Rocamadour (Histoire et miracles de Notre-Dame de Roc-Amadour, p.26-27) : " Elle n’est que de bois, travaillée sans beaucoup de façon par St-Amadour, ou par quel qu’autre de son ordonnance. Cette image étant ajustée et couverte d’un riche manteau donne air et ressemblance à deux anciennes images de N. Dame ; savoir est à celles du Puy et de Montserrat, mais découverte de son manteau, elle ne leur est semblable qu’au teint du visage, qui est plus noir que brun. " » 
 
« Préparant sa réédition de la Gallia Christiana en 1712, Dom Boyer s’arrête quelques heures à Rocamadour et note dans son journal de voyage : " La figure de Notre-Dame est noire comme celle du Puy. " [ (29) Journal de voyage de Dom Jacques Boyer publié par Antoine Vernière, Clermond-Ferrand, 1886, p.166. ] » 
 
« En 1827, F. Jouannet remarque bien la couleur noire se contente d’attribuer le noircissement à la lampe qui brûle continuellement devant la statue. [ (30) Deuxième voyage, op. cit. p.58. ]  » 
 
« Pour Delpon, pas d’hésitation possible, c’est le bois qui a été peint en noir. [ (31) Statistique du département du Lot, tome I, Paris, 1831, p.538. ]  » 
 
« Le préfet Chaudruc de Crazannes estime, quant à lui, que la statue a été taillée dans un bois naturellement noir [ (32) Rapport fait à son Excellence le Ministre de l’Instruction publique sur les monuments de Roc-Amadour, le 22 septembre 1838, dans Annuaire du Lot, Paris, 1839, p.65. ] »
 
« Les problèmes posés par la noirceur de Notre-Dame de Rocamadour sont exactement les mêmes que ceux des autres Vierges Noires : noircissement fortuit dû à des agents naturels comme la fumée des cierges, l’oxydation des plaques métalliques couvrant les statues ou l’altération du bois par la vétusté ?
Noircissement intentionnel pour christianiser des cultes païens (Isis, Cybèle, Tellus Mater, etc.) vénérant des statues noires ?
Noircissement symbolique concrétisant le nigra sum sed formosa du Cantique repris par l’office de la Vierge ?
Depuis Barthélémy Faujas de Saint-Fond [ (33) Recherche sur les volcans éteints du Vivarais et du Velay, Paris et Grenoble, 1778. ] qui étudiait, au XVIIIe siècle, la statue de Notre-Dame du Puy, beaucoup d’archéologues et d’historiens se sont interrogés sur le pourquoi des Vierges Noires.
 » 
 
« Malheureusement, aucune réponse entièrement satisfaisante n’a pu être apportée jusqu’à ce jour. »
 
« Mrs Forsyth a eu le mérite de donner succinctement l’état de la question et de mettre à jour la bibliographie des Vierges Noires. [ (34) The Throme of Winsdom, op. cit. p.20-22. ]. Par contre, il est indiscutable que le trône de Notre-Dame de Rocamadour était un reliquaire. »  (Jean Rocacher, Rocamadour et son pèlerinage. Etude hist. et arch. p.95-96)
 
Pourquoi certaines Vierges ont-elles été noircies ?
 
    Au risque d’avoir à me répéter pour ceux qui ont lu mon étude sur les représentations sculptées sur la falaise de Rocamadour. Il est techniquement possible de mettre un terme à toutes les légendes et fantaisies du même genre. Un bois non protégé noircit naturellement et certaines essences de bois sont tout simplement foncées dès l’origine.
Les méthodes génétiques et chimiques permettent d’identifier l’essence et le lieu d’origine d’un bois, ainsi qu’une analyse au radiocarbone permet d’estimer l’âge des matériaux organiques tel que le bois. Il faut simplement en avoir la volonté.
 
Sur un plan strictement religieux, l’Église semble souffrir d’amnésie. Elle n’est pourtant pas étrangère à la diffusion et à la propagation des Vierges dites «Vierges Noires». Mais, après s’être tellement empêtrée dans ses légendes, comme nous l’avons vu avec l’attribution de l’œuvre. Des légendes savamment concoctées pour anesthésier des gens qui ne savaient ni lire ni écrire, il devient de plus en plus difficile, pour l’Église, de trouver une issue favorable et raisonnable. Alors, à partir du moment où les interprétations des historiens ne lui sont pas nuisibles, l’Église n’est pas pressée de retrouver la mémoire.
 
Nous savons que de nombreuses Vierges Noires ont retrouvé leur couleur « d’origine » après avoir été restaurées. La liste s’allonge régulièrement... Cela n’apporte pas pour autant de réponse à l’origine de la couleur noire, mais elle démontre néanmoins que l’Église a toléré cette pratique.
 
Un procès en hérésie instruit à Dijon en 1591, où il était reproché à l’accusé de dire, à qui voulait l’entendre, pour quelle raison la statue Notre Dame d’Espoir était noire, prouve que, non seulement l’Église a toléré cette pratique, mais qu’elle l’a également cautionnée :
 
« La célèbre Vierge noire vénérée tout particulièrement par les Dijonnais depuis le siège de leur ville par les Suisses en 1513. On lui attribuait en effet le mérite miraculeux d’avoir, à cette date, délivré Dijon de ses ennemis. »
 
Voyons un des motifs d’accusation extrait de « Mémoires de l’Académie des sciences, arts et belles-lettres de Dijon. 1891 » (38) : « Enquête sur un paysan suspect d’hérésie 13 » :
« ... et, une autre fois, parlant de Nostre Dame d’Espoir qui est en l’esglize Nostre-Dame de ceste ville 1, comme elle dépposante disoit que l’on ne l’avoit jamais peu paindre encore que plusieurs fois l’on s’en fut mis en debvoir selon qu’elle l’avoit apris, led: Ragoix luy dit ces motz : "  Tu dit vray : c’est pource que l’on la frotte d’huille et n’est noire d’aultre chose que cela " ».

 
Est-ce que tout cela remettrait en cause la répartition des Vierges Noires en France vers 1550 ? ((Émile Saillens, Nos Vierges Noires, leurs origines, Les Editions Universelles, Paris, 1945). Ce n’est pas certain !
 
Le barbouillage de certaines Vierges en couleur noire est fréquemment attribué à la volonté de tirer parti d’une ferveur populaire pour ce type de Vierge ou de rendre plus célèbre un lieu de pèlerinage. C’est fort probable, mais à partir du moment où les gens se sont mis à réfléchir, il est plus que vraisemblable que l’objectif changea. Ne fallait-il pas tout faire pour éviter d’identifier le lieu d’origine du mouvement ?
 
Vierge Noire :
l’origine légendaire de l’image mariale

 
I. Notre incapacité à résoudre
l’énigme des Vierges Noires

 
Une erreur de raisonnement
Notre incapacité à résoudre l’énigme des Vierges Noires vient des erreurs dans notre façon de raisonner. Notre raisonnement est dès le départ influencé par un argument dominant consistant à associer la Mère et l’Enfant à la Vierge Marie et l’Enfant Jésus.
 
Le seul argument acceptable qui lui soit opposé, à savoir les « antiques divinités », ne permet pas à la grande majorité, d’y adhérer puisque les Vierges Noires se trouvant dans les églises, le symbole est donc « chrétien » et non « païen ».
 
La question de la couleur « Noire » a été relayée à un plan secondaire depuis qu’on a découvert que de nombreuses Vierges Noires avaient été noircies délibérément. Une erreur de jugement supplémentaire.
 
II. La première image sculptée
de la Mère et de son Enfant

 
A une époque où les statues dans les lieux de prière n’existaient pas ou se faisaient rares, il n’y avait qu’un seul endroit où l’on pouvait voir cette image sculptée d’un nouveau genre.
 
À partir du moment où civils et religieux sont venus d’horizons divers et lointains en ce lieu unique et qu’ils ont découvert pour la première fois cette nouvelle effigie et constaté la ferveur du public qui venait de plus en plus nombreux la voir et lui rendre hommage, les religieux se sont empressés de la copier pour attirer les foules.
 
Au début, les pères de l’église ont vu d’un très mauvais œil, cette ferveur populaire accordée à cette idole jugée « païenne ». Alors ils les ont fait détruire, l’exemple de l’évêque Guillaume Briçonnet à Saint-Germain-des-Prés n’est pas un cas isolé et les périodes de troubles ont souvent servi de prétexte comme les restaurations et les modes architecturales à se séparer des antiquités embarrassantes comme Rocamadour en a connu au cours des siècles. Le vandalisme restaurateur au XIXe siècle est parfois pire que le vandalisme destructeur.
 
En témoignent, tous ces « vestiges vestiges de colonnes de chaque côté et tout le long de la rue de la couronnerie (carte postale début des années 1900)  » qui jalonnent, encore de nos jours, les rues de Rocamadour en provenance de colonnes découpées en tranches. Les plus anciennes, celles qui ornaient les Temples dans l’antiquité, ont été soigneusement découpées en tranches puis sciées en deux parties dans le sens de la longueur des colonnes et réemployées dans des endroits plus discrets.
Malgré toutes ces précautions, une géomérie trop parfaite du contour extérieur de quelques éléments de couverture des « murets Photo d’un muret à l’intérieur du sanctuaire (Charly Senet 2014) » en certains endoits du sanctuaire plus particulièrement, trahit les remplois de ces restaurateurs indélicats.
 
III. La perte de ses origines : « symbole » et « lieu géographique »,
favorisée par la multiplication et la diffusion des effigies

 
Mais les habitudes sont tenaces et après mures réflexions, l’Église d’abord réticente, a vu le bénéfice qu’elle pouvait tirer de cette situation. La suite, nous la connaissons tous, l’image de la Mère et l’Enfant fut récupérée et, comme un simple objet, elle fut détournée de sa fonction initiale.
 
L’effigie au teint hâlé a vu son visage s’embrunir de plus en plus, pour des raisons associées à la couleur « noire » au fur et à mesure que les effigies, comme leurs légendes, se sont multipliées un peu partout en France particulièrement. La France qui n’est pas étrangère au développement du culte mariale. Ainsi, favorisé par la multiplication et la diffusion des copies infidèles, le lieu d’origine de la première effigie, contrairement à son teint hâlé, s’est perdu dans la nuit des temps. Et de là est née l’origine légendaire de l’image mariale.
 
Ce qui différencie la Vierge Noire de Rocamadour
de toutes les autres Vierges Noires

 
I. Des différences dans les dimensions
en un siècle qui en disent long

 
    « Elle a soixante-seize centimètres de hauteur et trente centimètres de largeur à sa base » écrivait l’abbé Cheval dans son guide du pèlerin à Rocamadour en 1862 (Guide du pèlerin à Roc-Amadour par l’abbé Cheval. 1862 p.32)
 
    « La Vierge mesure 0,66 m de hauteur et 0,21 m de largeur à la base » écrivait un siècle plus tard Jean Rocacher dans Rocamadour et son pèlerinage en 1979 (Jean Rocacher, Rocamadour et son pèlerinage. Etude hist. et arch. p.93)
 
    Les historiens et les historiens de l’art sont restés muets sur ces écarts considérables pour une statue de cette taille : 13% sur la hauteur et 30% pour la largeur, soit pratiquement le tiers. Proportionnellement, ils correspondent à la disparition de sa tête entièrement y compris le cou et d’une bonne partie du siège et d’un bras avec son épaule.
 
Nous sommes forcés d’admettre que la statuette a subi d’importantes transformations qu’un léger rabotage pour ajuster une couronne ou une maladroite restauration en 1951 ne peuvent parvenir à expliquer.
 
II. Son côté naturel et humain
 
    Son côté naturel et humain, on ne le retrouve dans aucune des Vierges Noires pour la même période située, selon les historiens, entre le XIIe et la fin du XIIIe siècle.
 
    Notre-Dame de Rocamadour figurant sur l’un des vitraux de l’église Saint-Pierre à Gramat, permet de penser que la Mère et l’Enfant ont été représentés à deux périodes différentes de leur existence.
 
    Sur le vitrail, le visage de la Mère respire la jeunesse et celui de son fils, l’enfance. Tandis que la statuette que nous pouvons voir actuellement dans la chapelle Notre-Dame à Rocamadour au-dessus de l’autel de bronze doré réalisé en 1889, montre une Mère marquée par le poids des années. La maigreur de ses membres maintes fois soulignée par les trois érudits, l’abbé Chevalt, Ernest Rupin et Jean Rocacher, témoigne des souffrances endurées au cours d’une période de sa vie. Une vie rude et difficile qui n’a épargné ni la Mère ni l’Enfant assis sur son genou gauche représenté avec un visage d’adulte.
 
III. Les incohérences et les mensonges
 
    Nous avons vu tout au long de cette brève analyse, que l’histoire de la Mère et de son Enfant n’est entourée que d’incohérences et de mensonges dissimulés hypocritement derrière des mots appelés légendes ou traditions. Si l’image de cette jeune femme représentée assise sur un siège avec son enfant représenté assis sur son genou gauche, a été récupérée par l’Église, elle n’en a pas moins été déformée et détournée du message initial. À un tel point, qu’il est manifestement permis de douter que leur histoire puisse avoir un lien quelconque avec le Christianisme.
 
Preuve en est que leur histoire, différente de la "version officielle" de l’Église, a été sculptée sur la falaise qui les abritait, ELLE, son ENFANT et ses compagnons d’exil. Une preuve que les purges de la falaise menées inlassablement et qui se répètent régulièrement tentent d’effacer et d’anéantir définitivement.


Fig.5 Notre-Dame de Rocamadour sur un vitrail
église St Pierre à Gramat - © Charly Senet 2012

 
Si vous désirez connaître la vérité sur la Vierge Noire de Rocamadour.
Cliquez sur l’image ci-dessus

    


 
 
Si vous désirez connaître la vérité sur l’histoire de Rocamadour, lisez :
Les sculptures sur la falaise sont la clé des origines de Rocamadour

 
Charly SENET
Le 19 avril 2015






Bibliographie et notes
 


(1) Abbé Chevalt, Guide du pèlerin à Roc-Amadour Éditeur : V. Bertuot Montauban. 1862 p.32
 
Jean-Baptiste Chevalt (1817-1876), prêtre du diocèse de Montauban et curé de Cazes-Mondenard dirige les travaux des restaurations des sanctuaires de Rocamadour entre 1858 et 1872 à la demande de Mgr Bardou, évêque de Cahors.
On rencontre deux écritures de son nom : Chevalt et Cheval, avec et sans le "t" final. Une coquetterie selon Jean Rocacher.
L’abbé Chevalt est né le 6 août 1817 à Bagnères-de-Luchon et il est décédé le 26 novembre 1876 à Montauban
 
(2) Ernest Rupin  ROC-AMADOUR. Étude historique et archéologique. Préface de M. le Cte Robert de LASTERYRIE, Membre de l’Institut. PARIS, Librairie G. BARANGER Fils, 5, Rue des Saints-Pères, 5. 1904. Édition originale 416 p.
 
    Rocamadour, Étude historique et archéologique Ernest Rupin. Le Livre d’histoire. Monographie des villes et villages de France. Préface de M. le comte Robert de Lasteyrie, Membre de l’Institut, (2001) Fac-similé de l’édition originale 1904, 416 p. 1ère réédition.
 
Ernest Rupin (1845-1909). Né à Brive le 6 mai 1845. Archéologue, historien de l’art et historien local.
 
Pour en savoir plus sur  Ernest Rupin
 
(3) Jean Rocacher, ROCAMADOUR et son pèlerinage Etude Historique et Archéologique Tome 1  & Tome 2.
Préface de Marcel Durliat. Privat Association « Les Amis de Rocamadour » 1979. Exemplaire numéroté
Le Tome 2 regroupe les documents graphiques et photographiques anciens
 
Jean Rocacher (1928-2008). Né en 1928 à Tulle, diplômé de théologie. Membre titulaire en 1983 à la Société Archéologique du Midi de la France (S.A.M.F), il était aussi membre de l’Académie des Sciences, Inscriptions et Belles Lettres. »
 
Pour en savoir plus sur  Jean Rocacher
 
(4) Jean Rocacher, ROCAMADOUR et son pèlerinage Etude Historique et Archéologique Tome 1 p. 93.
 
p.93 : « La Vierge assise sur un trône et l’Enfant Jésus ont été taillés dans deux pièces de bois distinctes... L’Enfant, simplement collé sur son genou gauche. »
 
(5) L’Imitation de Jésus-Christ. Chapitre 3 De la doctrine de la vérité : 1. Heureux celui que la vérité instruit elle-même, non par des figures et des paroles qui passent, mais en se montrant telle qu’elle est »
 
(6) Bulletin archéologique du comité des travaux historiques et scientifiques année 1889. Paris Ernest Leroux, Éditeur.
p.193-194 : « Jean Avantage peut compter parmi les plus illustres évêques d’Amiens. Né à Étaples, il était prévôt de Saint Pierre de Lille, lorsqu’en 1437, la faveur de Philippe le Bon, duc de Bourgogne, dont il était médecin, le fit nommer à cet évêché. Il fit pour son diocèse des statuts synodaux forts curieux, où l’on voit entre autres choses la vente des objets du culte interdite, et une énumération très instructive des vêtements et étoffes dont le port était défendu aux ecclésiastiques. Comme plusieurs de ses prédécesseurs et successeurs. Jusqu’à la révolution, il eut souvent à lutter contre son chapitre, corps fort puissant et jaloux de ses prérogatives. C’est ce qui expliquerait sa prédiction pour les chapelains, communauté plus modeste et qui, elle aussi, était souvent en procès avec les chanoines, parfois pour les motifs les plus futiles. »
 
(7) Histoire du costume en France depuis les temps les plus reculés jusqu’à la fin du XVIIIe siècle - Quicherat, Jules-Étienne 1877
 
(8) Monuments français inédits pour servir à l’histoire des Arts depuis le VIe siècle jusqu’au commencement du XVIIe. Tome I. Nicolas Xavier Willemin, André Ariodant Pottier 1825
 
(9) Laver, monder, blanchir : Discours et usages de la toilette dans l’Occident médiéval. Sophie Albert. Presse de l’université, Paris Sorbonne 2006. p.24
 
(10) Iconographie de la Vierge : type principal de l’art chrétien depuis le IVe jusqu’au XVIIIe siècle par Édouard Laforge. Imprimerie de Louis Perrin 1863 . p.VI-VII
 
(11) Jean Rocacher, Les restaurations des sanctuaires de Rocamadour   Supplément au Bulletin de Littérature Ecclésiastique. Institut Catholique de Toulouse. Chronique n°3-1987.
 
p.45 : « Le 2 juillet, Mgr Bardou adressait à ses diocèsains une lettre pastorale publiant la bulle du pape Pie IX (3 décembre 1852) qui, accédant à la supplique de l’évêque de Cahors, accordait une couronne d’or à la Vierge Noire de Rocamadour et l’indulgence plénière aux fidèles qui participeraient aux fêtes du couronnement (Albe, Roc-Amadour, Documents pour servir à l’histoire du pèlerinage, Brive, 1926, p. 537-538).
Malheureusement, la couronne offerte par Pie IX sera dérobée dans la nuit du 26 au 27 août 1885.
 »
 
(12) Ernest Rupin, Rocamadour. Etude hist. et arch. note (4) p. 291-292
« À Roc-Amadour, il y a une des plus célèbres dévotions de la Vierge qui soit en France et où l’on voit une image de la même sainte Vierge faite par saint Luc ». Salvimen d’Alquié, Les Délices de la France..., p.440. Amsterdam, chez Gaspard Commelin, 1770. »
 
« L’abbé Fouilhac, dans ses Mémoires mss. Sur le Quercy, dit aussi qu’une tradition particulière attribue à saint Luc la statue de Roc-Amadour. Voir Bulletin de la Société archéologique de la Corrèze, en, 1899, p.702.. »
 
(13) Ernest Rupin, Rocamadour. Etude hist. et arch. note (1) p.292
« Odo de Gissey, loc. cit., pp.26 et 27.. »
 
(14) Ernest Rupin, Rocamadour. Etude hist. et arch. note (1) p.292
« Le chanoine Rembry, s’inspirant à coup sûr d’Odo de Gissey, adopte la même opinion : « Amadour bâtit, au milieu des rochers, une petite chapelle où il plaça une image de la Vierge, qu’il avait sculptée de ses propres mains ». S. Gilles, sa vie, ses reliques et son culte, Bruges, 1881-1882, t.II, p.594.. »
 
(15) Ernest Rupin, Rocamadour. Etude hist. et arch. note (4) p.291-292
« D’après le docteur J.-L. Faure, «La Vierge de Roc-Amadour aurait été, dit-on, rapportée des croisades». La Chronique médicale, numéro du 1er novembre 1901, p.691. »
 
(16) Faujas de Saint-Fond. Recherches sur les volcans éteints du Vivarais et du Velay. Impr. Duc d’Orléans Grenoble. Nyon et Née et Masquelier Paris. 1778 avec approbation et privilège du roi
 
(17) Chroniques de Estienne de Médicis, Bourgeois du Puy. Au nom de la société Académique du Puy par Augustin Chassaing Tome I. 1869
 
(18) Rocamadour, une cité en équilibre sous la direction de Michelle Chauveau. Préface André Jallet. Editions Carnet de notes, 1998. Coauteurs: Bénédicte. Avellaneda, Isabelle Desaphy, Claude Lecompte, Gérard Terrassier. Participation: Maryse Baschiera, Claude Rivals, René Pascal et Jean-François Bare. Photographe Patrice Behin
 
(19) Jean Rocacher, ROCAMADOUR et son pèlerinage Etude Historique et ArchéologiqueTome 1
p. 96 Note (35) : « Vacandard, Etudes de critique et d’histoire religieuse, 1912, tome III, p.116-118, cité par H. Leclercq, Dictionnaire d’archéologie chrétienne et de liturgie, article Marie Mère de Dieu, col. 2039. »
 
(20) Grumel Venance. Le concile d’Éphèse. Le Pape et le Concile. In: Échos d’Orient, tome 30, N°163, 1931. pp. 293-313.
I. La controverse nestorienne devant le Siège apostolique. p.294-298, II. Convocation du concile. p.298-304, III. Le concile d’Éphèse. p305-309, ...

http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rebyz_1146-9447_1931_num_30_163_2684
 
(21) Londres, National Gallery : http://www.nationalgallery.org.uk/paintings/francesco-francia-the-saint-anne-altarpiece-from-san-frediano-lucca
 
(22) Histoire de la ville de Lodève, de son ancien diocèse et de son arrondissement actuel, depuis les temps les plus reculés jusqu’à nos jours. Par H. G Paris, Tome 1. Montpellier 1851.
« Guillaume Briçonnet (1472-1534) évêque de Lodève puis de Meaux, a été de 1507 à 1534 abbé de Saint-Germain-des-Près ».
 
(23) Ernest Rupin, Rocamadour. Etude hist. et arch. p.114
« Elie de Ventadour, neveu de l’abbé de Tulle, Brnard VI, s’empressa, dès la mort de son oncle, en 1235, de s’emparer violemment des possessions de l’abbaye. Il fit tous ses efforts pour empêcher l’élection canonique d’un nouvel abbé et obtint, par menaces et menées illicites, de se faire élire lui-même.
Enivré de son succès, auquel probablement les membres de sa puissante famille avaient dû contribuer, l’abbé intrus, dans son audace, ne connut plus de bornes
 ».
 
(24) Jean Rocacher, ROCAMADOUR et son pèlerinage Etude Historique et ArchéologiqueTome 1
p.95 Note (28) : « Ernest Rupin, p.353-355 ; Albe, p.106-108. »
Remarque: Ernest Rupin p.353-355, transcrit un texte en latin provenant des Archives du Vatican, dans Auvray, Registre de Grégoire IX, n°2885, qu’il dit devoir à l’obligeance de M. l’abbé Albe.
 
(25) Jean Rocacher, ROCAMADOUR et son pèlerinage Etude Historique et ArchéologiqueTome 1
p.94 Note (26) : « Ernest Rupin, L’œuvre de Limoges, Paris, 1890 : La statue de la Vierge de Roc-Amadour, dans Revue de l’art chrétien, 1892, tome III, 1er livraison, p.8 à 18. »
 
(26) Jean Rocacher, ROCAMADOUR et son pèlerinage Etude Historique et ArchéologiqueTome 1 p.94 (26) Tome 2 fig.86
Note (26) : « L’état de délabrement le plus avancé semble fourni par un cliché anonyme, malheureusement non daté, publié par Jorgen Bang, De sorte jomfruer oplevelser i Franking, édité au Danemark en 1973. » (fig.86) Tome 2
 
(27) Monuments historiques - Ministère de la culture, Statue-reliquaire dite la Vierge de Rocamadour (Vierge à l’Enfant) base Palissy, réponse 1307. Page du site ministériel consulté le 25 janvier 2015 :
  http://www.culture.gouv.fr/public/mistral/palsri_fr?ACTION=CHERCHER&FIELD_1=REF&VALUE_1=PM46000242
 
(28) Ernest Rupin, Rocamadour. Etude hist. et arch. p.163
Note (1) : « De là, il (Bordet) s’achemina à Sarlat …. Parquoy passé la Dordogne, il se vint rendre à Gourdou (Gourdon) ville de Quercy, laquelle s’estant rendue et Duras y estant aussi arrivé, le deuxiesme de septembre 1562, le temple célèbre appelé Nostre Dame de Roquemadour, à quatre lieues de là, fut démoli et rompu. Estans donques assemblés ces trois, à savoir Duras, Marchastel et Bordet, il fut résolu entre eux de prendre le chemin de Xaintonge ». Théodore de Bèze, Hist. Ecclés. Des églises réformées au royaume de France de 1521 à 1563, Anvers, de l’imprimerie de Remy (Genève), 1580, 3 vol, in-8°. Tome II, liv. 9, p.778.
 
(29) Histoire de l’Inquisition en France: depuis son établissement au XIIIe siècle, à la suite de la croisade contre les Albigeois jusqu’en 1772, époque définitive de la suppression. Par Étienne-Léon de La-mothe-Langon. Tome 1. Paris 1829.
 
(30) Résultat d’une conférence ecclésiastique du diocèse du Puy. Tenue l’année 1844, sur les martyrs du diocèse du Puy pendant la révolution française. Par ordre de Monseigneur P. M. Joseph DARCIMOLES, Evêque du Puy. Le Puy 1845. Imprimerie de J. B. Gadelet.
 
(31) Histoire des coptes d’Égypte. Magdi Sami ZAKI. Éditions de Paris. 2005. 991 pages.
 
Magdi Sami Zaki est né au Caire en 1944, Assistant à la Faculté de Droit du Caire (1963-1966), émigré en France à la fin de 1966, Docteur en droit de l’Université de Paris II en 1975, Magdi Sami Zaki a enseigné à la Faculté de Droit de Rabat (Maroc) dans le cadre de la Coopération franco-marocaine, puis dans les Universités d’Orléans et de Dijon. Depuis 1987, il enseigne à l’Université de Paris X au doctorat, la philosophie du droit, le commerce international et le droit privé
 
(32) Histoire des croisades. Tome III. 1188-1291. L’anarchie franque. René Grousset de l’Académie française. tempus, collection des éditions Perrin. Plon, 1936 et Perrin, 1991 et 2006 pour la présente édition.
 
(33) Jean Duplessy. Les Monnaies françaises royales. Tome I, de Hugues Capet à Louis XVI (987-1793) - 2e édition revue et augmentée. 1999 Maison Platt
 
Jean Duplessy, ingénieur de recherche au C.N.R.S., attaché au cabinet des Médailles est aujourd’hui en retraite. Il est l’auteur d’ouvrages monnétaires de qualité indispensables à toute recherche. Source: Comptes rendus des séances de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres. Année 1998.
 
(34) Ernest Rupin, Rocamadour. Etude hist. et arch. note (4) p. 197 :
« Anno praedicto [1245], Ludovicus rex Francorum, cum matre sua, domina Blanca, et tribus fratribus suis fuerunt Lemov. 5 cal. Maii et ibant peregrini apud Rupem Amatoris ». Bibl. nat.. Fonds Gaignières, vol, 42, fol. 195 – Recueil des historiens des Gaules, toma XXI, p. 776.. »
 
(35) Jean Rocacher, ROCAMADOUR et son pèlerinage Etude Historique et ArchéologiqueTome 1 p. Note (42) p.399 :
« Ludovicus rex Francorum cum matre sua domina Blanca et tribus fratribus suis... ibant peregrini apud Rupem Amatoris... » dans Recueil des Historiens de la France, XXI, p.766, d’après Majus chronicon lemovicense a Petro Coral et alis, etc., citat. Albe, p.289. »
 
(36) Recueil des historiens des Gaules et de la France, tome XXI. La deuxième livraison des monuments des règnes de Saint Louis, de Philippe le Hardi, de Philippe le Bel, de Louis X, de Philippe V et de Charles IV depuis 1226 jusqu’en 1328. Par MM. Guignaut et de Wailly. Membres de l’Institut. Imprimerie impériale Paris 1855
 
(37) Revue de l’art chrétien publiée sous la direction d’un comité d’Artistes et d’Archéologues. XXXXe année Quatrième série. Tome III 1892. L’œuvre de Limoges par Ernest Rupin p.7-15
 
(38) Mémoires de l’Académie des sciences, arts et belles-lettres de Dijon. Auteur : Académie des sciences, arts et belles-lettres. 1830.
Informations contre Estienne RAGOIX, prisonnier. 1591, 9 sept. — Archives de la Côte-d'Or, B" 36053. _ Original. 4 feuillets. Enquête sur un paysan suspect d’hérésie 13. http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k56137640/texteBrut
 
Louis Bréhier. À propos de l’origine des vierges noires. In : Comptes rendus des séances de l’Académie des inscriptions et Belles-Lettres. 79e année, N.3, 1935. pp. 379-386 . http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/crai_0065-0536_1935_num_79_3_76648
 





















Charly Senet Auteur du livre Angélus
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Dépôt:  Étude Notariale 2010 - Académie des Sciences Paris 2011, 2012
Dépôt Étude archéologique Académie des Sciences Paris:  1er et 2e sem 2012, 2014