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Une lente et méthodique destruction
du patrimoine de l’humanité
Depuis des décennies la mairie de Rocamadour effectue des purges de la falaise provoquant la disparition de nombreux vestiges
archéologiques dans l’indifférence la plus totale de la commune, du département du Lot et de la région
Midi-Pyrénées. Lire ma page
Il y a des silences
coupables et des silences troublants
Le rapport d’enquête publique de Monsieur LEFRANÇOIS Edmond ( 1) relative à
l’élaboration du PPR (Plan de Prévention des Risques naturels) sur le territoire de la commune de Rocamadour, transmis le
13 juin 2013, nous donne, comme nous allons le voir plus loin, qu’un bref aperçu des mauvais traitements infligés entre
1977 et 2000 au patrimoine archéologique et historique de la falaise de Rocamadour .
En 1977, la falaise est purgée
devant l’esplanade du tombeau de Saint Amadour
Extrait du rapport d’enquête page 3 § 1- PRESENTATION DE L’ENQUÊTE
« En 1977, la falaise est purgée devant l’esplanade du tombeau de Saint Amadour, une colonne instable
(20 à 30 tonnes) est démantelée au-dessus de la Basilique... »
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Entre 1996 et 2000,
45 zones sont traitées.
Suite extrait du rapport d’enquête page 3 § 1- PRESENTATION DE L’ENQUÊTE
« Ensuite pendant plusieurs années, des chutes ponctuelles de pierres et de blocs donnent lieu à des confortements
de faible et de moyenne ampleur. Entre 1996 et 2000, 45 zones sont traitées. »
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Que s’efforcent de dissimuler
Rocamadour et sa région ?
En 2005: Un document du CETE (Centre d’Étude Technique de l’Équipement) du sud-ouest
( 2) édité en janvier 2008 cite dans ses références une mise en
sécurité préventive des falaises sur la commune de Rocamadour en 2005.
J’ignore l’importance de cette intervention, mais ce document prouve qu’elle a eu lieu et elle n’apparaît
pas dans le rapport d’enquête.
En 2009 et 2010: L’intervention d’une grande envergure menée par la société Hydrokarst
( 3) sur la falaise de Rocamadour dure cinq mois consécutifs entre début
novembre 2009 et fin mars 2010. Comment pourrait-elle échapper aux services techniques et administratifs du
département du Lot ? ( 4) C’est absolument impossible.
Il faut lire un article publié le 12 juillet 2011 dans La Dépêche du Midi
( 5) concernant le traditionnel feu d’artifice pour apprendre que cette dernière
intervention n’a rien à envier aux précédentes. Elle semble même s’être surpassée
et détenir un triste record en quantité de tonnes de rocher purgées de la falaise.
«
Pascal Jallet a mené à grande échelle des travaux de sécurisation sur le site de Rocamadour, dans le cadre du
syndicat mixte en partenariat avec la Région Midi-Pyrénées et le Conseil général du Lot. Ces travaux
ont amené à une purge de la falaise, avec 110 tonnes de rocher enlevées
! »
La Dépêche du Midi
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L’article intitulé « Les falaises » paru sur une page du site
« les amis de Rocamadour » ( 6) dans la catégorie
« Patrimoine » permet d’en savoir un peu plus sur l’intervention des cordistes sur la falaise.
© Photo article «les amis de Rocamadour»
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« Ce chantier a démarré comme prévu le 2 novembre 2009, ces travaux d’envergure se sont poursuivis
jusqu’à fin mars 2010.
L’entreprise s’est donné des moyens conséquents et adaptés aussi bien en main d’œuvre
qu’en matériel pour assurer ces délais dans le strict respect de la sécurité des biens et des personnes.
Au total, ce sont 110 m3 de rocher qui ont été évacués par l’entreprise
"HYDRO KARST" sous le contrôle du Maître d’Œuvre le "Cabinet IMSRN" et 1.600 m2 de
grillage double torsion qui ont été posés. »
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⇒ Notons la différence d’unité employée entre les deux articles !
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Un volume de 110 m3 de rocher ne correspond pas à une masse de 110 tonnes.
La masse volumique de la roche calcaire étant comprise entre 2700 et 2800 kg/m3, ce ne serait donc pas 110 tonnes, mais
pratiquement 300 tonnes de rocher arrachées à la falaise. L’impact sur le patrimoine archéologique et
historique du site semble encore plus désastreux que le laissait penser l’article paru dans La dépêche du Midi
le 13 juillet 2011.
Des omissions
suspectes !
Ces interventions menées sur la falaise en 2005 puis entre novembre 2009 et mars 2010 non mentionnées dans le rapport
d’enquête publique permettent de penser qu’elles ne sont pas les seules interventions volontairement oubliées
et omises d’être transmises à Monsieur Edmond LEFRANÇOIS par les services techniques du département du
Lot et du maire de Rocamadour qui est aussi président du Syndicat Mixte du Grand Site de Rocamadour.
Liste des maires successifs à la Mairie de Rocamadour pour la période concernée:
mars 1971 | 2001 | André Jallet | |
mars 2001 | 2008 | Annick Leymarie | |
mars 2008 | 2014 | Pascal Jallet | Mandat reconduit en mars 2014 |
Rocamadour pare aux chutes de pierres » est un article de Pascal Graindorge paru dans le magazine industriel
« BTP n°235 - décembre / janvier 2010 pp.58-60 ». Sébastien Jourdant, directeur de l’agence
Hydrokarst sud-ouest située à Villefranche de Lauragais donnait quelques éléments sur l’intervention
de son équipe sur la falaise.
© BTP Magazine n°235 - 2010. Photo parue dans l’article «Rocamadour pare aux chutes de pierres» p.59
Dans l’encadré en bas et à gauche de la photo, on peut lire :
« En bas de la falaise, les compagnons percent la roche.... Leur posture corporelle difficile ne facilite pas la maîtrise du
marteau perforateur pneumatique. Plusieurs trous longs de 4 m au programme.. »
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L’article disponible en ligne au format pdf jusqu’à ma dernière consultation le 4 octobre 2013 a brusquement
disparu du Web comme l’entreprise intervenante. C’était peu de temps après avoir pris contact avec
l’entreprise pour obtenir des informations sur leur intervention ( 7) en mentionnant cet
article.
Rocamadour
face à ses engagements
La Mairie de Rocamadour ( 8) et le Syndicat Mixte du Grand Site de Rocamadour
( 9) sont depuis le 9 mars 2012 informés de la présence de bas-reliefs antiques
sculptés sur la falaise de Rocamadour. Ils ne peuvent plus se cacher derrière le faux prétexte de
"sécurisation de la falaise" pour continuer à faire disparaître ces précieux témoins du
passé qui finissent dans les décharges pour servir de remblais.
La poursuite des purges de la falaise en aveugle ( 10), avec des moyens techniques de plus en plus
ravageurs (perforation et coloration des ciments de remplacement de la roche), conduit les responsables de la région à renier
leurs engagements envers l’Unesco concernant la sauvegarde du patrimoine de l’humanité et à enfreindre les
lois relatives au patrimoine archéologique.
Unesco
« La dégradation ou la disparition d’un bien du patrimoine culturel et naturel constitue un appauvrissement
néfaste du patrimoine de tous les peuples du monde ».
Unesco
http://whc.unesco.org/fr/conventiontexte/
Service Régional de l’Archéologie (SRA)
Archéologie préventive
« L’archéologie préventive consiste à détecter et à sauvegarder les
éléments du patrimoine archéologique affectés ou susceptibles d’être affectés et
détruits par les travaux d’aménagements publics ou privés ».
Drac Midi-Pyrénées
http://www.culturecommunication.gouv.fr/Regions/Drac-Midi-Pyrenees/Disciplines-et-secteurs/Archeologie
Institut National de Recherches Archéologiques Préventives (Inrap)
« ...la loi sur l’archéologie préventive du 17 janvier 2001 prévoit l’intervention des
archéologues en préalable au chantier d’aménagement, pour effectuer un « diagnostic »
et, si nécessaire, une fouille.
L’aménagement du territoire ne se fait donc plus au détriment des vestiges du passé, mais permet, au
contraire, leur étude approfondie. »
Inrap
http://www.inrap.fr/archeologie-preventive/Definition/p-294-Sauver-les-archives-du-sol.htm
Lois en matière d’Archéologie
Code pénal - Article 322-3-1
Loi nº2008-696 du 15 juillet 2008 - art. 34
« La destruction, la dégradation ou la détérioration d’une découverte archéologique
est punie de sept à dix ans d’emprisonnement et de 100 000 € à 150 000 € d’amende lorsqu’elle est commise par
plusieurs personnes agissant en qualité d'auteur ou de complice... »
Culture.gouv http://www.culture.gouv.fr
Legifrance http://www.legifrance.gouv.fr
Senat http://www.senat.fr
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Un manque de Transparence
Des travaux de construction et de restauration
en 2015, défiant toutes les règles à Rocamadour.
Rocamadour - Porte Basse en 2014 © Charly Senet
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Rocamadour - Porte Basse en 2015 © Charly Senet
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La mairie et le Syndicat Mixte du Grand Site de Rocamadour font tellement preuve de transparence, que toutes les informations qui devraient
figurer sur ce panneau d’affichage sont « invisibles », contrairement à la publicité de
l’entreprise qui a remporté le marché qui elle, se lit, très lisiblement.
Rocamadour - Panneau d’affichage au seuil de la Porte Basse © Charly Senet 2015
Voilà un véritable défi lancé par la Mairie de Rocamadour à toutes les règles du code de
l’urbanisme et de l’environnement sur un site classé aux « Monuments Historiques.
Reste à savoir quel est le rôle des Bâtiments de France à Rocamadour ?
Article A424-18 du Code de l’urbanisme
« Le panneau d’affichage doit être installé de telle sorte que les renseignements qu’il
contient demeurent lisibles de la voie publique ou des espaces ouverts au public pendant toute la durée du chantier.
(Régime applicable aux constructions, aménagements et démolitions Livre IV, Chapitre IV, Section 3).
»
Article L341-10 du Code de l’environnement
« Les monuments naturels ou les sites classés ne peuvent ni être détruits ni être modifiés
dans leur état ou leur aspect sauf autorisation spéciale. »
Nouvelle provocation
ou inconscience collective ?
Une nouvelle agression de la falaise annonçant un nouveau prétexte pour mieux la purger ensuite. Curieusement, on ne trouve
pas d’article dans « La Dépêche du Midi » pour glorifier
l’évènement, mais, se le réserve-t-on peut-être pour l’inauguration qui sera
sans doute célébrée en grandes pompes ?
« Ne rien voir, ne rien entendre, ne rien dire », telle est la devise de Rocamadour concernant les
mauvais traitements infligés à la falaise. Qui est dangereux ici à Rocamadour, la falaise ou l’homme ?
Au seuil de la Porte Basse à Rocamadour - © Charly Senet 2015
Le grillage de protection contre les éboulements n’est qu’un juste retour des agissements inconsidérés
des hommes du passé. Mais l’homme du présent a-t-il perdu la raison ?
Dans ces vestiges archéologiques de la falaise, il reste cependant une splendide sculpture. Quel avenir les prétendus
défenseurs du patrimoine archéologique à Rocamadour lui réservent-ils ?
Charly SENET
Notes et bibliographie
( 1) Les conclusions du rapport d’enquête transmis le 13 juin 2013 par Monsieur
Edmond LEFRANÇOIS désigné en qualité de commissaire enquêteur par le Tribunal Administratif de Toulouse,
s’appuient d’une part sur des expertises techniques transmises par les différents responsables de la DDT (Direction
départementale des territoires) regroupant divers services et d’autre part sur les observations et les doléances des
habitants de Rocamadour qui souhaitaient s’exprimer.
Monsieur Edmond LEFRANÇOIS a rencontré M. JALLET Maire de la commune le 18 mars lors de la première permanence pour
faire le point sur le déroulement de l’enquête qui s’est tenue entre le 18 mars et le 20 avril 2013 et à la fin
de l’enquête, il a adressé à Monsieur le Maire le procès-verbal des observations.
D’après le contenu du rapport d’enquête et les informations dont je dispose, Monsieur Pascal JALLET, Maire de
Rocamadour n’a jamais fait mention au commissaire enquêteur de la présence de ces précieux témoins
archéologiques sculptés sur la falaise de Rocamadour. De la même manière que Monsieur le Maire de Rocamadour
s’est abstenu de faire ajouter à la page 3 du rapport d’enquête : « la purge de la falaise avec 110
tonnes de rocher enlevées » entre novembre 2009 et mars 2010 selon La Dépêche du Midi et 300
tonnes selon les amis de rocamadour.
Le rapport d’enquête est disponible en format pdf sur
http://www.lot.gouv.fr/IMG/pdf/rapport_Rocamadour_1.pdf.
Si le lien ne fonctionne pas, essayez http://www.lot.gouv.fr
Les services de l’État dans le Lot, rubrique "Risques et environnement" Plan de Prévention des Risques (PPR) sur la commune de Rocamadour.
( 2) Commune de Rocamadour (Lot) Mise en sécurité des falaises en
2005 (préventif) est une référence du CETE (Centre d’Étude Technique de
l’Équipement) du Sud-Ouest qui intervient en assistance technique auprès des maîtres d’ouvrage et
d’œuvre pour toutes prestations visant à sécuriser les falaises et les talus rocheux.
Le document du Centre d’Étude Technique de l’Équipement du sud-ouest édité en Janvier 2008 est disponible en format pdf sur :
http://www.cete-sud-ouest.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/falaise_et_talus_rocheux_cle5a13ec.pdf.
( 3) L’entreprise Hydrokarst basée à Villefranche de Lauragais (31)
qui a obtenu le marché pour réaliser les purges de la falaise à Rocamadour entre novembre 2009 et mars 2010 semble
avoir changé de raison sociale et/ou d’activité en août 2013. L’équipe d’intervention sur la
falaise de Rocamadour était une filiale de la société Hydrokarst basée à 38360 Sassenage.
Protection contre la chute des pierres.
Parmi ses nombreuses références entre 2002 et 2010, la société Hydrokarst considère Rocamadour
comme un de ses chantiers phares:
« 2009 - Site de Rocamadour Travaux de protection contre les chutes de blocs par reprofilage rocheux et
mise en place d’ancrages de confortement et d’écrans pare blocs. ».
La brochure est disponible en format pdf sur :
http://www.hydrokarst.fr/wp-content/uploads/2012/08/16.-Brochure-pare-pierres.pdf.
( 4) L’enquête publique relative à l’élaboration du PPR
(Plan de Prévention des Risques naturels) réalisée en avril 2013 sur le territoire de la commune de Rocamadour, fait suite
à un arrêté préfectoral du 26 janvier 2007, modifié par l’arrêté préfectoral du
8 avril 2009 relatif à la prescription du Plan de Prévention des Risques naturels prévisibles sur le territoire de la commune
de Rocamadour.
( 5) L’article "Rocamadour s’embrase mercredi 13 juillet"
paru dans La Dépêche du Midi le 13 juillet 2011 est disponible à l’adresse suivante :
http://www.ladepeche.fr/article/2011/07/12/1126256-rocamadour-s-embrase-mercredi-13-juillet.html
( 6) L’association « les amis de Rocamadour » a
été fondée en 1971 par Monsieur André Jallet, maire de la commune entre 1971 et 2001. Monsieur Pascal Jallet,
maire de la commune de Rocamadour depuis 2008 en est aujourd’hui le président (dernière consultation le 26/11/14).
http://amisderocamadour.com/.
L’article « les falaises » : http://amisderocamadour.com/patrimoine/.
( 7) J’avais contacté l’entreprise Hydrokarst le 5 octobre 2013 pour
obtenir le cahier des charges qui leur avait été remis pour intervenir sur la falaise. Le 7 octobre, Mr Michel Vullermet, responsable
commercial de la socié Hydrokarst m’avait gentiment demandé de me rapprocher de la mairie qui comme à son
habitude ne m’a pas répondu.
( 8) La mairie de Rocamadour ne répondant pas à mon courrier du 7 octobre
2013 à propos des conditions d’intervention des cordistes sur la falaise, j’ai contacté le 16 octobre 2013 Madame
Céline Malignon, directrice du Syndicat Mixte du Grand Site de Rocamadour.
( 9) Le Syndicat Mixte du Grand Site de Rocamadour regroupe la commune de Rocamadour, le
conseil général du Département du Lot et le conseil régional de la région Midi-Pyrénées.
Il a été créé officiellement le jeudi 22 février 2007, et son siège est situé à la
mairie de Rocamadour.
( 10) Le 17 octobre 2013 je recevais plusieurs documents confirmant mes inquiétudes,
à savoir que : aucun des vestiges archéologiques présents sur la falaise, « y compris les plus
visibles », n’étaient signalés sur leurs documents de travail.
Le 22 octobre 2013, après lecture des documents, j’avais écrit à Madame Céline Malignon, directrice du
Syndicat Mixte du Grand Site de Rocamadour pour lui exprimer mes inquiétudes et lui signaler que je ne pourrais pas laisser la
région du Lot continuer à massacrer ces derniers vestiges archéologiques sans réagir ni tenter de les
protéger de l’ignorance. On ne peut pas sous prétexte de ne pas comprendre le message d’un artiste,
détruire sa peinture où sa sculpture.
Le 22 novembre 2013, la réponse de Madame Céline Malignon ne faisait qu’augmenter mes craintes. Elle semblait
déterminée à poursuivre les mêmes erreurs que son président Monsieur Pascal Jallet.
Je n’avais eu pour seule réponse: « Le Syndicat Mixte du Grand Site de Rocamadour, « soucieux de
la préservation et de la mise en valeur du patrimoine de Rocamadour ! » a prévu au début de
l’année 2014 d’engager une étude de surveillance de la falaise et des dispositifs de sécurité mis
en place dans le cadre des travaux de sécurisation. Ce diagnostic ne sera pas destructif et il permettra d’identifier
les secteurs sur lesquels il sera nécessaire de prévoir des travaux de sécurisation.
À aucun moment, ma proposition de faire intervenir un(e) spécialiste pour examiner la falaise avant de penser à faire une
nouvelle intervention de sécurisation n’a été évoquée.
La mairie faisait déjà circuler l’information qu’elle avait mis en ligne sur son site sous forme de fichier
intitulé :
« Lettre d’information du Grand Site - TRAVAUX DE L’HIVER 2013-2014 »
reprenant quasiment les mêmes termes au sujet de la falaise.
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